Ile Maurice: Pénurie de riz «ration» - Les animaux errants en détresse, les militants aux abois

Assiste-t-on à une pénurie artificielle du riz «ration» ? Plusieurs points de vente semblent en rupture de stock. Si cela inquiète de nombreuses personnes, un groupe se montre particulièrement préoccupé : celui des associations militant pour le bien-être des animaux errants, dont le riz «ration» constitue la principale source de nourriture. Les militants de la cause animale craignent une hausse des abandons.

Depuis une semaine, l'Inde a suspendu ses exportations de riz long grain en raison des fortes pluies de la mousson qui ont endommagé les cultures. En conséquence, la State Trading Corporation, qui importe ce produit, a indiqué qu'elle dispose d'un stock qui devrait être suffisant jusqu'à la fin du mois d'août. En attendant que les autres commandes arrivent. Cette annonce a des répercussions sur tous ceux qui consomment ce riz, dit «ration», y compris les militants de la cause animale qui en achètent régulièrement pour nourrir les chiens et chats errants. Vanisha Mohur, également connue sous le nom de Pretty Saachi, est la présidente de l'association Rescue Animals In Distress. Elle qualifie la situation de très difficile. «Cela sera presque impossible pour nous de nourrir tous ces animaux. Au sein de l'association, nous utilisons cinq balles de riz par jour. Et tous les 15 jours, nous en achetons 100 balles.»

Le nombre d'animaux nourris quotidiennement se situe entre 800 et 1 000. «En ce moment, plusieurs personnes viennent nous demander de leur donner du riz car elles n'arrivent pas à s'en procurer, que ce soit pour elles-mêmes ou pour leurs animaux. Cette situation nous pose un sérieux problème», explique Preety Saachi. Surtout avec le coût élevé de la vie, un sachet de croquettes de 25 kilos avoisine les Rs 1 400. «Si nous devons remplacer ces cinq balles de riz, nous devons acheter 20 sachets, ce qui est pratiquement impossible pour nous.» Preety Saachin achète le riz «ration» à Rs 265 la balle. Elle reconnaît que beaucoup de personnes consomment ce riz «mais en cas de rupture de stock, ces gens pourront se tourner vers d'autres options telles que le macaroni, les nouilles ou encore le pain. Cependant, pour l'association, ce n'est pas une alternative envisageable pour nourrir les animaux.»

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Elle estime que le nombre d'animaux qui seront abandonnés par leurs maîtres risque d'augmenter. «La nourriture pour animaux coûte cher et si les gens ne peuvent pas acheter ce riz, ils vont simplement se débarrasser de leurs animaux de compagnie. On ne réalise pas que ces animaux font partie de notre vie et de la société», déclare Preety Saachi. Un avis partagé par Linley Moothien, président de l'Organisation non gouvernementale (ONG) 4 Tilapat. Ce dernier déplore le manque de soutien des autorités et du secteur privé. «Les prix montent en flèche, que ce soit pour les croquettes, les carcasses de poulet, et même les légumes. Cette annonce est un véritable coup de massue en particulier pour ceux qui gèrent des sanctuaires et qui distribuent la nourriture aux animaux.»

L'ONG 4 Tilapat envisage de devenir autosuffisante pour faire face à cette situation de rupture de riz «ration». «Nous réfléchissons à produire des galettes sèches pour nourrir les animaux», explique Linley Moothien. Toutefois, il soulève une question cruciale : si les personnes peuvent toujours se tourner vers le welfare state pour obtenir de l'aide, mais qu'en est-il des animaux ? Il s'inquiète des répercussions potentielles sur le tourisme ; si les touristes apprennent ce qui se passe à Maurice, cela pourrait nuire à l'image du pays.

Avant le confinement, plusieurs compagnies privées offraient des carcasses de poulet à l'ONG «mais aujourd'hui, on est obligé de les acheter». Malgré ces défis, Linley Moothien reste déterminé à ne pas baisser les bras pour les centaines de petits protégés dont il s'occupe. «Nous lançons un appel à toutes les personnes qui veulent nous aider en nous apportant du riz 'ration' : vous êtes les bienvenus...»

Par ailleurs, Manishi Doolub Gaungoo, fondatrice et présidente de l'association Well-being of Stray, espère que les stocks de riz suffiront jusqu'à la prochaine arrivée de ravitaillement. «Nous utilisons 30 balles par mois et nous veillons toujours à conserver un stock pour un mois supplémentaire.» Toutefois, dans son groupe, ils ne se limitent pas uniquement au riz : le pain est aussi utilisé, tout comme les croquettes. «Certaines boulangeries nous en donnent et nous comptons également sur les dons de croquettes de certaines compagnies privées. Surtout si les produits approchent de leur date de péremption.»

Néanmoins, elle exprime ses inquiétudes quant aux retombées possibles de ce manque de riz «ration» sur les animaux dont son association s'occupe. Elle espère que la situation pourra être gérée de manière que les animaux ne subissent pas les conséquences de cette pénurie alimentaire.

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