Une délégation gouvernementale s'est rendue, dimanche 30 juillet 2023, chez l'homme victime de sévices corporels infligés par des jeunes qui travailleraient au compte de la guérisseuse de Komsilga, Amsétou Nikièma, surnommée «Adja».
Le jeudi 27 juillet 2023, une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montrait un homme battu par des individus dans le village de Rakissé situé dans la commune de Komsilga. Les « bourreaux » reprocheraient à la victime d'avoir « profané un lieu sacré d'une guérisseuse » qui serait leur « patronne ». Fort heureusement, le pronostic vital de la victime, un quinquagénaire, souffrant de troubles mentaux, selon ses proches, ne serait pas engagé. A la suite de cet incident, des membres du gouvernement se sont rendus, dimanche 30 juillet 2023, au domicile de la victime pour lui apporter leur soutien moral et financier. Des sources proches de cette délégation gouvernementale ont assuré que « l'initiative a été bien appréciée par la famille et le voisinage qui ont transmis un message de reconnaissance au gouvernement et appelé tous les citoyens à l'apaisement et au pardon ».
Selon un communiqué du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance Ouaga II, une enquête du Commissariat de police de district de Komsilga a permis d'identifier, d'interpeller « les auteurs de ces agissements affligeants » et de les déférer devant le parquet. Il s'agit, selon ledit communiqué, de 9 personnes dont la guérisseuse, Nikièma Amsétou. Mais, d'après un communiqué du procureur général près la Cour d'appel de Ouagadougou, Laurent Poda, la guérisseuse incriminée a été libérée et remise à des individus se réclamant de l'Agence nationale des renseignements (ANR).
Pour le procureur général, cette libération constitue une entrave grave à l'action judiciaire. Elevant une protestation ferme et solennelle contre ces pratiques, il a interpellé le ministre de la Justice sur la nécessité de respecter les principes de séparation des pouvoirs et d'indépendance de la justice. Dans la même veine, l'intersyndicale des magistrats a condamné, dans une déclaration, avec la dernière énergie, cette réaction consistant à soustraire une citoyenne d'une procédure judiciaire portant ainsi atteinte à l'indépendance et à l'autorité de la justice. Elle a invité, par ailleurs, les auteurs de cet enlèvement à procéder à la remise sans délai et sans condition de la mise en cause en vue de sa réintégration à la MACO pour la suite de la procédure. En attendant, l'intersyndicale des magistrats a appelé l'ensemble des magistrats du Burkina à la suspension de toutes les activités en juridiction.