Au Niger, le général Tchiani s'est présenté, vendredi 28 juillet, comme le nouvel homme fort du pays. L'ancien chef de la garde présidentielle a revendiqué la présidence du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNPS). Abdourahamane Tchiani a justifié ce coup d'État par la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays mais, face à cette prise de pouvoir par la force, la communauté internationale riposte. Joint par RFI, Oumar Moussa, directeur adjoint du cabinet du président Mohamed Bazoum, indique que rien n'est joué.
RFI : Comment se porte Mohamed Bazoum ?
Oumar Moussa : Le président de la République Mohamed Bazoum est toujours séquestré par les putschistes au sein du palais présidentiel. Il va bien. Il est en bonne santé.
Le général Tchiani s'est présenté hier comme le nouvel homme fort du pays. Est-ce la réalité, selon vous ?
La réalité, c'est plutôt quand on détient le pouvoir de façon légale et légitime et, pour moi, ce n'est pas le cas. J'ai cru comprendre qu'il y a toujours des négociations en cours pour leur permettre d'avoir une sortie qui peut les intéresser par rapport à cette situation, puisque c'est le président Bazoum qui est le garant de l'ordre républicain.
Il y a donc toujours des tractations pour tenter de rétablir l'ordre constitutionnel ?
Tout à fait.
La communauté internationale participe, on peut l'imaginer, aux tractations en cours...
Absolument.
En savez-vous plus sur les tractations qui sont menées ?
Il y a beaucoup d'acteurs internationaux qui essaient, en lien avec le président sortant, Mahamadou Issoufou, d'essayer toujours d'appeler ce général [Abdourahamane Tchiani] à la raison pour qu'on puisse repartir dans l'ordre normal.
Avez-vous encore espoir que ces tractations puissent aboutir ?
Absolument. Je pense qu'il est conscient du fait qu'on n'a pas besoin, en plus, de plonger notre pays en arrière, de nous confronter dans une situation qui pourrait nous mettre inutilement dans un bain de sang pour des intérêts mesquins et égoïstes. Je pense donc, qu'à un moment ou un autre, le général va céder. On va repartir sur de bonnes bases en lui trouvant une issue qui puisse garantir sa sécurité.
Le général Tchiani a justifié ce coup d'État par la dégradation de la situation sécuritaire. Est-ce la vraie raison, selon vous, de ce coup de force ?
Non, absolument pas. Je pense ne rien vous apprendre en vous disant que l'opinion nationale et l'opinion internationale sont unanimes sur le fait qu'il y a une nette amélioration de la situation sécuritaire au Niger depuis que le président Bazoum gère le pays. Et vous remarquez qu'il n'a pas été possible, pour les terroristes - comme on l'avait dit dans une publication dernièrement - de perpétrer des attaques de grosse envergure contre les positions militaires comme ça a pu être le cas, par exemple en 2016 ou en 2019 à Inatès ou en 2020 à Chinégodar. Donc, de telles attaques qui ont fait chacune plus de 100 morts ne se sont plus reproduites depuis que le président est en fonction, c'est-à-dire deux ans.
On ne peut donc pas invoquer la situation sécuritaire. C'était plus problématique avant et Tchiani était alors responsable au palais présidentiel. Il y a quelques mois encore, son numéro deux avait parlé de la situation sécuritaire. Le général Modi [Salifou Modi, ancien chef d'état-major des forces armées nigériennes, NDLR] avait expliqué, dans un message, en 2023, qu'il se félicitait du très grand renforcement des capacités opérationnelles de l'ensemble des forces de défense et de sécurité. Donc, je ne sais pas ce qui l'a rendu amnésique pour considérer qu'il peut oublier ça. Franchement, ça ne tient pas. C'est clair et net.
Donc, vous dénoncez ce coup d'État perpétré par le général Tchiani ?
Non seulement je le dénonce, mais je le rejette formellement. Et je suis sûr que tous ceux qui sont épris de démocratie et qui savent que ce putsch est un recul pour le Niger, vont s'activer pour que l'on puisse retrouver l'ordre constitutionnel normal.