Madagascar: Programmation industrielle - Signature d'un pacte historique entre l'État et le secteur privé

La Société marocaine de l’industrie de raffinage (Samir) (Illustration)

Une grande première dans l'histoire économique de Madagascar, l'aboutissement d'un dialogue de 18 mois entre l'État et le secteur privé qui ont acté hier un partenariat fort, engageant et durable pour l'industrialisation de Madagascar, en écho au Velirano n°7 du Président de la République.

Du jamais vu. La journée d'hier est à marquer à l'encre indélébile dans les annales de l'histoire économique malgache. En effet, les secteurs public et privé ont enfin consommé leur « mariage » à travers la signature du Pacte pour l'industrialisation. Une programmation industrielle de quarante-sept pages sur laquelle les parties prenantes ont travaillé durant dix-huit mois. Le rapprochement s'était déjà profilé avec l'accession d'Edgard Razafin-dravahy, lui-même industriel, au poste de ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation, mais c'est la première fois que l'État, à travers le MICC va aussi loin en termes d'engagements avec le secteur privé.

Beaucoup ont pu douter de la possibilité d'un tel rapprochement. Mais force est de constater que les deux parties ont décidé de collaborer main dans la main pour converger vers un seul et unique objectif : concrétiser le potentiel d'industrialisation de Madagascar. « C'est une grande première dans l'histoire de la Grande île. Il y a eu sous la première république une programmation dans le domaine routier mais c'est la seule. Et si l'on regarde à l'étranger, il est habituel de faire de la programmation dans le domaine militaire ou de la justice mais c'est la première fois qu'une programmation est mise en place pour l'industrialisation » indique Edgard Razafindravahy, ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation lors de la cérémonie de signature du pacte. Satisfaction. La confiance mutuelle entre les désormais partenaires issus des secteurs public et privé s'est faite ressentir lors de la signature de ce pacte.

Jusqu'en 2040

C'est la première fois dans les annales que la totalité des groupements du secteur privé impliqués dans le secteur industriel (GEM, SIM, FIVMPAMA, GEFP, GEHEM, SYMABIO, GFEM, FOMM, APPAM) sont présents.

Les représentants du secteur privé n'ont pas caché leur satisfaction par rapport à la signature de ce pacte. « Nous pouvons dire que nous, industriels et entrepreneurs malgaches avons fait un pas de géant avec l'élaboration de ce pacte industriel » annonce Tiana Rasamimanana, actuel Président du Syndicat des industries de Madagascar (SIM). Des propos partagés par Rivo Rakotondrasanjy, Président du FIVMPAMA pour qui « c'est la première fois que l'Etat et le secteur privé sont réunis, non pas pour parler de crise, mais pour co-construire ».

Thierry Rajaona, président du GEM, n'a pas manqué non plus de saluer la démarche : « Nos aspirations ont été écoutées et prises en compte. De plus cette vision à long terme est rare et louable ». Tous les patrons de groupement privé présents l'ont répété: « Nous sommes partenaires et non adversaires. Nous sommes ici parce que nous [les entrepreneurs du secteur privé, Ndlr] sommes prêts à avancer ensemble. »

Pas d'industrialisation sans énergie. La présence du ministre de l'Énergie et des Hydrocarbures, Solo Andriamanampisoa, au côté de son homologue de l'industrie, témoigne de la prise en compte de la problématique de l'énergie dans le pacte. L'équipe du MEH a été fortement impliquée dans les dialogues avec le secteur privé et des solutions concrètes et phasées ont été définies avec à court terme le développement de l'autoproduction.

Pour un projet s'étalant jusqu'en 2040, la question de la continuité dans la mise en oeuvre du pacte a été soulevée. « La question du pilotage et du suivi du pacte a été une des questions-clé pendant le dialogue. Dans cette programmation, nous n'avons pas seulement fixé des objectifs sur le long terme, nous avons aussi institué la gouvernance adéquate » rassure Christian Rasoamanana, Conseiller technique au niveau du ministère de l'Industrialisation.

Cette nouvelle gouvernance se traduit par la mise en place du Conseil national de l'industrialisation de Madagascar (CNIM). Une organisation indépendante qui n'est rattachée à aucune des parties et dont le rôle est d'assurer le pilotage stratégique du pacte et d'assurer le suivi de la mise en oeuvre des engagements. Chaque signataire du pacte désignera un membre pour le CNIM. L'EDBM siègera en qualité de conseiller et secrétaire technique.

Pour le ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation, ce pacte pour la programmation industrielle vient s'ajouter à la loi sur les investissements et la loi sur les coopératives récemment adoptées dans le cadre de l'amélioration de l'environnement des affaires. En attendant l'adoption des décrets d'application de la loi sur le développement industriel, sur le Fonds National de Développement Industriel et de la loi sur les investissements.

Les grandes lignes du pacte

La vision principale est de doubler la part de l'industrie dans le PIB de 15 à 30 % d'ici 2040, en mettant l'accent sur une transformation optimale de nos ressources locales et l'amélioration de notre compétitivité. Cinq secteurs prioritaires considérés comme porteurs des meilleurs avantages comparatifs du pays sont ciblés: l'agro-industrie, le textile, les huiles essentielles et extraits, la transformation minière et l'énergie.

Le pacte définit les orientations stratégiques permettant d'atteindre ces objectifs, en définissant les engagements respectifs du secteur public et du secteur privé. Quatre orientations stratégiques transversales guident le pacte, à savoir l'amélioration du climat des affaires, la mise en place d'un choc de financement, l'amélioration des infrastructures et le développement de la formation adaptée aux besoins de l'industrie. Le pacte définit une vision propre à chaque secteur prioritaire et développe les stratégies et sous-stratégies y afférentes.

Pour assurer le respect et l'effectivité des engagements, le Pacte institue le Conseil national de l'industrialisation de Madagascar (CNIM) qui sera chargé du pilotage stratégique du pacte et du suivi et du contrôle des engagements des parties.

Il s'agit d'un organisme, entièrement indépendant, qui ne retient pas le caractère d'organisme paritaire public-privé mais où chaque signataire nomme un membre. Neuf entités constituent les premiers signataires du Pacte côté privé à savoir le GEM, Fivmpama, le SIM, GEFP, le GEHEM, le Symabio, le GFEM, la FOMM et l'APPAM. Le pacte est ouvert à toute entité impliquée dans l'industrialisation de Madagascar. L'adhésion au Pacte est volontaire et suppose l'acceptation des visions, orientations et engagements qui y sont inclus.

Satisfecit du secteur privé

« Il n'y a pas de développement sans le secteur privé », ont été les mots du ministre de l'Industrialisation et de la consommation, Edgard Razafindravahy, hier lors de la signature du pacte pour l'Industrialisation. Un pacte qui a pu mettre sur la même longueur d'onde État et secteur privé, dans le but de faire avancer davantage le processus d'industrialisation de la Grande île. Pour les opérateurs économiques du secteur privé, il s'agit tout d'abord d'un pas de géant, mais surtout d'une première en termes de rapprochement avec l'État, après des années d'incompréhension.

À en croire les signataires de ce contrat, ce pacte matérialise un engagement mutuel pris par l'État et le secteur privé d'assurer le développement industriel de Madagascar. Selon Tiana Rasamimanana, président du Syndicat des industries de Madagascar (SIM), les opérateurs du secteur privé sont satisfaits. « Nous sommes satisfaits des clauses inscrites dans le pacte sur l'industrialisation car le secteur privé a participé à son élaboration avec le ministère de l'Industrialisation. Maintenant, les responsabilités sont définies tant pour l'État que pour le secteur privé. Une fois les échéances du calendrier terminées, chacun est tenu pour responsable », assure-t-il.

Les industriels ainsi que les entreprises malgaches ne peuvent s'empêcher de constater la vitesse avec laquelle le processus de développement industriel s'est accéléré à Madagascar, notamment avec le pacte. « Force est de constater que ces 18 derniers mois, l'élaboration des programmes et processus pour atteindre l'Industrialisation de la Grande île s'est considérablement accélérée », évoque Rivo Rakotondrasanjy, président du Groupement des Entrepreneurs de Madagascar ou Fivondronan'ny Mpandraharaha Malagasy (FIVMPAMA).

« Nous tenons à saluer toutes les parties prenantes pour cette initiative d'accorder les violons de l'État avec le secteur privé, notamment les entreprises malgaches, qui ont participé à l'élaboration du pacte, mais aussi le ministère de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation », ajoute-t-il.

Les attentes du secteur privé, par rapport à ce pacte, peuvent se résumer à la question de la continuité de l'État. Pour ce contrat, tout aussi unique qu'exceptionnel, une garantie est donnée afin de garantir l'imperméabilité de la programmation aux aléas politiques et aux changements de régime dont le secteur privé fait trop souvent les frais. « Nous espérons réellement que pour cette fois, la continuité de l'État sera garantie », confie Tiana Rasamimanana.

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