Afrique de l'Ouest: Sanctions CEDEAO contre le Niger - L'artillerie lourde sauvera-t-elle le soldat Bazoum ?

analyse

Vite fait, bien fait ? Le sommet extraordinaire convoqué par le président Bola Ahmed Tinubu du Nigeria sur le Niger, suite au coup d'Etat du 26 juillet dernier, a été on ne peut plus expéditif. En une petite matinée, les chefs d'Etat ont vite fait de prendre des sanctions et ils n'y sont pas allés de main morte.

En effet, selon le communiqué final, les chefs d'Etat de la CEDEAO donnent une semaine aux putschistes nigériens pour remettre le pouvoir au président destitué. Et pour les y contraindre, ils n'excluent aucune option. En attendant, ils ont décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes des pays membres frontaliers du Niger ; du gel des avoirs du pays à la BCEAO ; de la suspension de toutes transactions financières et commerciales entre le Niger et les pays de l'UEMOA, déclarés solidaires des décisions de la CEDEAO ; du gel des avoirs, de la confiscation de leurs patrimoines, doublés d'une interdiction de voyage des nouvelles autorités, de leurs collaborateurs, ainsi que des membres de leurs familles ; de la non-reconnaissance par les banques de la signature des nouvelles autorités militaires ; seuls les actes signés par le président renversé, Mohamed Bazoum, sont valides aux yeux de la communauté internationale, selon les termes du communiqué final.

On le voit bien, avec les 8 mesures annoncées, la CEDEAO est allée au-delà du minimum habituel qu'elle prend en matière de sanctions contre les auteurs de coups d'Etat, à savoir la suspension du pays des instances de l'organisation sous-régionale et la fermeture des frontières. Les lourdes sanctions imposées tout de suite au nouveau pouvoir nigérien sont assurément un signal de l'agacement au-delà de la colère manifestée par certains dirigeants de l'organisation régionale contre ce coup d'Etat de trop, à leur entendement.

Du reste, le président nigérian, avant même la condamnation officielle de la CEDEAO, avait rejeté en des termes très catégoriques, cet énième pronunciamento en Afrique de l'Ouest. Son ton offensif dans la stigmatisation de ce coup de force s'explique par le fait que l'irruption du général Tchiani et du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie dans l'arène politique nigérienne est un véritable pied de nez à son discours d'investiture en qualité de président en exercice de la CEDEAO, en Guinée-Bissau, rien que le mois dernier. En effet, Bola Ahmed Tinubu y était monté sur ses grands chevaux, dénonçant les militaires qui retournent les armes que leurs Etats achètent pour la défense nationale contre les institutions républicaines. Il avait alors qualifié ces militaires putschistes d'obstacles à la démocratie, invitant la CEDEAO à prendre ses responsabilités pour une tolérance zéro des coups de force. Pour joindre l'acte à la parole, Bola Tinubu avait lancé l'initiative de la troïka + 1, une sorte de conseil de sécurité de l'autorité des chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO pour suivre de plus près les transitions malienne, guinéenne et burkinabè. Cette Troïka présidentielle + 1, composée des présidents du Bénin, de la Guinée-Bissau, du Niger et du Nigeria + 1, le président de la Commission de la CEDEAO, a tenu sa première réunion le 18 juillet dernier, pour déterminer les mesures à prendre pour une sortie rapide des transitions dans les Etats membres de l'organisation sous régime militaire. Le président Talon, mandaté pour une visite consultative au Mali, en Guinée et au Burkina, n'aura pas eu le temps de faire ses valises qu'il faut les défaire.

La CEDEAO est comme prise de vitesse, elle qui voulait accélérer dans la prise de mesures destinées à faire entendre raison aux putschistes déjà installés et dissuader ainsi d'autres velléités dans ce sens. La volonté de garder la main dans ce combat contre la "putschomie" expliquerait les sanctions en coup de massue sur le nouveau pouvoir nigérien. Mais cette batterie de sanctions sera-t-elle suffisante pour sauver le soldat Bazoum et faire un contre-exemple à tout jamais ? On attend de voir !

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.