Madagascar: Un refuge pour les vieux colons français sans famille

Après l'ouverture des cours à l'École d'infirmières-visiteuses installées à Antananarivo, le gouverneur général Yves-Léon Cayla inaugure à Antsirabe la Maison de retraite du colon, le 10 février 1934. Édifié sur un vaste terrain, à l'entrée de la coquette station thermale, l'établissement est composé d'un bâtiment central réservé aux services généraux et de deux grands pavillons.

Le tout formant un ensemble des plus agréables. Avec ses chambres spacieuses, ses salles de bain, son salon de lecture, sa salle à manger claire et gaie, la Maison du colon de la ville d'Eaux offre bien plus l'impression d'un hôtel colonial moderne que celle d'un « asile pour vieillards ». « Ce qui ajoute encore à son charme, c'est le cadre unique qui l'entoure et ses parterres de verdure et de fleurs », présente Allain, président de la Caisse d'assistance aux colons. D'après ce dernier, l'oeuvre n'aurait pu être menée à bien sans le concours bienveillant qu'il a trouvé auprès de l'administration locale.

Le groupement des colons, fondé en 1923, n'a au départ qu'un simple objet, celui d'assurer à ses membres actifs et à leurs familles des secours en cas de maladie, de blessure, ou d'infirmité. Il doit aussi aider les colons français peu fortunés, membres de l'Association, à rentrer dans leur pays d'origine pour se reposer ou recevoir les soins nécessités par leur état de santé. Jusqu'en 1930, la Caisse peut fonctionner dans le cadre de son statut.

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Elle peut non seulement faire face aux dépenses, mais surtout constituer une petite réserve. Mais, à partir de cette année-là et en raison de nombreuses demandes de rapatriement, les membres doivent envisager une modification complète de leur règlement. Sinon, « nous aurions eu rapidement épuisé nos réserves au bénéfice de certains, alors que d'autres déshérités du sort, n'ayant plus de famille en France, se seraient trouvés complétement abandonnés à la Colonie ».

C'est donc la raison d'être de la Maison de retraite du colon qui permet à ceux pour lesquels les circonstances ne sont pas toujours favorables, de trouver un refuge qui les met à l'abri du besoin. Le gouverneur général Yves-Léon Cayla tient à féliciter vivement les fondateurs de l'établissement pour avoir mené à bien leur « belle oeuvre ». « Cette famille des colons dont vous avez si heureusement resserré les liens, a dans la famille administrative des alliés, dont le soutien et la sympathie lui sont entièrement acquis », assure-t-il au cours de la visite inaugurale de la Maison de retraite du colon.

Cette aide administrative se traduit par le développement des actions de l'Association, dont certaines sont gérées par les bureaux d'assistance sociale ou par les municipalités, explique-t-il dans son allocution. « Vous aurez ainsi la légitime satisfaction de voir s'étendre l'oeuvre d'entraide dont vous avez été les bons ouvriers de la première heure. » Si la Maison « accueillante et hospitalière » est gérée par la Caisse d'assistance aux colons, les Soeurs franciscaines y apportent « le rayonnement de leur dévouement et de leur bonté inépuisables ». Et comme il se doit, le gouverneur de la Colonie souhaite « le plein dévouement de nos institutions d'assistance sociale ».

Pourtant, il faut des fonds à l'Administration afin qu'elle puisse investir dans ce genre d'action et dans les grands travaux. C'est pourquoi le gouverneur général Cayla prend une série d'arrêtés qui tendront à réduire l'effectif des cadres de divers services. Déjà en 1931 et en 1932, il parait possible de supprimer plus de sept cents emplois, dont vingt occupés par des fonctionnaires européens ou assimilés.

Et ce, en adaptant les effectifs à la nouvelle organisation administrative de la Grande ile. Les nouveaux arrêtés qui font suite aux décrets-lois, portent le total des emplois supprimés depuis le début de la crise à mille sept cents, dont plus de six cents pour les Européens. « Ces compressions, réalisées suivant un plan d'ensemble, permettent à la Colonie, sans compromettre la bonne marche des services, de continuer l'exécution de ses grands travaux, à une cadence normale. »

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