En l'espace d'un mois seulement, l'économie Sénégalaise risque d'être fortement secouée, pour la deuxième fois consécutive, si les acteurs ne jouent pas la carte de l'apaisement pour le retour à la stabilité nationale. L'arrestation d'Ousmane Sonko, président du parti Pastef, depuis vendredi dernier, angoisse plus d'un. Et des risques réels pèsent sur l'économie, cette semaine, si des manifestations spontanées notées vendredi et samedi venaient à se reproduire.
L'arrestation du leader du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), Ousmane Sonko, est-elle partie pour susciter un ralentissement de l'activité économique du pays dans les jours à venir, si un dégel n'est pas opéré ? En effet, vendredi et samedi, des jeunes ont annoncé la couleur dans plusieurs quartiers de Dakar et sa banlieue et même à l'intérieur du pays notamment à Ziguinchor, où des jeunes en colère ont manifesté, brûlant des pneus et dressant des barricades sur les voies principales. Avant d'être dispersés par des agents Forces de l'ordre, à coup de jets de gaz et de grenades lacrymogènes. Réveillant du coup les spectres de mars 2021 et juin 2023 chez les populations.
Déjà, les événements de juin dernier avaient fait perdre à l'économie nationale des dizaines de milliards de francs CFA. Au sortir de ces violentes manifestations, face à la presse, les opérateurs économiques, à travers le Conseil national du patronat Sénégalais (CNP), la Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture de Dakar (CCIAD), et le secteur informel avaient tous lancé un cri de coeur aux autorités pour la préservation de la paix. L'informel qui génère 97% des créations d'emplois au Sénégal en avait été fortement impacté. En clair, une frange significative de la population sénégalaise vit de ces «petits boulots» autrement appelés «des gorgorlous». Et donc, si des troubles venaient à se déclencher, il n'est pas à écarter un naufrage collectif, vers plus de pauvreté et une faim sans fin qui conduirait au désastre.
A cela viennent s'ajouter l'hivernage avec son lot d'inondations, les pertes en vie humaines de dizaines de jeunes dans les naufrages de leurs embarcations en partance pour l'Europe, les accidents mortels et interminables de la circulation (avec des morts qui se comptent par dizaines). Autant d'éléments factuels qui ne militent pas en faveur d'une économie dynamique et surtout de la stabilité légendaire du Sénégal.
CE 31 JUILLET, UN LUNDI DECISIF
Au regard de tout ce qui se trame, la peur à fini d'angoisser les populations. Les visages sont crispés et la crainte du remake de mars et juin dernier se lit. Dans les coins et recoins de Dakar, les Sénégalais en débattent. Donc, une préoccupation de tous, pour tous, surtout, vendredi dernier, juste après l'arrestation du leader de Pastef, les manifestations s'étaient déclenchées à Dakar, Ziguinchor, Sédhiou et dans bien d'autres localités du pays.
Pour rappel, lors des violentes manifestations des 1er et 2 juin derniers, d'importants dégâts avaient été notés dans divers secteurs d'activités. Du transport de marchandises, de personnes au secteur du tourisme en passant par les commerces, banques et services, le saccage des stations-service, du Port autonome de Dakar, la destruction de point d'opérateurs de téléphonie et de transferts électroniques de monnaie et services connexes, entre autres ont enregistré d'importantes pertes économiques.
Ce lundi 31 juillet, le leader du parti Pastef/Les Patriotes va faire face au juge et les Sénégalais attendent avec beaucoup d'incertitudes ce qu'il en sortira.
QUAND LA MULTIPLICATION DES ARRESTATIONS ET INTERDICTIONS COMPLIQUE LES CHOSES
E, attendant, depuis des mois déjà, des arrestations et des interdictions de manifestations, rassemblements et autres réunions de l'opposition se multiplient. Les populations sont dans la hantise totale des arrestations interminables. Les dernières en date annoncées, c'est la mise en garde à vue du journaliste Pape Alé Niang et la convocation de Toussaint Manga, entre autres les plus connues.
Partout dans le pays, des citoyens disent ne pas être surpris d'être arrêtés d'un jour à l'autre, pour des raisons peu convaincantes. Pire, ils déplorent une justice à double vitesse qui semble prévaloir depuis un certain temps dans ce pays. «Certains peuvent se permettre de tout dire et tout faire, sans avoir à craindre quoi que ce soit de la justice. Par contre d'autres, non». Pour ce qui est des interdictions répétitives, les «gorgorlous» en pâtissent depuis les affaires Ousmane Sonko/Adji Sarr, Ousmane Sonko/Mame Mbaye Niang. Et, aujourd'hui, cette affaire de vol et d'appel à l'insurrection entre autres chefs d'accusation risque de venir rompre le calme précaire salué par tous ou presque, depuis plusieurs semaines.