Dakar — L'emprisonnement d'Ousmane Sonko et la dissolution de son parti Pastef- Les Patriotes sont les principaux sujets traités par les quotidiens reçus mardi à l'Agence de presse sénégalaise (APS).
"Double peine pour Ousmane Sonko", affiche à sa Une Le Soleil qui fait allusion au placement sous mandat de dépôt du leader du parti Pastef et la dissolution de son parti.
L'opposant Ousmane Sonko, leader de Pastef-Les Patriotes, a été inculpé, lundi, et placé sous mandat de dépôt pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sureté de l'État, complot contre l'autorité de l'État, actes et manoeuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, mais également vol de téléphone portable, entre autres.
Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur a annoncé que le parti les Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) a été officiellement dissous, justifiant cette décision par le fait que »Pastef, à travers ses dirigeants et ses instances, a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels ».
C'est »l'escalade », selon Sud Quotidien. »Ousmane Sonko en prison », titre Libération, faisant état de trois morts à Dakar et à Ziguinchor dans les manifestations qui ont suivi l'annonce de son placement sous mandat de dépôt ».
Le Témoin parle de »nuit noire sur la démocratie ».
»(...) nous avons connu hier la fin provisoire d'un suspense qui n'en était pas un en vérité puisque c'était un secret de Polichinelle depuis des mois que le régime avait l'intention d'emprisonner sous n'importe quel prétexte Ousmane Sonko et de dissoudre son parti. Des responsables politiques et des chroniqueurs connus pour leur proximité avec la présidence de la République ne cessaient de réclamer ces deux mesures et tout le monde savait qu'ils ne pouvaient le faire sans avoir l'onction du Chef suprême. C'est donc dire que les deux coups de canif portés hier à la démocratie sénégalaise, à savoir le placement sous mandat de dépôt du chef de l'opposition et la dissolution de son parti, n'ont même pas eu le mérite de la surprise", écrit le journal.
»Avec l'emprisonnement d'Ousmane Sonko, suivi de la dissolution de son parti, Pastef, le pouvoir risque de faire face à une série de manifestations violentes », estime WalfaQuotidien qui note: »Le pays risque de nouer avec la tension comme ce fut le cas ces deux dernières années. Un cocktail explosif auquel Macky et ses collaborateurs doivent se préparer »
Parlant de Pastef-Les Patriotes, le journal écrit: »Cette formation, née en 2014, a, en si peu de temps, réussi à surclasser bien des partis, toutes obédiences confondues (gauche, droite et centre). Et de tous les leaders politiques réunis, le fondateur de ce parti a été celui qui aura le plus eu à faire face au rouleau compresseur de l'Etat et de la toute puissance de ses moyens de répression ».
Macky Sall "déchire le projet" Pastef, selon le quotidien Bës Bi.
"Il était aux portes du Palais. C'était en tout cas le chemin que beaucoup lui avaient tracé. Mais parce que cet homme à la taille longiligne se voyait aussi taillé un costume de 5e président de la République. Difficile de lui ôter un tel statut au regard de ses résultats électoraux, politiques. Sa popularité. Un populiste aussi", écrit le journal.
"Sonko avait tout ce qu'un leader politique devait chercher pour séduire. Le verbe, le ton, les mots, l'éloquence... Certains disent l'élégance pour s'imposer dans cette arène politique. Sa jeunesse, l'autre atout. Son discours de rupture et d'antisystème - qui n'a pas trop résisté à l'épreuve des calculs politiques - mais qui accroche particulièrement des jeunes. Un homme de la gauche en réalité. Une autre +nouvelle gauche+. Il ne le revendique pas, mais il en applique les idées, se réfère à ses combattants et s'entoure de ses symboles", lit-on encore dans le portrait que lui a consacré la publication.