Burkina Faso: Sommet Russie-Afrique - « Le peuple burkinabè a décidé de lutter contre l'hydre terroriste pour relancer son développement », le capitaine Ibrahim Traoré

30 Juillet 2023

A l'ouverture du 2e sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, le vendredi 28 juillet 2023, le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré a souhaité l'établissement de meilleures relations avec la Fédération de Russie qui puissent répondre aux besoins des populations. Sidwaya vous propose l'intégralité de son intervention.

Camarade Président Vlamidir Poutine ; Présidents camarades et chefs d'Etat africains ; Camarades chefs de délégation ; Bonjour, C'est un honneur pour moi de prendre la parole et de vous passer le salut fraternel du peuple du pays des Hommes intègres. C'est aussi le lieu pour moi, avant tout propos de rendre grâce à Dieu. Dieu Tout puissant qui nous a permis de nous réunir ici, en bonne santé pour parler de l'avenir et du bien-être de nos peuples. Je m'en vais m'excuser auprès des anciens que je pourrais vexer dans mes propos à venir. Africanité oblige, le droit d'ainesse, je me dois de m'excuser.

Camarades ; J'ai quelques questions de ma génération. Mille et une questions qu'on se pose. Mais, nous n'avons pas de réponse. Il se trouve qu'ici ,nous pouvons laver notre linge sale parce qu'on se sent en famille. On se sent en famille en ce sens que la Russie est aussi une famille pour l'Afrique. C'est une famille parce que nous avons la même histoire. La Russie a consenti d'énormes sacrifices pour libérer le monde du nazisme pendant la seconde guerre mondiale. Les peuples africains, nos grands-pères ont été déportés de force aussi pour aider l'Europe à se débarrasser du nazisme. Nous partageons la même histoire en ce sens que nous sommes les peuples oubliés du monde. Que ce soit dans les livres d'histoire, dans les documentaires ou films, on tend à balayer le rôle prépondérant qu'ont joué la Russie et l'Afrique dans cette lutte contre le nazisme.

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Nous sommes ensemble parce qu'actuellement ,nous sommes là pour parler de l'avenir de nos peuples, de ce qui va advenir demain, de ce monde libre auquel nous aspirons, de ce monde sans ingérence dans nos affaires internes. Nous avons les mêmes perspectives, et je souhaite que ce sommet soit l'occasion de pouvoir tisser de très bonnes relations en vue d'un meilleur avenir pour nos peuples. Les questions que ma génération se pose sont les suivantes, si je peux me résumer, c'est de ne pas comprendre comment l'Afrique avec autant de richesses dans son sol, avec une nature généreuse, de l'eau, du soleil en abondance, l'Afrique est aujourd'hui le continent le plus pauvre.

L'Afrique est un continent affamé. Et comment se fait-il que nos chefs d'Etat traversent le monde pour mendier. Voici des questions que nous nous posons et que nous n'avons pas de réponse jusque-là. Nous avons l'occasion de tisser de nouvelles relations et j'espère que ces relations puissent être les meilleures pour donner un meilleur avenir à nos peuples. Ma génération me charge aussi de dire que c'est par le fait de la pauvreté qu'elle est obligée de traverser l'océan pour essayer de rallier l'Europe. Elle meurt dans l'océan. Mais que prochainement, elle n'ira pas vers l'océan parce qu'elle viendra devant nos palais pour chercher leur pitance quotidienne. Pour ce qui concerne le Burkina Faso, aujourd'hui ,nous sommes confrontés depuis plus de huit ans à la forme de manifestation la plus barbare, la plus violente du néocolonialisme, de l'impérialisme ; l'esclavage qu'on tend à nous imposer. Nos devanciers nous ont appris une chose ; « l'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort ».

Nous ne nous apitoyons pas sur notre sort, on ne demande pas que quelqu'un s'apitoie sur notre sort. Le peuple burkinabè a décidé de lutter. De lutter contre l'hydre terroriste pour relancer son développement. Dans cette lutte, de vaillantes populations se sont engagées à prendre des armes face au terrorisme. Ceux que nous avons affectueusement appelés les VDP, les Volontaires pour la défense de la patrie. Nous sommes surpris de voir des impérialistes traiter ces VDP de milices de tout type. C'est décevant parce qu'en Europe, lorsque des peuples prennent des armes pour défendre leur patrie, on les appelle des patriotes. Nos grands-pères ont été déportés pour sauver l'Europe. Ce n'était pas avec leur consentement, c'était contre leur gré. Mais au retour, on se rappelle bien qu'à Thiaroye ,lorsqu'ils (les tirailleurs, Ndlr) ont voulu revendiquer leurs droits élémentaires, ils ont été massacrés. Cela ne fait rien. Lorsque nous, peuples, décidons de nous défendre, on nous traite de milices. Mais là, n'est pas le problème. Le problème, c'est de voir des chefs d'Etat africains qui n'apportent rien à ces peuples qui se battent, mais qui chantent les mêmes choses que les impérialistes en nous traitant de milices, en nous traitant d'hommes qui ne respectent pas les droits de l'Homme. De quels droits de l'Homme parle-t-on ? Nous nous offusquons contre cela et c'est honteux.

Il faut que nous, les chefs d'Etat africains, arrêtions de nous comporter en marionnettes qui dansent à chaque fois que les impérialistes tirent sur les ficelles. Hier (jeudi 27 juillet, Ndlr) le Président Vladimir Poutine a annoncé l'envoi de céréales en Afrique. Nous sommes bien contents et nous lui disons merci pour cela. Mais aussi, c'est un message passé à nous chefs d'Etat africains parce qu'au prochain sommet, nous ne devrons pas venir ici sans avoir assuré pour ceux qui ne connaissent pas la guerre, l'autosuffisance alimentaire à nos peuples. Nous devons prendre l'expérience de ceux qui ont pu atteindre cela en Afrique, en tissant de bonnes relations ici, et tisser de meilleures relations avec la Fédération de Russie pour pouvoir répondre aux besoins de nos populations. Je ne serai pas long. Le temps imparti est court ,nous sommes obligés de nous arrêter à un moment donné. Mais je voudrais terminer en disant que nous devons rendre hommage à nos peuples, à nos peuples qui se battent.

Gloire à nos peuples ! Dignité à nos peuples ! victoire à nos peuples !

La patrie ou la mort, nous vaincrons ! Merci camarades

Propos transcrit par Paténéma Oumar OUEDRAOGO

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