Ile Maurice: Sans identité - Mohammad Sehzad Emamally, citoyen fantôme

Il a 35 ans aujourd'hui et ne comprend toujours pas comment il ne peut obtenir ni acte de naissance ni carte d'identité. Pourtant, Mohammad Sehzad Emamally explique qu'il n'a pas eu de problème avant 2014. Sa vie a basculé lorsqu'il a voulu refaire sa carte d'identité. Commence alors pour lui un parcours du combattant...

Sa vie n'a pas été un fleuve tranquille. À sa naissance, Mohammad Sehzad Emamally est abandonné par ses parents biologiques et c'est sa grand-mère qui l'élève dans des conditions modestes. Originaire de Vallée-Pitot, le jeune homme explique qu'il n'a pas eu de gros soucis durant son parcours jusqu'en 2014 quand il décide de refaire sa carte d'identité. Lorsqu'il se rend à l'État civil à Port-Louis, il dit avoir eu le choc de sa vie. «Les fonctionnaires m'ont dit que je n'étais pas la personne dont la photo apparaissait sur leur système. Je ne comprenais pas. Ils m'ont mal mené ce jour-là et m'ont m'expliqué que je commettais un délit et que je pouvais être poursuivi pour usurpation d'identité.»

Mohammad Sehzad Emamally déclare leur avoir alors montré sa vieille carte d'identité et à partir de là, il a dû recommencer toutes les démarches, notamment aller se procurer un nouvel acte de naissance auprès de l'État civil. «J'ai pu obtenir un nouvel acte de naissance mais je n'ai pu refaire ma carte d'identité. Je me suis alors rendu au poste de police pour signaler cette affaire. Entre-temps, l'État civil s'est aussi saisi du dossier et j'ai appris que nous étions deux personnes à avoir le même acte de naissance et que les noms des parents, qui figuraient sur mon acte de naissance n'étaient pas ceux de mes parents biologiques mais ceux de cette deuxième personne.» Il a essayé d'entrer en contact avec l'autre personne mais celle-ci n'a rien voulu entendre.

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Mohammad Sehzad Emamally explique que c'est à partir de là qu'a débuté son calvaire. «J'ai dû faire le va-et-vient entre l'État civil et le tribunal pendant près de cinq ans et aujourd'hui encore, il n'y a pas eu de dénouement pour moi. J'ai presque tout perdu pendant ce temps et à un moment donné, je me suis même retrouvé à la rue.» En ce moment, explique Mohammad Sehzad Emamally, un ami l'héberge dans les environs de Plaine-Verte.

Il explique qu'il n'a jamais connu sa mère et que son père a passé la plupart de son temps en prison avant de mourir en 2011. En 2014, lorsque ce problème d'identité a surgi, il n'a pu obtenir de réponses à ses nombreuses interrogations car sa grand-mère n'est alors plus de ce monde. «Je n'ai pas fait long feu à l'école. Comment aurais-je pu savoir que ce n'était pas le nom de mon père qui figurait sur cet acte de naissance ? Et comment saurais-je un jour ce qui s'est réellement passé et qui a vraiment faut pour que je me retrouve aujourd'hui dans une telle situation ? »

Cette semaine, dans une énième tentative de chercher de l'aide et de mettre fin, une fois pour toutes, à ce stress permanent, l'habitant de Plaine-Verte a frappé à la porte du député du Parti travailliste, Osman Mahomed. Pour rappel, ce député avait, en juillet 2022, adressé une question au Premier ministre Pravind Jugnauth, sur les cartes d'identités en circulation, qui avaient été utilisées pour commettre des fraudes et un cas avait même été rapporté au poste de police de Pope Hennessy. Le Premier ministre avait alors indiqué que la police enquêtera sur le sujet et qu'il demandera au commissaire de police que l'enquête porte sur tous les aspects dans ce cas précis.

Revenons à l'affaire Emamally. Dans une lettre expédiée en 2015, qui lui a été adressée par l'État civil, il est question de «tardy declaration of birth» et qu'il utilise depuis toujours l'acte de naissance officielle d'un habitant de Phoenix. Mohammad Sehzad Emamally dit aussi avoir appris, au cours de ces dernières années, que son «père» n'a jamais déclaré d'enfant. «Je ne sais plus quoi faire...»

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