Ile Maurice: Trafic de drogue - Bateaux volés - Alain Malherbe plaide pour un «tracking system» obligatoire

Le vol de bateaux est souvent lié au trafic de drogue. Selon les chiffres de la police, de janvier 2022 à ce jour, 14 bateaux ont été rapportés volés ou échoués. En 2022, cinq cas ont été enregistrés alors qu'en 2023, il y a eu neuf cas. Parmi ces bateaux volés, le Ticanon a été retrouvé au Zanzibar. Deux autres ont été retrouvés à La Réunion et un à Madagascar. Quant aux autres, ils ont été retrouvés dans nos eaux.

Revenons sur ces cas qui ont défrayé la chronique. Le 23 janvier 2022, le speedboat Ticanon disparaissait du lagon de Grand-Baie. Après une enquête de la CID de Grand-Baie, six suspects sont arrêtés. Certains d'entre eux ont avoué, expliquant qu'ils devaient utiliser le bateau pour aller chercher du zamal à La Réunion. Le commanditaire aurait payé Rs 25 000 comme avance et aurait promis Rs 450 000 une fois le travail achevé.

Autre cas, le 17 juin de cette année, un Sud-africain a rapporté que son hors-bord avait été volé. Il l'avait amarré, avec ses deux moteurs de 15 chevaux chacun, dans le lagon entre Péreybère et Grand-Baie. Il y avait à bord un GPS, un appareil de musique, 13 gilets de sauvetage, deux ancres et des équipements de pêche et de plongée. Le bateau volé a été retrouvé dans le nord de Flic-en Flac, dans un lieu appelé Bassin-Vert. Les officiers de la NCG ont noté que les moteurs étaient allumés et que le bateau se cognait contre les rochers avec le mouvement des vagues. La NCG l'a emmené juste en face du poste de police. Lors d'un examen du bateau, la police a découvert deux paquets recouverts de ruban adhésif, contenant du cannabis estimé à Rs 1,2 million.

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Plus récemment, le 12 juillet, un hors-bord immatriculé à Maurice a été retrouvé ; il s'était échoué sur la plage de galets de Beaufonds, à St-Benoît, La Réunion. Quelques bidons abandonnés ont été retrouvés à proximité, mais aucune trace du ou des occupants de l'embarcation. Dans le cadre de cette enquête, la gendarmerie réunionnaise soupçonne fortement un trafic de drogue, d'autant que plusieurs témoins disent avoir vu des personnes s'enfuir avec un paquet à la main.

La brigade anti-drogue de Rose-Hill, qui s'est saisie de l'affaire et qui travaille conjointement avec ses confrères de La Réunion, a procédé à l'arrestation du propriétaire du bateau, Kevin Louis, âgé de 35 ans. Ce dernier a comparu au tribunal de Port-Louis sous une accusation de blanchiment d'argent. Il a fait une déposition au poste de police de Baie-du-Tombeau, expliquant que son bateau avait été volé le mercredi 12 juillet. Il avait été acheté, le 8 mai, à Kreepanand Potiah à Rs 600 000. Une semaine après l'achat, le nouveau propriétaire a amarré le bateau à Baie-du-Tombeau. C'est à travers la presse qu'il a appris que les autorités réunionnaises avaient saisi un hors-bord. L'ancien propriétaire, Kreepanand Potiah, habitant La Preneuse, a lui été arrêté sous une charge provisoire de «conspiracy to commit money laundering». Kevin Louis nie toute transaction illicite et dit pouvoir prouver les sources de revenus pour l'achat du bateau.

Pour l'expert en milieu maritime à la retraite Alain Malherbe, il est plus que temps pour les autorités d'imposer un «Automatic Identification System» (AIS). «Il faut impliquer la responsabilité de la Mauritius Tourism Authority dans cette démarche car c'est cette dernière qui octroie les licences aux pleasure crafts. Je ne cesse de faire cette réclamation depuis un certain temps. D'ailleurs, l'implémentation de l'AIS fait partie des recommandations du rapport de la commission d'enquête sur la drogue présidée par l'ancien juge Paul Lam Shang Leen», confie-t-il. Il se dit étonné que cette recommandation n'ait pas encore été prise en compte par le gouvernement. «Gouvernma dir zot inn aplik 85% rékomandasion rapor-la, mé lor AIS-la zot touzour pa pé fer nanié!»

Cette mesure permettrait aux autorités d'avoir un meilleur contrôle sur les allées et venues des bateaux. «Si les bateaux sont équipés de l'AIS, les garde-côtes pourront mieux contrôler leurs mouvements. Selon les conventions internationales, li enn déli pou enn bato ki ekipé ek AIS teign laparey-la. Avec l'AIS, les garde-côtes sauront quels sont les bateaux qui quittent notre territoire», précise Alain Malherbe. Pour lui, il faut remédier à ces lacunes pour pouvoir combattre le trafic de drogue par voie maritime.

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