Niger: Coup d'Etat au Niger - La France suspend ses actions d'aide au développement

Le communiqué du ministère des Affaires étrangères est succinct. Le Quai d'Orsay annonce qu'elle "suspend, avec effet immédiat, toutes ses actions d'aide au développement et d'appui budgétaire au Niger".

Le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, a présidé le 29 juillet, un conseil de défense, trois jours après le coup d'Etat militaire contre le président élu Mohamed Bazoum. "La France demande le retour sans délai à l'ordre constitutionnel nigérien, autour du président Mohamed Bazoum, élu par les Nigériens", écrit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, annonçait que l'UE "ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch" au Niger. "Toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire" sont suspendues. Situé en plein coeur du Sahel, le Niger est doté d'une population de quelque 20 millions d'habitants, avec une croissance démographique parmi les plus élevées au monde. L'Agence française de développement a engagé 97 millions d'euros en 2021 dans ce pays, parmi les plus pauvres du monde, selon les chiffres disponibles sur le site internet de l'AFD.

La question de la présence française est posée

Pour certains habitants rencontrés dans la capitale, ce putsch est l'occasion d'affirmer l'indépendance du Niger vis-à-vis de la France. La France a condamné avec la plus grande fermeté le putsch des militaires, mené par le général Abourahamane Tiani, qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum. 1 500 soldats français sont toujours stationnés dans ce pays d'Afrique, frontalier du Mali et de l'Algérie notamment, et ce coup d'Etat préoccupe particulièrement Paris. La question de l'avenir des relations avec les partenaires du Niger est désormais en suspens. Le 27 juillet, des manifestants ont scandé des slogans anti-France et dans la capitale nigérienne, Niamey, la question de la souveraineté du pays est régulièrement abordée. Le scepticisme à l'égard de la présence militaire française ne date pas du coup d'État : bien au-delà des cercles pro-putschistes, des habitants déplorent le manque de souveraineté du pays vis-à-vis de l'ancienne puissance coloniale, qui a fait du Niger le fer de lance de son dispositif au Sahel. "La France n'a jamais considéré le Niger comme un partenaire, elle voyait le Niger comme une de ces colonies d'outre-mer!", a taclé Harouna, qui souhaite voir la France partir.

Le nouvel homme fort du pays, le général Tiani, s'est montré modéré à l'endroit des alliés du Niger, mais il n'a pas caché sa volonté de renouveler la coopération avec les gouvernement de transition du Mali et du Burkina Faso voisins. "Aujourd'hui nous sommes en train de voir la manière dont les autorités de transition dans ces pays sont en train de tutoyer les puissances impérialistes et s'affirmer en tant qu'État souverain", a lancé Hassane, étudiant à l'université de Niamey. Il estime que son pays doit s'inspirer de leur exemple. Rien n'indique pour l'instant que le Niger du général Tiani sollicitera Moscou comme l'ont fait le Mali et le Burkina Faso. Mais pour beaucoup à Niamey, cette option mérite toute l'attention du pays.

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