Madagascar: SOAMANDRAKIZAY - Vif sermon des évêques sur l'éducation

L'intronisation du nouvel archevêque d'Antananarivo a coïncidé avec la clôture de la 3e édition des Journées nationales des enfants. Un contexte choisi par la Conférence des évêques de Madagascar pour interpeller sur les enjeux de l'éducation.

Crever l'abcès. C'est visiblement le but du message prononcé par Monseigneur Fabien Raharilamboniaina, président de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM), à Soamandrakizay, hier. Une allocution centrée sur "l'enfant et l'éducation". Le numéro Un de la Conférence épiscopale a surtout insisté sur le potentiel que représentent les enfants pour le développement du pays, mais aussi sur le rôle que tient l'éducation pour que cette "force cachée du développement" puisse être capitalisée. "Monsieur le Président, il est urgent de reprendre en main rapidement et durablement l'éducation", déclare ainsi l'évêque de Morondava, s'adressant directement à Andry Rajoelina, président de la République, présent à Soamandrakizay. À entendre Monseigneur Raharilamboniaina, le contexte du rendez-vous d'hier, que le chef de l'État avait assisté, était idéal pour aborder de vive voix le sujet. Quinze mille enfants ayant participé aux troisièmes Journées nationales des enfants (JNE) ont également assisté à la messe. L'église catholique a, en effet, fait d'une pierre deux coups.

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Outre l'intronisation de Monseigneur Jean de Dieu Raoelison, nouvel archevêque d'Antananarivo, l'office religieux a aussi clôturé la 3e édition des JNE. "Nous nous devons de parler puisqu'il y A ces enfants présents, ici. L'éducation est la seule voie pour sortir notre pays de la pauvreté et le mener vers un développement durable", note ainsi l'évêque de Morondava. Pour ne pas froisser son assistance, vraisemblablement, le numéro Un de la Conférence épiscopale a rappelé que les enjeux du capital humain pour le développement ont été au centre du sommet des Chefs d'État africains, en Tanzanie, la semaine dernière.

Un évènement auquel le Président Rajoelina a pris part. Madagascar fait partie des signataires de la déclaration de Dar es-Salaam, qui a conclu le sommet de Tanzanie. L'éducation et la santé sont inscrites comme priorité des priorités dans cet acte. "L'Homme est la plus grande richesse. Des Hommes, mais surtout des enfants éduqués intellectuellement, physiquement et spirituellement sont les piliers du développement. (...) Les enfants ne sont pas des charges ; ils sont des forces cachées pour développer Madagascar", plaide alors Monseigneur Raharilam-boniaina.

Collaboration

Ce n'est pas la première fois que la CEM lance un appel à la priorisation de l'éducation des enfants. Il s'agit de l'axe principal de ses voeux de Noël, en décembre. De prime abord, la Conférence épiscopale a estimé nécessaire la réitération de cet appel et de le faire de vive voix, face au locataire d'Iavoloha. "La Conférence des évêques ne saurait accepter que l'avenir de nos descendants soit pris à la légère. (...) Nous sommes inquiets. C'est un sujet d'âpres débats entre nous. Nous ne voulons pas être responsables de la pauvreté de Madagascar", soutient ainsi l'évêque de Morondava.

Sur sa lancée, il assène, "nous sommes intransigeants au sujet de l'éducation". Bien qu'il ne l'ait pas dit directement, l'épisode des fuites de sujet qui a perturbé les épreuves du baccalauréat a, visiblement, inspiré l'angle du discours de Monseigneur Raharilamboniaina. Selon l'évêque de Morondava, la CEM a prévu d'appeler le président de la République pour réagir suite à ce fâcheux évènement. "Vous avez devancé notre réaction sur le plateau de la télévision nationale, suite à cette fuite de sujet, alors nous nous sommes tus. Nous vous remercions d'avoir fait part de l'importance que vous accordiez à l'éducation.

C'est également le cas pour nous", déclare Monseigneur Raharilamboniaina. Faisant écho au message publié par la Conférence des évêques de Madagascar, en décembre, son président note les efforts étatiques dans le domaine de l'éducation. Il cite, notamment, la construction de nouvelles salles de classe et de nouveaux établissements scolaires. Il ajoute toutefois que "les enfants déscolarisés sont encore nombreux", et outre la question d'infrastructures, "il y a encore beaucoup à faire comme définir ce qu'il faut enseigner".

Comme corollaire à son message sur l'éducation des enfants, le président de la Conférence épiscopale déclare ainsi que "l'église catholique est prête à travailler avec l'État dans le domaine de l'éducation. Nous vous supplions même pour cette collaboration, puisqu'il est question de l'avenir de nos descendants". La prise de parole de Andry Rajoelina a immédiatement fait suite à celle du numéro Un de la CEM. "J'ai bien entendu votre message Monseigneur", réplique le président de la République. Affirmant sa reconnaissance envers l'église catholique pour ses oeuvres au sein de la société, le locataire d'Iavoloha ajoute, "l'Etat sera toujours aux côtés de l'Église pour travailler de concert pour le bien-être de la population. Qu'il s'agisse de l'éducation, de la santé ou de la spiritualité".

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