Ile Maurice: L'histoire de Sanjeev Mossae - De «Form III fail» en Computer studies à pro de l'intelligence artificielle...

Il a un CV long comme un bras, voire deux. Il préfère investir dans l'éducation que dans une banque. Il a démarré avec un salaire de Rs 1 500. Il a un fils atteint de paralysie cérébrale, qui est alité. Il n'a jamais cessé de se battre, a encouragé sa femme à reprendre ses études. Cet homme est décidément un cas d'école...

Il a de la douceur dans la voix, de la détermination dans le ventre. Sanjeev Mossae est le neuvième d'une fratrie de 10 - comprenant une soeur. «Mo pa ti bizin né mem mwa», rigole l'homme de 43 ans. De fil en aiguille, ses souvenirs le ramènent à son papa tailleur. Dans les années 1995-2000, «travay tonbé net, li ti pé gagn Rs 120 pou nouri la famiy...»

La machine à coudre fait de son mieux, elle tourne à plein régime mais la misère se faufile au sein du foyer. Les vêtements ne rapportent pas, on se serre la ceinture jusqu'au dernier trou. «Mé mo papa, malgré tou, toulétan ti pé dir nou bizin aprann.»

Passionné par le «computer» dès l'adolescence, Sanjeev tente de décoder le monde de l'Information Technology (IT). Mais en Form III, il échoue avec mention... Il se fâchera avec le clavier pendant plusieurs années et pour le HSC, il optera pour la comptabilité, notamment. Découragé, il pense qu'il n'est pas aussi rusé qu'un (Fire)fox Mais les bits et mégabits lui trottent sans cesse dans la tête : une giga-aide d'un ami, Rishi Mohun - qui l'aidera même à compléter son diplôme à un moment en 2002 - le poussera de nouveau vers sa passion pour les octets.

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Il chope dès lors le virus des études ; les diplômes, Masters, BSc s'enchaînent (voir bio-data plus loin). Depuis, plus rien ne l'arrête, il fonce tête baissée tel un cheval de Troie. Sauf Kajal, qui arrive à percer son firewall. Il a le «bug-ein» pour elle. Il a 26 ans et elle 22 lorsqu'ils décident de rebooter ensemble leur vie en 2006. Leur petit Sid, 13 ans aujourd'hui, verra le jour quelque temps après. Leur vie bascule : il est atteint de paralysie cérébrale, est alité. À coups d'amour et de patience, la famille continue à surmonter les obstacles. Leur fille Khushi (NdlR, joie) naîtra un an plus tard.

10 sur 10

Entre-temps, Sanjeev encourage son épouse à poursuivre elle aussi ses études. «Monn ankouraz li pou fer so BSc en sciences politiques. Après linn fer enn MA en relations publiques et communication. Li pé travay prof ek la li pé fer so dézyem Masters en Educational Leadership et management», confie le mari de Kajal avec une note (10 sur 10) de fierté dans la voix.

En rejoignant le monde du travail, Sanjeev gagnait Rs 1 500 par mois. Il a gravi les échelons, exploré d'autres avenues. «Kan monn réssi ariv enn salaire Rs 50 000 en 2008, monn koumans ékonomizé pou kontign aprann. Mo préfer investi dan lédikasyon ki dan enn labank.» Désormais, il bosse pour une multinationale et gagne plutôt bien sa vie... Il est aussi lecturer à temps partiel au sein d'une université et souhaite se spécialiser dans l'intelligence artificielle après avoir commencé à explorer cette avenue.

Ses projets futurs ? Ils sont loin d'être virtuels. Continuer à «apprendre», cela va de soi. L'année prochaine, il souhaite entamer un doctorat en cyber sécurité et intelligence artificielle.

Malgré les malware parsemant sa route, Sanjeev Mossae a trouvé le moyen de pirater sa destinée. Pas question d'envoyer ses rêves à la recycle bin.

Bio-data

· 2010 -BSc Computing and Information Systems

· 2012 - MSc Computer Security and Forensic

· 2014 - Masters of Business Administration

· 2018 - MSc Managerial Psychology

· 2023 - MSc Artificial Intelligence and Machine Learning

· 2024 - Souhaite entamer un PhD en Cyber Security and Artificial Intelligence

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