Ile Maurice: Bagarre sanglante au Champ-de-Mars - Quelles conséquences pour PTP ?

Y aura-t-il des sanctions contre People's Turf PLC (PTP) et ses employés après les incidents qui ont émaillé la fin de la 19e journée de courses, samedi ? La question est, en tout cas, sur toutes les lèvres après la circulation d'une vidéo sur les réseaux sociaux impliquant des handlers de PTP et des membres du public devant les loges du Mauritius Turf Club (MTC).

Comment la situation s'est-elle envenimée au point où des turfistes se sont retrouvés le visage en sang ? Tout aurait commencé avec le retrait de Special Force de l'épreuve de clôture samedi dernier. Ce pensionnaire de l'écurie Nagadoo, réputé pour être très caractériel - son comportement lui a, du reste, presque valu une suspension de la compétition par le passé - aurait tenté de bousculer le handler qui le ramenait au poteau des 1 650 mètres après son retrait. Le coursier avait fait des siennes et avait désarçonné l'apprenti Mauree, le forçant à être retiré de la course. Le sujet de l'écurie Nagadoo, apprenons-nous, s'est montré difficile, et le handler a dû alors faire usage de la force pour le ramener à la raison, une démarche qui aurait mis hors d'eux quelques turfistes aux abords de la piste.

Un palefrenier qui a exercé en tant que handler explique que celui-ci doit, dans certains cas, faire usage de la force face à certains chevaux caractériels. Au cas contraire, l'animal devient incontrôlable. «Il y a des chevaux vindicatifs. Ils donnent des coups de pied. Il faut être ferme avec eux pour leur faire comprendre qu'ils doivent nous obéir. Mais je ne dis pas qu'il faut maltraiter le cheval...»

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La discussion animée qui s'est ensuivie n'en est toutefois pas restée là. «Ils ont réagi par rapport à une provocation», assure un témoin, pour tenter d'expliquer le coup de sang des hommes de PTP, qui ont bousculé le portier du MTC pour faire irruption dans le club et passer à tabac les turfistes mécontents, expulsant même l'un d'eux, comme le démontre la vidéo devenue virale. Parmi les plus violents protagonistes se trouverait un policier, qui travaille parfois pour le compte de PTP.

Depuis, PTP a réagi par l'entremise d'un communiqué. Sans entrer dans les détails, l'organisateur explique qu'il a été porté à l'attention de la direction que «there was an altercation between the handlers of the PTP and the security/bouncers paid by the MTC who were interfering with the handling of the horse Special Force». Rien de plus faux selon le MTC, qui n'a pas tardé à sortir son propre communiqué pour rétablir, selon lui, la vérité.

Tout en niant les accusations faites par PTP, le club bicentenaire estime que «PTP ment encore aujourd'hui de façon éhontée dans le but de faire porter le chapeau au MTC, alors que nous n'y sommes pour rien». De plus, le MTC estime que PTP ne peut s'empêcher de le tenir pour responsable de «son inaptitude à organiser sainement et sereinement les courses au Champ-de-Mars». Selon une voix au sein du club, «enough is enough.»

Si aucune déposition n'a été consignée pour l'heure par le MTC, il nous revient qu'il aurait déjà rassemblé toutes les images des caméras de surveillance relatives à cette violente altercation, qui s'est produite dans son enceinte. La direction du club décidera en temps et lieu de la marche à suivre.

Qu'en est-il de PTP dans tout cela ? Comme souvent, le CEO, Khulwant Ubheeram, a joué aux abonnés absents pour une réaction. Toujours est-il que les agissements des employés de PTP demeurent inacceptables. «Les handlers ne font, certes, pas un travail facile. De tout temps, ils ont subi les critiques et insultes de la part du public turfiste, mais ils n'en sont jamais venus aux mains», estime pour sa part un observateur hippique.

Que comptent faire les autorités hippiques que sont la Horse Racing Division (HRD) et la Gambling Regulatory Authority (GRA) face à cette affaire inacceptable sur toute la ligne ? Nous avons cherché des réponses. Si la HRD qualifie ces incidents de déplorables, qui ne font pas honneur aux courses hippiques, et affirme que la violence n'a pas sa place dans ce sport, elle est toutefois d'avis que c'est un «non-racing matter». Les incidents ont eu lieu après la Race Meeting et en dehors du terrain de l'organisateur des courses hippiques. C'est un délit criminel et c'est à la police d'enquêter, selon elle. Les protagonistes, nous a-t-on fait comprendre, ne sont pas des licence holders de la HRD et ne détiennent pas de Personal Management Licence.

Du côté de la GRA, on fait valoir que cette instance n'a reçu aucune doléance concernant les incidents survenus samedi. On nous a demandé de contacter la HRD pour de plus amples renseignements... Si le premier nommé dit ne pas détenir de mandat pour initier une enquête, l'autre déclare qu'elle n'a reçu aucune plainte suite aux incidents de samedi, pourtant bien documentés depuis.

Donc, s'il n'y a aucune plainte formulée à la police, est-ce que cela voudrait dire qu'il n'y aura aucune action de l'une des deux instances régulatrices ? La question reste posée.

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