Le Sénégal est encore sous le coup de l'émotion de la dissolution le 31 juillet du parti le Pastef, parti d'opposition dirigé par Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall et candidat à l'élection présidentielle de février 2024 - actuellement en prison. Un parti dissous pour avoir appelé à des mouvements insurrectionnels, selon le ministère de l'Intérieur.
Alors que Macky Sall avait publiquement renoncé à briguer un troisième mandat et que les barrières de polices avaient été levées autour du domicile d'Ousmane Sonko, les indicateurs étaient à l'apaisement politique... C'est donc avec surprise que Déthié Fall, du Parti républicain pour le progrès, apprend la dissolution du Pastef, son allié dans la même coalition, Yewwi Askan Wi.
Pour Aminata Touré, ancienne Première ministre qui fait désormais partie de l'opposition, cette dissolution est le signe d'un recul démocratique : « On retombe dans une tension, à six mois des élections, et je considère qu'il faut revenir sur ces mesures, qu'il faut rétablir le Pastef et il va falloir également libérer Ousmane Sonko. »
Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty International au Sénégal, estime lui aussi que cette dissolution est un retour en arrière : « Le seul cas de dissolution de parti politique que le pays a connu, c'était au tout début de l'indépendance, en 1960, avec la dissolution du Parti africain de l'indépendance, dissous par Léopold Sédar Senghor. »
Mais pour Pape Mahawa Diouf, porte-parole de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, le démantèlement du Pastef était nécessaire : « Le Pastef est un parti qui avec son leader a pris comme style inédit la violence et l'injure, des menaces, des destructions de biens publics, privés. »
Le bureau politique du Pastef a déjà annoncé qu'il attaquera par les voies légales ce décret de dissolution qu'il estime être d'une « illégalité flagrante ».