Ile Maurice: Au département radiothérapie de l'hôpital Candos - Pagaille et exaspération des patients

Ceux souffrant d'un cancer sont nombreux à se rendre à l'hôpital Victoria, à Candos, pour leurs traitements. Entre conditions sanitaires déplorables et appareils de radiothérapie qui tombent souvent en panne, ces patients, qui viennent de différentes régions de l'île, passent une grande partie de leur journée dans une file d'attente interminable et sans priorité.

Exaspérés, ils n'ont autre choix que de prendre leur mal en patience car c'est le seul département d'oncologie du pays. Pourtant, le ministère de la Santé ne cesse de rassurer le public que toutes les mesures sont prises pour qu'ils reçoivent les meilleurs traitements possibles.

Accéder à la salle d'attente du département de radiothérapie (RT Dept) et d'oncologie de l'hôpital Victoria relève déjà d'un véritable parcours du combattant. Le département se trouve tout au fond de l'établissement hospitalier. Une personne qui s'y rend et n'ayant pas de moyen de transport doit marcher une bonne dizaine de minutes, voire plus, avant d'arriver à la salle d'attente.

Pour ceux qui viennent en voiture, c'est un véritable casse-tête car le nombre de places de stationnement est limité. Donc, le proche qui accompagne le patient peut juste le déposer et doit se débrouiller pour trouver un endroit pour se garer. Impossible de laisser sa voiture à l'entrée du département le temps d'aider le patient à prendre place dans la salle d'attente car le vigile présent prévient tout de suite qu'on n'a pas le droit d'y laisser sa voiture.

Journée cauchemardesque

Devant le comptoir pour présenter sa carte de rendez-vous, c'est une véritable pagaille. Un seul guichet est opérationnel et bien que le ministère se vante depuis des années de l'informatisation du système de santé, tout se fait toujours manuellement. Sur la table d'un couloir, les patients qui ont rendez-vous le jour-même y inscrivent leur nom et tout le monde peut y avoir accès.

À l'intérieur de la salle principale, les choses ne s'arrangent pas. Les places assises ne sont plus disponibles. Une autre journée cauchemardesque en vue. Il y a déjà plus d'une dizaine de cartes de rendez-vous dans la petite boîte déposée au guichet qui sert également de réception. Le personnel soignant semble être lui-même perdu dans tout ce désordre.

«Pouvez-vous nous indiquer où doivent attendre les personnes venues pour la radiothérapie ?», demande-t-on à un infirmier qui semble être plus intéressé à répondre à ses appels téléphoniques qu'à voir comment aider les patients. «Éna inpé partou partou. Get get par lamem», répond-il.

«Rien n'a changé»

À chaque rendez-vous, le patient doit arriver très tôt pour avoir une chance de rentrer chez lui tôt. Simla, une habitante de Rose-Belle qui accompagne sa soeur, explique qu'elle a quitté la maison à 5 h 30 du matin pour être à l'hôpital à 9 heures. «Sur la carte de rendez-vous, on met toujours 9 heures, mais les traitements ne commencent jamais à cette heure-ci.

Pourtant, il faut venir tôt pour être parmi les premiers. Chaque jour, il y a plus d'une centaine de personnes qui viennent ici. Cela fait quatre ans que ma soeur y vient et rien n'a changé. Le nombre de patients augmente, mais le personnel disponible reste le même», dit-elle. La jeune femme souligne, d'autre part, que sa soeur n'a pas le choix car les autres hôpitaux n'offrent pas ces soins et que dans le privé, cela coûte une fortune.

Tous ceux que nous avons rencontrés s'accordent à dire qu'il est grand temps de décentraliser les services fournis par ce département d'oncologie de l'hôpital de Candos. Ils sont aussi d'avis qu'il faut mettre sur pied un RT Dept dans un autre établissement hospitalier pour réduire le temps d'attente et offrir un meilleur service aux patients.

L'appareil de radiothérapie souvent en panne

Le seul département d'oncologie de l'île ne compte que trois appareils de radiothérapie depuis plusieurs années. En dépit des maints engagements du ministère de la Santé pour offrir des appareils dernier cri pour le traitement des patients souffrant de cancer, le constat reste le même. L'appareil en fonction continue de faire des siennes.

À tel point que les rendez-vous de plusieurs patients auraient été renvoyés plusieurs fois. Et ce n'est pas la première fois qu'il tombe en panne. D'après les patients, cela arrive «très souvent». «Plusieurs fois, mon rendezvous a été renvoyé car la machine ne marchait pas. L'appareil de MRI (NdlR, Magnetic Resonance Imaging) tombe aussi souvent en panne», dit un habitant de Rose-Hill. Comme lui, ils sont nombreux à faire des aller-retours à la Cancer Unit de l'hôpital de Candos. Chaque année au Parlement, le ministère de la Santé dresse une liste de projets pour la prise en charge des patients souffrant d'un cancer. Dans l'attente de la réalisation de ces projets, la situation reste entière et le Centre d'oncologie de Candos est un véritable cancer.

Sollicité, le responsable de communication du ministère de la Santé rassure que deux appareils de radiothérapie sont opérationnels et qu'il n'y a qu'un seul en panne. «Le département s'assure que les patients ne sont pas pénalisés et que ceux qui auront besoin de traitements plus poussés seront envoyés à l'étranger. Des fois, des rendez-vous sont rescheduled parce qu'il y a trop de personnes et qu'il faut donner priorité aux cas urgents», dit-il

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