Ile Maurice: Portrait - Grâce à ses «pistas», Bhai Farouk fait bouillir la marmite depuis 50 ans

Qui ne connaît pas Bhai Farouk ? Il n'est pas du genre à faire son cinéma. Sous son chapiteau modeste, Farouk Maulaboksh a passé un demi-siècle à vendre des pistaches salées et grillées ainsi que des «gram bwi» à plusieurs générations de clients. «C'est mon père qui m'a légué ce commerce. C'est une activité qui se perd, mais mes clients sont restés fidèles. J'en suis fier.»

Pistas bwi, gram bwi... Bhai Farouk n'a plus besoin de crier à tue-tête pour attirer des clients après toutes ces années. Pendant notre entretien, des gens de toutes les couches sociales, des jeunes et ceux qui rentrent du travail s'attroupent autour de lui. «Ou trouvé, mo bann klian lamem», lance-t-il. Pour certains, il connaît déjà leur commande par coeur. Le marchand les considère comme de vieux amis. On retrouve Bhai Farouk tous les après-midis de 15 h 30 à 19 heures aux abords de la route royale de Phoenix. Les mardis et les vendredis, il va vendre ses pistaches au marché de Vacoas à partir de 6 h 30 du matin.

4 heures du matin

Afin de répondre à la demande de ses clients, l'homme de 72 ans, habitant Closel, doit se réveiller à 4 heures du matin tous les jours. Commence alors la première étape de sa journée. Il prépare les pistaches et fait bouillir les pois chiche avec l'aide de son épouse, et les mardis et vendredis, il quitte sa maison vers 5 h 30 pour se diriger vers le marché de Vacoas.

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Les autres jours, à partir de 15 h 30, il installe sa petite table et son chapiteau à Phoenix. Sa joie est de voir revenir ses clients. Cela le motive à leur offrir de qualité, à chaque fois, chaque jour. «C'est mon père qui m'a tout appris. Tout petit, je l'aidais de temps à autre. Après, il fallait prendre la relève. Au début, j'avais demandé à un neveu de reprendre le commerce, mais après une semaine, il a arrêté de travailler. Lin sové», confie-t-il sur un ton amusé. C'est là qu'il a pris les choses en main, et depuis 50 ans, il n'a jamais arrêté de vendre des pistaches et des pois chiche, sauf durant le confinement où, «inn bizin res somer».

Avec l'âge, concède Bhai Farouk, garder la même cadence qu'autrefois n'est pas chose aisée. «Les clients sont exigeants quant à la qualité du produit. Get sa variété pistas ek gram bwi la koumma zoli», lance-t-il en joignant le geste à la parole. Une qualité qu'il faut maintenir, malgré la hausse des coûts. «Quarante livres de pistaches se vendent normalement à Rs 2 000, mais parfois, quand il y a des pénuries, le prix grimpe à Rs 2 500 ou Rs 2 600. Bizin fer letour partou pou gayn meyer prix. Li pa fasil.» Bhai Farouk est toutefois d'avis que si on fait un métier en y mettant du coeur, alors il devient votre passion. «C'est un métier qui est sûrement amené à disparaître, les jeunes ne s'y intéressent pas. Mais la fidélité et la satisfaction des clients, le bonheur de les revoir revenir à chaque fois donnent du courage. Cela n'a pas de prix.»

La culture du travail bien fait est décidément enracinée chez le marchand de pistaches...

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