Dans le camp de réfugiés de Gorom, situé près de la capitale sud-soudanaise, de milliers de jeunes Soudanais, seuls, sans famille, sont presque totalement livrés à eux-mêmes. « Les hommes et les femmes du camp ont beaucoup parlé de leurs besoins afin d'obtenir de l'aide, mais aucune réponse n'a pour l'instant été apportée », témoigne une Soudanaise.
Dans le camp de réfugiés de Gorom, près de la capitale sud-soudanaise Juba, plus de 5 000 réfugiés soudanais sont arrivés depuis le début du conflit au Soudan, le 15 avril 2023.
Le sous-financement de la réponse humanitaire à cette crise est particulièrement criant dans ce camp où la majorité des réfugiés ne sont tout simplement pas enregistrés et ne reçoivent aucune aide humanitaire.
C'est notamment le cas de milliers de jeunes hommes seuls, sans famille, presque totalement livrés à eux-mêmes. Des images de Khartoum en guerre défilent ainsi sur les écrans de télé du café de Giddu Adam Eissa, un réfugié originaire du Darfour. Il diffuse aussi des films et du sport pour aider les jeunes du camp de Gorom à se changer les idées : « Il n'y a aucun soutien psychologique pour aider tous ces jeunes qui ont fui la guerre. Même s'il n'y a pas la guerre ici, la situation est très difficile. Les jeunes sont complètement déprimés. Certains cherchent du travail à Juba, d'autres sont retournés au Soudan, et certains sont même partis vers la Libye. Au début, les gens arrivaient à Gorom avec de l'espoir, mais la faim et les conditions de vie ici sont intenables. »
« Quand vous êtes célibataire et sans enfant, vous ne pouvez compter que sur l'aide de vos amis »
En cause, selon le HCR au Soudan du Sud, le sous-financement de la réponse humanitaire face à la crise au Soudan et la priorité donnée aux opérations à la frontière.
Arrivé à Gorom début juin, Mohamed Osman Abdulrahman, 26 ans, cultivateur ayant fui l'est du Darfour, témoigne de ce manque criant d'assistance humanitaire : « Quand vous êtes célibataire et sans enfant, vous ne pouvez compter que sur l'aide de vos amis. Certains sont arrivés il y a deux ou trois mois, ils ne savent même pas où s'enregistrer pour obtenir de l'aide. C'est vraiment très dur, on ne se sent pas soutenu. On dort par terre, dehors. Quand il pleut, on se faufile sous la tente d'une famille, on passe la nuit avec eux et on repart le lendemain matin. »
Selon lui, chaque petit entrepreneur comme Giddu Adam Eissa permet à une dizaine de jeunes de survivre en leur donnant à manger.
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Au camp de réfugiés de Gorom, des femmes très durement touchées
Au camp de Gorom, des milliers de personnes survivent sans aucun soutien des ONG. Une situation qui touche très durement les femmes. Sarah - ce n'est pas son vrai prénom - s'exprime au nom des Soudanaises qui y sont réfugiées : « Les femmes de ce camp ont besoin d'articles comme des serviettes hygiéniques, des sous-vêtements, ce genre de choses. À cause de la situation et de l'environnement très difficiles ici, il y a eu beaucoup de fausses couches, et les femmes se sont également plaintes de changements dans leur cycle menstruel. Ici, à la clinique, il n'y a pas de soins médicaux spécifiques aux problèmes des femmes. Et pour celles qui ne sont pas encore enregistrées comme réfugiées, elles n'arrivent même pas à se procurer du savon pour laver leurs vêtements. Et les femmes utilisent les mêmes toilettes que les hommes, ce qui est vraiment difficile pour elles. C'est juste horrible. Les hommes et les femmes du camp ont beaucoup parlé de leurs besoins, afin d'obtenir de l'aide, mais aucune réponse n'a pour l'instant été apportée. »