Tunisie: Prix subventionnés du pain - Comment des boulangeries s'organisent face à la grève?

En Tunisie, le 1er août 2023, certaines boulangeries dites « non classées » ont décidé de ne plus produire de pain. Elles protestent ainsi contre l'injonction des autorités de ne fournir que des baguettes à base de farine subventionnée, au prix symbolique de 190 millimes soit 0,05 centimes d'euros. Un sujet récurrent et sensible dans le pays. Mardi dernier, certains établissements ont tenté de répondre à la demande des Tunisiens, malgré tout.

Le 1er août 2023, certaines boulangeries pâtisseries ont décidé de suspendre leur production de pain après les déclarations du président de la République du 27 juillet sur la nécessité de ne faire qu' « un seul pain pour tous les Tunisiens » en référence à la baguette à base de farine subventionnée par l'État, au prix symbolique de 190 millimes soit 0,05 centimes d'euros, un prix qui n'a pas changé depuis 15 ans.

Dans le pays, la farine subventionnée, qui sert à produire ce pain, est partagée entre les boulangeries classées, qui ne produisent que ce pain, et les boulangeries dites « non classées », qui font aussi des pâtisseries et d'autres variétés de pain.

C'est là où le bât blesse : ces dernières sont accusées par la clientèle pour certaines, de mélanger la farine subventionnée à leurs pâtes pour ensuite produire des pains et les vendre plus cher sous prétexte que leur production coûte plus cher. Un conflit sur lequel devra se pencher le nouveau gouvernement tunisien, alors que les files d'attente s'allongent devant les boulangeries du pays.

« C'est la panique quand des gens entendent que telle personne a fait grève »

Mardi le mot d'ordre a été donné par le gouvernement aux boulangeries classées qui ne produisent que le pain « subventionné » : il faut répondre à la demande de la population, quoi qu'il arrive, pour faire face au mouvement de grève des boulangeries « non classées ».

Celles-ci sont accusées de jouer sur la subvention et de gonfler les prix du pain. Dans sa boulangerie de Raoued, où la file d'attente est déjà présente dès 8h du matin, Yassine Zliaa, boulanger, s'active pour fournir les baguettes à tous. « En fait, c'est une panique des gens quand ils entendent à la télé ou à la radio que telle personne a fait grève ou telle personne ne va pas fournir du pain, souligne-t-il. Il y a une panique, c'est normal. Mais nous, on va faire notre possible pour fournir du pain toute la journée ».

L'idée est de rediriger la farine vers ces boulangeries pour un meilleur contrôle sur les prix.

Dans le quartier du Bardo, la boulangerie-pâtisserie Ghanim a décidé de rester ouverte, contrairement à certaines de ses collègues en grève. Mais elle ne produit désormais que les baguettes subventionnées, comme l'explique le gérant Choukri Ouni, qui a été contrôlé deux semaines plus tôt. « Moi, c'est simple, les produits qui posent problème, je les ai enlevés, assure-t-il. Avant, je faisais du pain aux céréales, du pain complet, du pain semoule. Mais on m'a menacé de retirer la subvention si je ne vends pas des baguettes subventionnées. Du coup, j'ai coupé court et je ne fais que le pain subventionné, et c'est tout ».

Si le gouvernement a mis les bouchées doubles pour contrôler les pénuries et les risques d'arnaque, la crise risque de se prolonger avec le retrait de certaines boulangeries de la production.

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