Dakar — Pastef-Les patriotes, le parti de l'opposant Ousmane Sonko, va user des "voies légales" pour faire annuler la décision du président de la République relative à sa dissolution, a déclaré son bureau politique national.
Cette formation politique a été dissoute par un décret du chef de l'Etat, Macky Sall, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome, lundi 31 juillet.
"Pastef, à travers ses dirigeants et ses instances, a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels", ce qui "a entraîné de lourdes conséquences incluant de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux blessés, ainsi que des actes de saccage et de pillage de biens publics et privés", a écrit M. Diome dans un communiqué.
"Pastef-Les patriotes n'a [...] pas encore reçu une quelconque notification de sa dissolution. Et dès que nous la recevrons, nous l'attaquerons par les voies légales, car ce décret est d'une illégalité flagrante", a déclaré le bureau politique national du parti d'Ousmane Sonko, dans un communiqué.
Il dénonce en même temps une mesure "antidémocratique" et dit considérer sa dissolution comme "un acte administratif abusif et illégal".
"La seule chose qui vaille, c'est la participation" de son leader et "porteur du projet Pastef", Ousmane Sonko, "à la présidentielle de 2024", soutient le parti.
Cette formation politique a été "légalement constituée" et s'acquitte de "toutes [ses] obligations légales", soutient son bureau politique national.
"Pastef n'a jamais commis une infraction et n'a jamais fait l'objet de poursuites" judiciaires, arguent ses dirigeants.
L'annonce de la dissolution du parti est survenue quelques heures après que son leader, candidat à l'élection présidentielle de 2024, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt par un juge d'instruction.
Arrêté vendredi 28 juillet et placé en garde à vue, Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor (sud), est poursuivi en justice pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'État, complot contre l'autorité de l'État, actes et manoeuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves.
Selon le parquet du tribunal de grande instance de Dakar, M. Sonko est également soupçonné d'avoir commis des faits d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, de vol d'un téléphone portable et de diffusion de fausses nouvelles.
Deux personnes ont trouvé la mort dans des manifestations tenues à Ziguinchor à la suite de son inculpation et de la dissolution de son parti.