L'affaire fait grand bruit. Une guérisseuse traditionnelle a réussi à s'évader, avec l'aide de soldats, dans la nuit du vendredi à samedi. Le procureur général explique que l'interpellation de la guérisseuse et plusieurs autres personnes faisait suite à des faits « de coups et blessures volontaires » et « d'actes de torture » sur un individu et diffusés sur les réseaux sociaux.
La guérisseuse du nom d'Amsetou Nikiema avait été arrêtée avec une dizaine d'autres personnes vendredi. Elle s'est échappée des mains de la garde de sécurité pénitentiaire au petit matin du samedi 29 juillet avec l'aide de militaires.
Vendredi soir, la dizaine d'accusés attendaient d'être conduits en détention, quand le palais de justice a été encerclé par des militaires en armes, venus exiger la libération de la guérisseuse. Les gardes de la sécurité pénitentiaire s'y opposent. Et les véhicules militaires font machine arrière. Mais finalement, au petit matin du samedi, la guérisseuse est extraite du fourgon, sur instruction du directeur général de l'administration pénitentiaire et remise aux militaires prétendument membres de l'Agence nationale du renseignement.
« Ils indiquent avoir agi sur ordre du ministre de la Justice », explique le procureur général Laurent Poda.
Colère du monde de la justice burkinabé. Les avocats, les greffiers, et le mouvement burkinabè des droits de l'homme condamnent tous cet évènement. Les magistrats suspendent même leurs activités dans toutes les juridictions. Toute la chaine judiciaire exige le retour de la guérisseuse à la maison d'arrêt.
« Vu la gravité des faits », et cette énième « agression non fondée et inacceptable », le procureur du Faso près du tribunal de grande instance de Ouaga 2 demande l'ouverture d'une enquête pour des faits « d'évasion, de complicité d'évasion et de discrédit sur un acte juridictionnel ».
Rasmane Zinaba, membre de la Coordination nationale du Balai citoyen, dénonce de son côté le climat délétère actuel au Burkina Faso.
01:00 Rasmane Zinaba: le Balai citoyen condamne l'immixtion des militaires dans la justice