L'accalmie n'aura duré que 24h, la journée du dimanche 30 juillet 2023. Après la soirée du vendredi 28 juillet, suite à l'annonce de l'arrestation du leader de Pastef/les Patriotes, Ousmane Sonko, et le lendemain samedi 30 juillet, des jeunes ont remis ça, hier lundi. Alors qu'Ousmane Sonko faisait face au juge, au Palais de Justice Lat-Dior, des manifestations ont éclaté un peu partout dans Dakar et sa banlieue, transformant la capitale en une ville fantôme.
Des commerces fermés. Des services ayant baissé rideaux. Une circulation très fluide, avec moins de véhicules sur les routes, contrairement à ce l'on a l'habitude de voir les lundis, avec des embouteillages monstres dès les premières heures de la matinée. Des restes de pneus et bois calcinés et des débris de briques et autres grosses pierres, ayant servi de barricade lors des manifestations de vendredi et samedi, aux abords des routes. Malgré une tension perceptible et même «prévisible», une calme précaire règne sur Keur Massar et environs, lundi. Mais pas pour longtemps. Puisque ce semblant de quiétude sera vite interrompu par des détonations assourdissantes de bombes, grenades lacrymogènes et des sirènes de véhicules de la Gendarmerie faisant la ronde.
En effet, alors que l'audition du président du parti Pastef/Les Patriotes, Ousmane Sonko, se poursuivait au Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, en fin de matinée, des jeunes ont barré la route des Niayes, brûlant des pneus et dressant des barricades à différents endroits de cette voie principale et d'autres rues bitumées ou en pavé du 46e département du Sénégal. Les Forces de l'ordre déjà fortement déployées aux alentours et sous le nouvel autopont ont riposté par des jets de gaz et lacrymogènes, pour disperser les manifestants qui venaient d'investir les rues principales, perturbant ainsi la circulation automobile par endroits. Poussant les rares commerces et services encore ouverts à fermer, transformant la commune en une ville morte ou fantôme.
En plus des blindés, fourgonnettes et autres véhicules de la Gendarmerie, des pick-up remplis d'hommes en civil pourchassaient des jeunes jusque dans les quartiers. Faisant renaître la psychose et remettant au goût du jour le débat sur le recours à de nervis (aux côtés des Forces de l'ordre), toujours décrié notamment lors des manifestations des 1er, 2 et 3 juin dernier ayant fait officiellement 16 morts selon les autorités, 23 selon Amnesty International et 30 dont 4 corps non identifiés, à en croire Pastef.
UNE DIZAINE DE MANIFESTANTS ARRETES AUX ABORDS DU PALAIS DE JUSTICE LAT-DIOR
En dehors de Keur Massar, des manifestations ont été enregistrés dans plusieurs autres quartiers de la capitale, Dakar, et sa banlieue, la journée d'hier lundi. De Pikine où ces manifestations se sont poursuivies jusque tard dans la soirée, à Castor..., partout c'est le même scénario : barricades et pneus brulés sur les routes et les Forces de l'ordre qui ripostent par des jets de grenades lacrymogènes. Il s'agit souvent de groupes ou groupuscules de jeunes très mobiles qui agissent et disparaissent dès l'arrivée des agents de sécurité, pour se redéployer ailleurs.
Aussi, à travers des images sur les réseaux sociaux, la situation était indescriptible sur le prolongement de la Voie de dégagement nord (VDN3). L'on voit, à travers ces vidéos, «un mont» de gravats déversés sur la chaussée par un ou des camions, coupant la route en deux et rendant impossible la circulation sur une bonne partie de cet axe très fréquenté.
Plus loin, au Centre-ville, une dizaine de personnes ont été arrêtés aux abords du Palais de Justice Lat-Dior de Dakar où Ousmane Sonko était entendu par le doyen des juges, Oumar Makham Diallo. Selon un agent de Police en civil, ces individus, visiblement des manifestants, ont été appréhendés avec des sacs contenant des cocktails Molotov.
LA CIRCULATION DES TRAINS PERTURBEE, L'AUTOROUTE A PEAGE BLOQUEE
Les manifestations liées à l'arrestation et l'audition d'Ousmane Sonko n'ont pas épargné le système de transport de masse de la capitale, le Train express régional (TER). A travers un communiqué qu'elles ont signé, la SETER et SENTER renseignent que «la circulation des trains est actuellement perturbée en raison d'actes de malveillance». Et la note d'indiquer que «les équipes du TER restent mobilisées auprès des usagers».
Auparavant, tôt le matin, le trafic a été perturbé sur l'autoroute de l'Avenir ou autoroute à péage, à cause des manifestations. Selon un communiqué de la société Eiffage, cet incident est survenu «en raison des manifestations». Suffisant pour qu'Eiffage invite les usagers à «éviter tout déplacement non obligatoire». Le calme reviendra dans la soirée, dans plusieurs quartiers.
I.DIALLO