Ile Maurice: Mesures annoncées par l'opposition - Pluie de promesses pour contrer le parti soleil

Les trois leaders, à savoir Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval ont beaucoup mis l'accent sur des mesures qu'ils comptent adopter s'ils viennent au pouvoir. C'était lors du meeting rouge-bleu-mauve qui s'est tenu à Mare-d'Albert vendredi soir. Questions dès lors: seraient-ce des effets d'annonce ? Ces promesses se concrétiseront-elles vraiment ? Ou alors est-ce qu'ils brassent du vent pour faire de l'ombre au parti soleil ? Retour sur quelques-unes des mesures au programme.

Navin Ramgoolam, qui dirige cette alliance, a annoncé la mise sur pied d'une commission parlementaire pour procéder à des nominations au sein des institutions. Paul Bérenger est allé plus loin en disant que cela concernera même le poste de président de la République. Le leader du Parti travailliste (PTr) est revenu sur la Freedom of Information Act et a annoncé qu'un gouvernement qu'il dirigera viendra avec une proposition pour que cette loi voie le jour. Il a aussi annoncé la mise sur pied d'un Serious Fraud Office avec la collaboration d'experts étrangers pour combattre la fraude.

Et aussi une réforme électorale. L'actuel leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval a évoqué pour sa part la nomination de personnes compétentes et indépendantes au sein de plusieurs organismes, notamment la MBC et la Central Water Authority. Le chef de file des mauves a renchéri en mettant en exergue le fait qu'il y aura des amendements à la Constitution pour revoir certaines lois désuètes, alors que les Standing Orders de l'Assemblée nationale seront revus. La commission anti-corruption sera, elle, remise à neuf.

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Selon un parlementaire qui avait assisté à la réunion élargie le mercredi 12 juillet dernier, les trois partis politiques travaillent séparément sur un programme électoral commun... «C'est après qu'un consensus doit être trouvé et les idées retenues seront présentées sous la forme d'un manifeste électoral», laisse-t-il entendre. Ce n'est pas la première fois que des partis politiques, seuls ou en alliance, annoncent des mesures qu'ils comptent mettre en pratique quand ils arrivent au pouvoir, mais une fois qu'ils sont à l'Hôtel du gouvernement, plusieurs promesses ne sont jamais appliquées. Faut-il les croire alors ?

Jocelyn Chan Low, observateur politique, estime que les mesures annoncées doivent être plus concrètes. Il ne suffit pas par exemple, de mettre sur pied une commission parlementaire pour les nominations. «Cela doit être une commission élargie avec des gens de la société civile, notamment d'anciens juges, d'anciens hauts-fonctionnaires». Justement, un ancien haut-fonctionnaire, Krish Ponnusamy, soutient qu'une telle commission doit peut-être inclure d'anciens ministres. «Pour citer un exemple, pourquoi pas un Rama Sithanen, qui conseille actuellement le gouvernement rwandais?»

Si le trio PTr-MMM-PMSD a beaucoup mis l'accent sur de nouvelles méthodes pour nommer des personnes à la tête des institutions, c'est qu'il y a eu beaucoup de failles entre 2014 et actuellement, poursuit Jocelyn Chan Low. «Certains ont dû démissionner et le gouvernement a dû rendre des comptes.» Il va plus loin en affirmant que même pour les ambassadeurs, il faut trouver des personnes qui ont un bagage diplomatique, «sinon on doit le rappeler au paystout comme on l'a fait dans le cas de... vous savez de qui je parle» Notre interlocuteur ajoute toutefois que le fait qu'il y a trois grands partis politiques qui ont une longue histoire derrière eux, au sein de cette alliance, peut aider à la concrétisation de leurs promesses. «Sinon cette alliance risque de ne pas marcher si jamais, certaines promesses ne sont pas tenues.»

Krish Ponnusamy ajoute pour sa part que les idées sont bonnes, mais la population s'attend à ce qu'elles soient mises en pratique. Il souligne que l'opposition a besoin des personnes qui ont de l'expérience pour cela. «Quand on est dans l'opposition et quand on est au gouvernement, ce n'est pas pareil. Ce sont ceux qui sont dans des ministères depuis des années qui savent mieux que quiconque ce qu'il faut faire pour apporter des réformes.» Il cite l'exemple de l'éducation gratuite. «Quand cela avait été annoncé en 1976, il n'y avait rien sur le papier et c'est en janvier que le plan a été mis sur pied avec beaucoup de difficultés et cela a même conduit à la démission de Heeralall Bhugalloo qui était ministre de l'Education.»

Les Gujadhur en force

Il y avait une bonne foule de partisans mais aussi beaucoup de curieux au meeting de vendredi. Sans parler de ceux qui ont une dent contre l'actuel régime. Soon Gujadhur, dont l'écurie ne participe plus aux courses au Champ-de-Mars, figurait ainsi parmi plusieurs orateurs qui ont fait part de leur courroux. L'autre Gujadhur, le Dr Vasant Rao, «brosseur de coco vides» pendant l'épidémie de Covid, était également présent. Tout comme l'ancien Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, de même qu'Ivann Bibi.

Comment l'allinace de l'opposition a-t-elle attiré la foule ? A coups de briyani ? De sièges gratuits dans les autobus? Il semble que non. En tout cas, ceux qui étaient dans l'assistance n'ont remarqué que la présence de quatre ou cinq autobus garés un peu loin de la salle. Renseignement pris, ces autobus étaient destinés à ceux qui habitent dans des villages retirés dans le Sud, où il y a des problèmes de transport à ces heures. On a qui plus est constaté la présence de nombreuses personnes venues d'autres circonscriptions, hormis celles de Vieux-Grand-Port-Rose-Belle (n0 11), Mahébourge-Plaine Magnien (n0 12) et Rivière- des-Anguilles -Souillac (n0 13). Les partisans ont dû débourser de leurs poches pour acheter à manger ou à boire et les marchands présents ont fait de bonnes affaires.

Pravind Jugnauth : «Le congrès PTr-MMM-PMSD a été un véritable flop»

S'adressant aux membres du comité central de son parti hier, le leader du Mouvement socialiste militant (MSM) a qualifié le meeting du Parti travailliste (PTr), Mouvement militant mauricien (MMM) et du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), qui s'est tenu à Mare-d'Albert vendredi, de «véritable flop». Citant des chiffres dont il dispose, il a affirmé que 50 autobus ont été mobilisés. Il y avait 500 voitures et 120 vans de 15 places chacun. Ce rassemblement selon lui, n'a réuni 'que' 2 000 personnes...

Pravind Jugnauth a soutenu que les organisateurs ont choisi une petite salle qui se trouve au milieu d'un champ de cannes pour faire croire qu'il y avait foule. «Sé enn signe qui zot pou al dan karo kann lot kou.» Il a même avancé que des boissons alcoolisées ont été servies à certaines personnes et que certains ont reçu de l'argent. «Ena ti sou inn tombé...» Puis, il a demandé aux membres du comité central qu'il «ne faut trop suivre» ce que fait l'opposition. «Moi je mène une campagne scientifique. C'est la raison pour laquelle je demande la mobilisation des jeunes de 17 à 35 ans.» Dans ce contexte, il a annoncé la tenue d'un congrès des jeunes, le 12 août prochain, au Sun Trust.

Il a dit aussi regretter qu'il y ait un manque de communication des membres du MSM. «Bizin kominik plis lor bann réseaux sociaux». Surtout que «la presse en particulier, l'express, le mauricien, Week-End ainsi que des radios privées sont contre nous. Donc ils ne passeront pas notre message». S'attaquant à la presse toujours, il a affirmé qu'elle n'a pas parlé du revers subi par Navin Ramgoolam au Privy Council ou encore de l'affaire Siddick Chady.

Pravind Jugnauth s'en est pris à Paul Bérenger se demandant pourquoi le leader du MMM reste silencieux sur le revers judiciaire subi par Ramgoolam. «Ou rappel ti pé dir mwa ki mo ti pé fer delaying tactics dans zafer MedPoint...» Il a aussi affirmé que «Ramgoolam ne changera pas» en parlant de la vidéo qui a circulé la semaine dernière, montrant l'ancien Premier ministre qui joue de la batterie.

Pravind Jugnauth a annoncé qu'il démasquera des politiciens dont des actuels des partis politiques concernant des cas de corruption. Il a néanmoins souligné que quiconque est trempé dans des affaires de corruption, qu'ils soient proches du MSM ou non, n'échappera pas à la justice. Il s'est dit confiant qu'il obtiendra gain de cause concernant la pétition de Suren Dayal devant le Privy Council.

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