Nous sommes tous des Burkinabè et nous sommes en crise, mais il y en a qui sont prêts à donner de fausses informations juste pour le plaisir de semer le trouble ; pour la joie indicible de voir la troupe capituler ; pour le désir ardent de voir le pays tomber, ce pays qui nous appartient à tous. Il y a ceux dont le quotidien se résume à arpenter les réseaux sociaux pour y secréter la bile de la haine et engranger des piles de liasses de l'aubaine. Chaque jour, des commentaires suicidaires font le chou gras de la toile ; des propos désobligeants suscitent le courroux de ceux qui se sentent morveux ; des analyses aux critiques les plus acerbes, même celles qui prétendent construire ne manquent pas de zèle pour blesser ceux à qui elles sont destinées.
Non, on ne peut pas être toujours contre, on ne peut pas être toujours pour. On ne peut pas trouver réponse à tout ; il n'y a pas que l'autre qui a toujours tort. Chacun de nous porte dans l'oeil sa part de brindille, sa poutre ! Quand vous passez le temps à invectiver et condamner sans proposer en toute bonne foi, vous finissez par être prisonnier de vos propres prises de position. Il ne faut pas verser dans la démesure en rejetant en bloc tout ce qui vient de la Transition. Sur les réseaux sociaux, la vérité se multiplie toujours par le nombre des membres ; chacun a sa vérité et tente de l'imposer aux autres parfois conformément aux missions à lui confiées ; derrière chaque publication, il y une intention parfois non dite. Mais qu'est-ce que vous voulez, la démocratie, c'est ce « cri de la populace » au nom d'une liberté qu'elle ne mérite même pas. Du tic au tac, un Tik-tok peut servir ou desservir, mais on s'en fout, l'essentiel se trouve parfois plus dans la tronche hideuse qui rebute que dans le message qui passe.
Ce n'est pas en criant fort que résonne la vérité ! Quand je regarde le Faso qui tangue, pendant qu'on pédale pour sortir du gouffre et j'écoute ou lis toutes ces énormités en transe qui tancent et fusent de partout, je me demande bien pour quel idéal commun nous battons tant dans la violence. Pendant que le soldat engagé met en jeu sa maigre espérance de vie sur le champ de bataille, en ville, l'espace public a fait de certains des « bambins gâtés » de la démocratie. Mais même la liberté a des limites que seul le bon sens peut tracer. Y a-t-il une différence entre les lettres du mal du clavier apprivoisés qui tapent sa rancune avec des erreurs de frappe et le bandit armé qui place une mine sur la trajectoire de la caravane qui passe ? En quoi, celui qui secrète et distille la rumeur et la désinformation est-il différent du jeteur de tract qui menace de mort ? Qu'est-ce qu'un érudit qui sait tout et dit tout avec dégout sans savoir que lui-même ne vaut pas dix ? Bref, la terreur se trouve dans la voix de l'éloquent critique sans concession qui peint tout en noir sans laisser une trace d'espoir au bas de son funeste tableau.
La terreur, c'est cet activisme catégorique qui déconstruit tout sans proposer le plus petit des plans qui édifie. Finalement, la terreur, c'est toutes ces agitations opportunistes qui gravitent autour de la Transition ou contre la Transition pour empocher les dividendes induites ou pour vider des émois inassouvis. De la même manière qu'il y a des bases terroristes au Nord ou à l'Est, dans nos villes fortifiées de l'incurie gitent des cellules dormantes de laudateurs trouble-fêtes, invocateurs du pire pour le meilleur. Les pensées lugubres et les propos malsains sont des poisons pour la survie de la nation, mais c'est à ce prix que certains ont fait de leur aigreur un business rentable, un passetemps malfaisant. La terreur, c'est aussi ce silence assourdissant de l'indifférence de tous ces désabusés qui crient leur neutralité coupable dans le cocon des irréprochables. Notre crise sécuritaire fait des heureux gagnants chaque jour et même si cela peut paraître cynique, beaucoup n'ont pas intérêt à ce qu'elle soit vite résolue. Il suffit juste de pousser un peu plus la réflexion pour se rendre compte que l'économie de la guerre se porte bien et les opérateurs qui l'animent rivalisent parfois de bienveillance et de bonté avec les anges. Mais comme dirait le sage : « celui qui se couche sur le dos pour cracher reçoit son crachat sur la poitrine ». Arrêtons de nous battre sous la pluie !