À deux mois du début de la campagne électorale du premier tour de l'élection présidentielle, Transparency International interpelle les futurs candidats sur la lutte contre la corruption. Santé, éducation, justice ou encore environnement sont autant de thèmes sans que des mesures concrètes pour mettre un terme à la corruption qui les gangrène ne soient au centre des programmes. Vendredi 28 juillet, la branche malgache de Transparency International a présenté un guide sur cette lutte.
Fuite de sujets au bac, corruption sexuelle en milieu scolaire et universitaire, trafiquants de bois précieux opérant dans l'impunité... Les affaires de corruption, petites ou grandes, font partie du quotidien des Malgaches. Pour Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Transparency International-Initiative Madagascar, la lutte contre ce fléau doit dépasser la simple déclaration d'intention des futurs candidats à la présidentielle :
« La corruption est à la racine de tous les maux que ce pays connaît, quel que soit le secteur. On parle aussi de pêche, d'agriculture. C'est partout. D'où cette nécessité d'inclure la lutte contre la corruption dans chaque programme de société. Ça ne peut pas être juste un discours où l'on dit que c'est une priorité nationale. Mais après, nous avons bien vu que le budget alloué à cette lutte contre la corruption est de 0,14% du budget général de l'État. C'est quand même honteux. Il faut se l'avouer. »
Alors que les deux dernières campagnes présidentielles ont affiché une débauche de moyens des candidats arrivés en tête, cette lutte contre la corruption commence aussi par la transparence des fonds de campagne et l'auto-discipline des futurs candidats, en l'absence de loi plafonnant les dépenses, explique Mialisoa Randriamampianina, en charge du projet sur l'intégrité politique de Transparency International et rédactrice en chef du réseau Malina :
« Si ce processus n'est pas clair, si ces fonds de campagne ne sont pas clairs par leur origine et par l'affectation des dépenses, alors c'est toute l'élection qui est biaisée. Si le jeu n'est pas respecté, sommes-nous encore dans une démocratie ? D'autant plus que les électeurs qui sont conviés à voter sont majoritairement des personnes qui vivent dans la précarité. D'un côté, on déverse des millions, de l'autre, l'électeur est très pauvre. Donc, il faut avoir une réflexion citoyenne par rapport à cela. »
67% des électeurs malgaches souhaitent connaître les sponsors des politiciens, selon une étude de Transparency International. « Il faut plafonner absolument les dépenses de campagne si on veut créer une égalité des chances entre les candidats, et il faut exiger la transparence absolue des sources de financement. Parce que sinon, les uns auront encore la possibilité de distribuer des tonnes d'argent pour acheter la voix des électeurs, de soudoyer qui ils veulent pour gagner les élections. Donc ça, il faut y mettre un terme. Il n'est pas trop tard pour retoucher les lois électorales », ajoute la directrice exécutive de Transparency International-Initiative Madagascar