Sénégal: »Edeu Keur », un orphelinat pour Tambacounda et les pays voisins

Tambacounda — L'orphelinat « Edeu Keur » mis en place à Tambacounda, en collaboration avec l'Action éducative en milieu ouvert (AEMO), compte une trentaine de pensionnaires venus de la région orientale et des pays voisins (Gambie, Mali, Guinée-Bissau, Guinée et Mauritanie), a appris l'APS de sa directrice, Géraldine Siré Bidiar Magassa.

Dans un entretien avec l'APS, Mme Magassa explique les motivations de la mise en place de cet orphelinat, qui au début était "un centre d'accueil" qui recevait et continue à recevoir des personnes de tout âge. En 2001-2002, rappelle la directrice de « Edeu Keur », il n'y avait aucune structure dédiée à l'accueil des orphelins sur toute l'étendue de la région de Tambacounda.

Elle évoque aussi la situation des enfants affaiblis et mal nourris à la suite de la perte de leurs mamans. Du centre de réhydratation nutritionnel de Tambacounda, ils sont orientés vers les vers les pouponnières de Mbour ou des Soeurs franciscaines de Dakar, parce que leurs parents n'avaient pas les moyens pour les entretenir.

Géraldine Siré Bidiar Magassa s'en est alors ouverte au médecin-chef de région d'alors, Dr Diawara, pour lui convaincre qu'il fallait « impérativement » mettre en place une maison d'accueil pour ces enfants.

« Aussi avec les pesanteurs religieux, quand des mamans ou des femmes d'émigrés contractent des grossesses non désirées, la suite était souvent triste pour elles, en fin de compte, il y avait beaucoup d'infanticides. Cela m'a mis en colère, c'est de là que j'ai eu l'idée de créer une maison d'accueil », dit la directrice de « Edeu Keur ».

L'absence de structures d'accueil dans la région à l'époque et la forte demande ont fait que "Edeu Keur" a accueilli des enfants qui fuguaient, les mamans célibataire rejetées par leurs familles et les enfants abandonnés, a souligné Géraldine S. Bidiar

« Nous recueillons toutes ces cibles en plus des enfants de la sous-région, du Mali, de la Gambie, de la Mauritanie et des deux guinées. Actuellement le centre compte 30 enfants et adolescents », précise-t-elle.

Concernant la tranche d'âges des pensionnaires de »Edeu Keur », l'ancienne aide-soignante au centre de réhydratation nutritionnel, affirme qu'il y a des enfants de "9 mois à 15 ans".

« Nous avons des donateurs qui passent chaque jour ou chaque semaine », signale t-elle. En plus, ajoute-t-elle, son centre bénéficie d'une subvention de la mairie qui s'élève à 500 mille francs CFA, une somme »largement insuffisante » pour couvrir les besoins de la structure.

»Elle ne peut même pas faire une semaine de dépense à la lumière des charges liées à la nourriture, au paiement du personnel, de la scolarité des enfants et de la prise en charge sanitaire », dit Géraldine Siré Bidiar Magassa.

Mme Magassa informe aussi que le centre bénéficie d'une subvention de la Primature. « Nous devrions rentrer dans la subvention de la Primature depuis le mois de mars, mais jusqu'à présent rien, c'est avec la précédente que j'ai payé les employés, acheté la ration alimentaire et réglé certaines factures", note la responsable du centre.

Elle affirme travailler en collaboration avec la justice, à travers l'Action éducative en milieu ouvert (AEMO) pour admettre un enfant dans son structure. « Avant d'accepter une maman en état de grossesse, je le signale au président du tribunal des enfants ou à l'AEMO », dit-elle.

"Je n'ai pas le droit de garder une personne ou un enfant qui n'a pas été ordonné par la justice, c'est l'AEMO qui écrit un rapport adressé au président du tribunal, après enquête, le tribunal délivre une ordonnance de garde provisoire (OGP)", explique le directrice de "Edeu Keur".

Selon elle, c'est l'AEMO qui déclare tous les enfants qu'ils soient abandonnés ou recueillis à l'orphelinat, ce qui leur permet de confectionner des actes de naissances à ces enfants.

Evoquant les difficultés auxquelles elle fait face dans la gestion de son orphelinat, Géraldine S. Bidiar, déplore une »diabolisation » dont elle fait objet, au point qu'elle peine à trouver des partenaires.

"J'ai même peur de solliciter certaines autorités locales, je préfère appeler à Dakar et solliciter des gens qui m'aident à n'importe quel moment de l'année ou du mois afin de régler certains besoins de l'orphelinat", dit Mme Magassa.

Elle appelle les bonnes volontés à l'aider à construire le terrain d'un hectare sur lequel doit être érigé le futur centre.

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