Ile Maurice: Trou-d'Eau-Douce - Branle-bas de combat pour sauver une Wetland

Depuis samedi, le paisible village de Trou-d'Eau-Douce est en ébullition. Plusieurs habitants sont révoltés contre l'accaparement d'un terrain d'État par un habitant. Ce dernier a non seulement jeté des tonnes d'ordures en béton et en fer rouillé sur le terrain, mais y a aussi construit deux colonnes en dur. Hier, les officiers du ministère des Terres ont effectué un constat des lieux.

Situé non loin de la zone du débarcadère, le bassin Turmel est menacé. Et cette situation a provoqué un mécontentement général parmi les habitants. Ces derniers s'inquiètent de l'appropriation illégale d'une zone humide (Wetland) et de la détérioration de l'environnement causée par le dépôt d'ordures. Sans parler des deux colonnes en béton ajoutées sur le terrain, qui soulèvent des interrogations quant aux intentions du propriétaire «illégitime».

Ange Rosette, ancien conseiller du village, confie qu'en 1991, il avait approché le ministre de l'Environnement d'alors, Rajesh Bhagwan. Il lui a fait comprendre que cette zone devrait être protégée car elle abrite non seulement une source, mais aussi de nombreux arbres centenaires. Grâce à l'intervention de l'ancien ministre, la zone a été décrétée «Wetland».

Or, plus de trente ans après, il est déplorable de constater que malgré cette protection, des tonnes d'ordures sont entreposées dans la zone. Alors qu'elle aurait dû être préservée de toute construction, une structure a été érigée sur le terrain. «Nous, les habitants, nous ne comprenons plus rien. Ce propriétaire a ramassé toutes sortes d'ordures et est venu les entreposer sur ce terrain. C'est devenu un vrai dépotoir.» Ce qu'Ange Rosette ne comprend pas, c'est comment cet habitant a pu s'octroyer ce terrain. «D'autres personnes ont essayé, mais leur construction a été démolie, d'autres encore n'ont pas eu accès à ce terrain, celui-ci étant un endroit protégé.»

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C'est la raison qui pousse ce retraité, ainsi que tous les autres habitants de l'endroit, à se tourner vers les autorités concernées. «Cette région était un vrai verger. On y avait plusieurs 'pié zak', des coeurs de boeufs, des prunes malgaches et des arbres centenaires. La majorité a été détruite ou enlevée. Nous avions introduit dans le bassin des tortues et des baies rouges. Certes, avec le temps, les enfants ont pêché certains poissons. Nous avions même dans l'idée de faire un kiosque afin que les chauffeurs de taxis puissent s'y reposer le temps d'attendre leurs passagers partis en excursion à l'Île-aux-Cerfs...»

Au niveau du district, on s'active face à cette situation, comme le soutient Sawan Racktoo, conseiller. «Nous avons demandé à cet habitant de produire les documents qu'il possède pour la construction de cet édifice, et il a déposé un contrat à la police. Or, cela ne concernait pas cette construction.» Face à ce problème, il s'est enquis auprès du conseil de district et a découvert que ladite personne ne possédait pas de Building and Land Use Permit.

«Aucun panneau n'a été placé pour décrire la nature de la construction, et entre-temps, deux structures en béton ont été construites illégalement.» La semaine dernière, un officier du District Council a envoyé un 'Stop Order' à cet habitant, mais il a déclaré n'avoir rien reçu. «L'Assistant Chief Executive et moi-même, nous nous sommes rendus au poste de police pour leur montrer le document que l'habitant a reçu et qu'il n'a pas respecté.» Entretemps, des correspondances ont été envoyées au ministère des Terres et à celui de l'Environnement.

Une équipe du ministère des Terres s'est justement rendue sur place hier. Ils ont questionné les habitants et ont ensuite visité les lieux. Ils ont également évalué les structures existantes et ont procédé à un arpentage du terrain en suivant le plan qu'ils avaient en leur possession. Par la suite, ils ont voulu rassurer les habitants de la région, qui s'étaient déplacés, en leur assurant que les mesures nécessaires seraient prises.

Ils ont précisé que le terrain appartient au gouvernement et que personne n'a le droit d'y construire quoi que ce soit sans permis. En tout cas, les habitants ont fait comprendre qu'ils prendront leur mal en patience car ils espèrent que non seulement les deux structures en béton, mais aussi tous les déchets qui se trouvent sur ce terrain, vont disparaître prochainement.

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