Tunisie: Guerre de communiqués FTF-EST - Inutile !

28 Juillet 2023

C'est la sortie médiatique de trop pour le président de la fédération qui a braqué de nouveau les feux sur lui.

La traversée de désert a été longue pour Wadie Jary, obligé de faire profil bas durant des mois, loin des regards, des micros et des caméras dans une impitoyable et insupportable attente que la tempête passe. D'où son impatience à profiter de la première occasion propice pour effectuer un retour tonitruant et «triomphateur» dans un paysage sportif et montrer qu'il est toujours l'incontournable homme fort du football tunisien. Le fait que de grands clubs comme l'Etoile, le Club Africain, le Club Sportif Sfaxien auxquels s'est ajouté l'Olympique de Béja, ont tapé à sa porte pour solliciter son aide en vue de régler leurs litiges locaux en instance pour obtenir le feu vert de participer à la Ligue des champions et à la Coupe de la CAF, était, pour lui, la bonne perche à ne pas rater pour rebondir.

Et il faut dire qu'il l'a bien saisie, faisant habilement durer le suspense et intervenant à la dernière minute pour apparaître en grand sauveur. Sa première intervention a été de reporter la première date butoir de régularisation du 15 juillet pour quelques jours de grâce supplémentaire. La deuxième a été d'être l'arbitre écouté et le meilleur garant auprès des joueurs et de leurs avocats et agents pour mettre ces accords noir sur blanc et les envoyer à la CAF, le jour de l'expiration du dernier délai, quelques minutes avant minuit.

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Un scénario bien ficelé et cousu de main de maître pour porter ses effets médiatiques.escomptés. Les éloges flatteurs et les expressions de reconnaissance lui sont venus de l'Etoile, du Club Africain et de l'OB pour ce grand coup de main financier au moment opportun et crucial. Le président de la Fédération s'est servi de sa page Facebook pour faire à son tour l'éloge de lui-même.

Le revers de la médaille

Mais cette sortie médiatique de Wadie Jary n'a pas été très habile cette fois. Il aurait dû l'éviter car, revers de la médaille, elle a eu l'effet inverse avec l'entrée inattendue sur scène et le coup de gueule de l'Espérance qui n'a pas du tout apprécié que la somme de 3,5 milliards, qui lui a été avancée, (contre 6,5 milliards à l'ESS, 3,5 milliards au CA et 1 milliard à l'OB), a été médiatisée comme une aide et un geste de bonne volonté, alors qu'elle est un droit et englobe ses revenus de la Ligue des champions (0,9 million de dollars) et sa part de la Fifa pour la participation de ses joueurs internationaux à la Coupe du monde Qatar 2022. Les phrases de trop dans le communiqué cette fois officiel de la Fédération, en réponse au premier communiqué de protestation de l'Espérance, ont mis de l'huile sur le feu.

En précisant que «La Fédération n'était pas obligée d'accorder aux clubs demandeurs de ces crédits et de garantir le paiement des montants dus aux joueurs pour clore définitivement les dossiers de litiges», le ton a été perçu comme provocateur. Mise dans le même sac des clubs endettés jusqu'au cou et dépendant d'un grand coup de pouce du Bureau fédéral pour obtenir aide et secours en période de crise profonde, l'administration des «Sang et Or» n'a pas mâché ses mots pour mettre les points sur les «i» et expliquer qu'elle n'a exigé que ses droits légitimes avec comme garantie solide ses revenus de la Fifa et de la CAF qui devaient passer par la trésorerie de la Fédération avant qu'ils ne lui soient transmis et qui sont de très loin supérieurs aux 3,5 milliards avancés. Ce qui n'est pas le cas d'autres clubs qui ont pu bénéficier d'avances plus importantes à prélever sur des rentrées d'argents virtuelles et futures.

Quand on aide un club qui n'a pas un bilan financier équilibré à lever l'interdiction de recrutement au dessus de ses moyens budgétaires, on va contre la politique de dégraissage des dépenses et les textes faits pour sanctionner les abus de mauvaise gestion. Le fait d'annoncer, dans le même communiqué du bureau fédéral, la prise d'une série d'autres mesures plus rigoureuses de contrôle des dépenses, n'est que de la poudre aux yeux qui ne trompe personne. Wadie Jary a, certes, marqué des points en sauvant la participation de nos clubs dans les compétitions africaines. Mais sa façon de communiquer a été le geste de trop, car elle a été perçue comme une démonstration de force pour prouver que le football tunisien a encore besoin de rester sous sa tutelle.

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