L'Autorité nationale des élections (ANE) continue de plancher sur les résultats du référendum du 30 juillet censés être annoncés au plus tard le 7 août. Les Centrafricains se sont exprimés sur un projet de nouvelle Constitution, qui devrait permettre au président Faustin-Archange Touadéra de briguer un troisième mandat. Mais l'opposition s'inquiète du silence international autour du processus, et dénonce une forme d'abandon de la démocratie dans le pays.
À partir de l'annonce du scrutin le 30 mai dernier, les diplomaties occidentales ont en effet pesé leurs mots sur le sujet, alors qu'un dégel s'est opéré avec Bangui ces derniers mois, sur fond de tentative américaine de détourner la République centrafricaine de Wagner.
« La neutralité des ambassadeurs a été très appréciée », explique à RFI un des cadres du gouvernement qui nous reçoit dans son bureau. « C'est une bonne approche, on attend maintenant un signal fort pour un partenariat gagnant-gagnant », poursuit-il.
« Entre deux maux, on préfère le moins pire, donc oui, on laisse passer »
Alors que l'opposition dénonce la perspective de la « présidence à vie », le chef de l'État Faustin-Archange Touadéra a bénéficié du désintérêt, de la lassitude, ou de la mansuétude des Occidentaux.
En juin, l'ambassadrice américaine à Bangui s'était par exemple contentée de demander un « processus ouvert, transparent, libre et équitable ». Des mots très proches de ceux employés par la France.
« On est sur une position : tout sauf Wagner », concède un diplomate, qui reconnaît sans ambages : « Entre deux maux, on préfère le moins pire. Donc, oui, on laisse passer en espérant une avancée sur les Russes ».
Cette logique hérisse les adversaires du président. « Les démocrates de ce pays sont orphelins », souffle Crépin Mboli-Goumba. « On va se retrouver avec un arc russe en Afrique et la RCA comme plateforme militaire. Pendant ce temps, les Occidentaux font de la sensiblerie, et ça renforce la dictature ici », se désole le coordonnateur du Bloc républicain pour la défense de la Constitution.
Plusieurs diplomates estiment néanmoins que la publication de résultats non crédibles pourrait donner lieu à des condamnations.