La Grande Île se dirige vers l'élection présidentielle, avec un premier tour prévu le 9 novembre 2023. Jeudi 27 juillet, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a organisé une troisième réunion avec les partis politiques, les organisations de la société civile, des membres du gouvernement, des chefs d'institutions et des représentants de la communauté internationale. Objectif : aller vers des élections apaisées. Comme lors des précédentes rencontres, une partie de l'opposition malgache a boycotté cette réunion.
Le parti Tiako I Madagasikara (TIM, J'aime Madagascar) de l'ancien président Marc Ravalomanana, lui, était présent à cette rencontre. Ce parti d'opposition a déploré, entre autres, des entraves à la liberté de rassemblement des partis politiques. En mars, les autorités ont interdit les manifestations à caractère politique dans les lieux publics. Celles-ci doivent se tenir dans un lieu clos. Dans l'assistance, le ministre de l'Intérieur, Justin Tokely, a tenu à justifier cette mesure :
« Le ministère et le gouvernement ont donné des autorisations à tous les partis qui souhaitaient se rassembler, mais on a pris des mesures pour qu'il n'y ait pas de troubles avant l'élection et pour mettre en place un environnement propice à la préparation de l'élection. À Madagascar, il y a plus de 200 partis politiques. Imaginez si ces plus de 200 partis font en même temps des manifestations politiques tous les jours dans la rue ou dans des endroits où les gens travaillent (...). La propagande électorale va arriver. Vous serez libre, selon la loi organique relative aux élections, de faire toutes les manifestations que vous souhaitez, avec des artistes ou autres. Personne ne va empêcher cela. Mais avant la période de propagande électorale, il faut mettre en place des mesures pour prendre en compte le quotidien de la population. »
La contribution de la communauté internationale au budget de l'élection a aussi été au coeur des discussions. Ledit budget n'est toujours pas bouclé. Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) cible un fonds commun, ou « basket fund », d'environ 13,5 millions de dollars pour les trois échéances électorales à venir. « Le montant que nous ciblons est pour les opérations de la présidentielle, des législatives et des municipales », précise Natacha van Rijn, représentante du Système des Nations unies à Madagascar.
Pour l'heure, seuls 2 millions d'euros ont été annoncés par la France, l'Allemagne et l'Union européenne. « Ce sont les premières contributions et nous attendons encore d'autres partenaires qui vont se prononcer », poursuit la représentante du PNUD dans la Grande Île.
« Tous les efforts seront faits pour la mobilisation des ressources, mais la responsabilité des élections, les appuis à la Céni, reviennent en premier lieu au gouvernement qui a décidé que les élections auront lieu. Donc, nous serons en contact avec le gouvernement pour voir si, chemin faisant, le "basket fund" a des problèmes. Mais il ne faut pas qu'on attende que le "basket fund" ait des problèmes pour constater que les élections ne pourront pas avoir lieu parce qu'il n'y a pas financement », a indiqué Issa Sanogo, le coordonnateur des Nations unies à Madagascar, répondant à une question portant sur l'éventualité d'une insuffisance de fonds pour organiser l'élection.
Le gouvernement malgache a octroyé un peu plus de 8 millions d'euros à la Céni dans la loi de finances. Celle-ci estime avoir besoin du double. « Il y a un appel qui a été fait par le coordonnateur du système des Nations unies tout à l'heure. Moi-même, j'ai fait un appel solennel pour renflouer ce "basket fund". Je ne suis pas pessimiste », a fait savoir le président de la Céni, Dama Arsène Andrianarisedo.