Ile Maurice: Recommandations du FMI - Pas le moment de lever le pied sur le durcissement de la politique monétaire

En pleine lutte contre l'inflation, les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) sont encourageantes : la croissance mondiale devrait atteindre environ 3 % cette année, tandis que l'inflation mondiale devrait ralentir, passant de 8,7 % l'année dernière à 6,8 % cette année, pour ensuite redescendre à 5,2 % en 2024.

Bien que la situation semble s'améliorer à l'échelle mondiale, le FMI prévient que la bataille contre l'inflation est loin d'être gagnée. Il est donc essentiel d'éviter de baisser les taux d'intérêt prématurément, c'est-à-dire avant que l'inflation ne montre des signes clairs et durables de ralentissement.

À Maurice, le taux d'inflation en glissement annuel s'établit à 7,9 % en juin 2023. Cependant, si l'on exclut les produits alimentaires, les boissons, le tabac, les intérêts hypothécaires sur les prêts au logement, l'électricité et le gaz, ainsi que les autres carburants, on voit que le taux d'inflation local (Core 2 inflation), atteint environ 7 % en juin, contre 5,8 % en juin 2022. Si l'on prend en compte le taux d'inflation en glissement annuel, on constate qu'il est encore loin du niveau observé en juin 2019, qui était de 0,6 %. Ceci indique clairement que la lutte contre l'inflation reste d'actualité dans notre cas.

Pour commencer, au niveau des indices, le prix du carburant (Brent Crude) atteint USD 84,9 le baril. Quant à l'indice FAO des prix des produits alimentaires, il s'est établi en moyenne à 122,3 points en juin 2023, enregistrant une baisse de 1,7 point (soit 1,4 %) par rapport au mois de mai. Bien que nous ne soyons pas encore revenus au niveau de stabilité pré-Covid, ces indices démontrent une certaine amélioration de la situation à l'échelle mondiale. Pourtant, l'inflation ne baisse pas aussi vite qu'on le voudrait. Dans ce contexte, la Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté ses taux d'intérêt d'un quart de point de pourcentage mercredi dernier. Le président de la Fed, Jerome Powell, a expliqué que l'économie devait encore ralentir et que le marché du travail devait s'affaiblir pour que l'inflation revienne de manière «crédible» à l'objectif de 2 % fixé par la banque centrale américaine.

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À la suite de cette décision, le taux d'intérêt se situe désormais dans une fourchette de 5,25 % à 5,50 %. Dans ce cas précis, l'objectif est clair : si la croissance doit en pâtir, ainsi soit-il, mais la priorité absolue demeure la lutte contre l'inflation. À Maurice par contre, notre priorité semble ambiguë car la stratégie actuelle consiste toujours à stimuler la croissance par la consommation, même en période d'inflation. Le maintien du taux directeur à 4,5 %, qui constitue, certes, un grand soulagement pour les ménages, prête à confusion sur la volonté de ralentir sérieusement l'inflation dans le pays. Tout aussi ambiguë, la stratégie d'éponger l'excès de liquidité semble perdre en vigueur avec le rendement des «bonds» qui sont moins lucratifs, considérant le taux d'inflation.

À titre d'exemple, le prospectus pour l'achat de Government of Mauritius Treasury Certificates (GMTC), émis le 27 juillet, mentionne que pour la période allant du 28 juillet au 3 août 2023, les GMTC bénéficieront d'un taux d'intérêt de 3,63 % par an, en dessous du taux directeur et certainement en dessous du taux d'inflation. Il est évident qu'un marché des obligations moins lucratif décourage les investissements dans celles-ci, mais pourrait en revanche encourager les spéculations sur le dollar, qui continue à prendre de la valeur.

Justement, dans un premier temps, une hausse des taux d'intérêt aux États-Unis entraînerait un renforcement de la valeur du dollar, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour nous, car le dollar est notre principale monnaie d'échange. En effet, au premier trimestre de 2023, le dollar représentait 69,5 % des transactions pour nos importations. D'ailleurs, selon le taux de change indicatif de la SBM, le dollar s'échange actuellement à Rs 46,25. Il ne nous reste donc qu'à voir la stratégie qu'adoptera la Banque de Maurice dans ce contexte.

Le FMI encourage de son côté les banques centrales à continuer à surveiller le système financier et à être prêtes à utiliser leurs autres outils pour maintenir la stabilité financière. À titre d'exemple, après des années de soutien budgétaire important dans de nombreux pays, le moment est venu, au niveau des autorités, de rétablir progressivement une politique budgétaire prudente et de donner à la dynamique de la dette une assise plus durable par une consolidation fiscale qui reste favorable aux plus vulnérables. Ceci contribuera à préserver la stabilité financière et à renforcer la crédibilité globale de la stratégie de désinflation. Dans notre cas, les élections générales étant proches, nous ne sommes pas sortis de l'auberge !

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