Ainsi que nous le subodorons, la prise des sanctions drastiques pour ne pas dire inhumaines par la CEDEAO contre le peuple nigérien et ses nouvelles autorités a soulevé des contradictions fondamentales entre le courant des souverainistes de l'institution et celui qu'on appellera les « orthodoxes ", du fait que ceux-ci se sont assis sur les principes sacro-saints de la communauté avec des risques incommensurables pour la survie de celle-ci.
Bâtie sur les principes multiséculaires qui ont toujours fondé la culture africaine, notamment la solidarité, l'entraide et le respect de la souveraineté des Etats membres, la CEDEAO a délibérément choisi de s'asseoir sur lesdits principes lors de son récent sommet d'Abuja, en menaçant le Niger des « feux de l'enfer » si d'aventure le président Bazoum n'était pas réinstallé à son poste.
Une décision qui, si elle venait à être effective, mettrait le feu à la région entière jusqu'au bord de la méditerranée au prétexte de défense des idéaux démocratiques, alors que les raisons de cette danse du diable se trouvent ailleurs. Il ne vous aura pas échappé que le missi dominici de la CEDEAO au Niger, est un « corps étranger » à l'espace, le président tchadien, Mahamat Deby, en l'occurrence.
Quiconque connaît la proximité de ce dernier avec Paris, sait qu'il est allé à Niamey avec un deal : demander aux autorités de maintenir le statu quo ante en matière militaire et sécuritaire, autrement dit garder les troupes occidentales sur leur sol. A la suite de quoi et dans un scénario qu'ils maîtrisent bien, les occidentaux adouberaient le pouvoir de Niamey.
Le sort de Bazoum étant bien scellé, place donc aux affaires, qui s'étendent à l'uranium dont le pays est le premier fournisseur mondial et le « containment » des terroristes libyens par un contrôle rapproché et permanent. Un bal masqué où tous les coups sont permis, et, les autorités burkinabè et malienne l'ont très bien compris et veulent mettre le holà.
La démocratie a bon dos, dans cet épisode de la vie de nos Nations en quête de souveraineté et de développement autocentré et intégré. Le Niger doit donc rester ferme sur ses positions et jouer la carte de la redéfinition des relations avec tous ses partenaires pour mériter de l'histoire. Les effets de manche et les déclarations guerrières de vieux chevaux de retour ne devraient aucunement l'effrayer car l'esclave qui refuse de se libérer de ses chaînes ne mérite pas qu'on s'apitoie sur son sort. Quant à la CEDEAO, elle est définitivement à la croisée des chemins.