A l'aube de la décennie 90 et dans son discours de la Baule, le Président François Mitterrand avait intimé aux Africains d'adopter les principes de la démocratie gréco-romaine comme mode de dévolution du pouvoir en Afrique. Une fatwa du grand maître gaulois qui avait cependant été contestée par un autre gaulois bon teint, Jacques Chirac en l'occurrence qui avait affirmé urbi et orbi que la démocratie était «un luxe» pour l'Afrique.
Connaissant mieux le marigot politique africain, le gaulliste savait, contrairement au socialiste Mitterrand que les relations incestueuses entre les politiques français et africains empêchaient la mise en oeuvre d'une démocratie véritable en Afrique francophone, d'autant plus que le niveau de conscience politique laissait à désirer dans nombre d'entre eux.
Qui plus est, avec une infrastructure faible, les contestations et leur corollaire, les coups d'Etat ne pouvaient disparaître par enchantement. D'autant que et comme le subodorait Chirac, les élites africaines du troisième millénaire étaient devenues plus voraces que leurs devancières, avec l'accroissement des recettes budgétaires, consécutivement à la vente effrénée de nos matières premières, sans aucune perspective d'industrialisation.
Au lieu de régimes démocratiques, ce sont des ploutocraties qui se sont installées avec comme sport favori, la course à l'argent roi, au détriment des peuples croupissant dans une misère crasse. Dialectiquement donc, les coups d'Etat ne pouvaient que resurgir sur le continent. C'est dire donc avec Joseph Ki Zerbo que «la paupérisation et la faim ont une incidence sur le cerveau, donc sur la personnalité et sur l'identité. »
Et, pour sortir de cette spirale négative, il préconise de «donner la priorité à l'option du développement endogène, à la production vivrière, au marché intérieur et au marché africain sous régional intégré, à la recherche, au traitement équitable de l'économie populaire, et singulièrement aux femmes paysannes et à leurs droits réels.»
Plus que la démocratie, c'est l'option politique réfléchie qui sera la panacée pour nos Etats. En attendant, les ploutocrates africains et les roitelets qui peuplent les palais présidentiels passent un mauvais quart d'heure, qui n'est pas près de passer, car, partout où il y a oppression, il y a résistance et lutte. Nous vivons le temps des révolutions.