Congo-Kinshasa: Santé - Vingt et une recettes locales améliorées pour prévenir la malnutrition

La malnutrition sous ses diverses formes demeure l'une des causes du taux élevé de la mortalité infantile en République démocratique du Congo. De toutes les différentes formes de cette maladie pourtant évitable, la malnutrition chronique caractérisée par le retard de croissance physique et intellectuelle est la plus fréquente. Elle touche plus la tranche d'âge d'enfants de six à vingt-trois mois.

A en croire le chef de division de la communication au Programme national de nutrition (Pronanut), Damien Kambale Sabuni, une récente étude sur la malnutrition a démontré que 42% d'enfants de moins de cinq ans, soit près d'un enfant sur deux, souffrent de malnutrition chronique. En somme, au moins neuf millions d'enfants de moins de cinq ans sont touchés par ce fléau.

Dans le cadre de la lutte contre cette maladie infantile, le Programme national de nutrition (Pronanut) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) recommandent l'allaitement maternel exclusif de l'enfant jusqu'à l'âge de six mois. Au-delà de six mois, l'enfant doit bénéficier d'une alimentation de complément. Si cette alimentation n'est pas adéquate et suffisante, elle peut provoquer la malnutrition chronique et conduire, le cas échéant, à la mort. "Parmi les causes de la malnutrition, il y a l'alimentation de complément qui n'est pas adéquate chez l'enfant de moins de cinq ans", a indiqué Damien Sabuni au cours d'une interview accordée au Courrier de Kinshasa.

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A partir de six mois d'âge, a-t-il expliqué, l'enfant doit bénéficier des aliments de complément en plus du lait maternel. Après vingt-trois mois, il doit continuer avec l'alimentation de complément. S'il ne reçoit pas l'alimentation complète pour sa croissance, l'enfant court un risque énorme de tomber dans la malnutrition voire en mourir". Dans le souci de renverser la tendance de la malnutrition chronique, le Pronanut en accord avec son partenaire traditionnel, l'Unicef ont mené des études pour voir comment améliorer cette alimentation. Ces études ont concerné les enfants âgés de six à vingt-trois mois parce qu'ils constituent la cible la plus exposée à la maladie.

Ces recherches menées sur les habitudes alimentaires ont été réalisées dans les quatre régions linguistiques de la République démocratique du Congo (RDC), à savoir les régions de l'ouest où on parle le lingala et le kikongo ; les régions de l'est où on parle le swahili ; les régions du sud, où on parle le tshiluba. Grâce à ces investigations, au total cent vingt-deux recettes alimentaires locales qui sont données couramment aux enfants à travers le pays ont été identifiées. De ces recettes, vingt et une ont été sélectionnées et améliorées. Ces recettes sont constituées des aliments produits localement au pays et facilement accessibles aux marchés et a un prix à la portée de toutes les bourses. « Sur les cent vingt-deux recettes alimentaires locales identifiées, on a sélectionné vingt et une recettes qu'on a pu améliorer. Nous avons ajouté à ces recettes les éléments nutritifs qui manquaient pour satisfaire tous les besoins nutritionnels des enfants de moins de cinq ans », a souligné Damien Sabuni.

Les constituants d'une recette locale et améliorée

Ces recettes sont constituées de légumineuses, de protéines animales, d'aliments énergétiques et de vitamines comme les fruits et légumes. Aux dires de l'expert du Pronanut, une recette locale améliorée doit contenir quatre catégories d'aliments, à savoir les aliments de base qui donnent l'énergie comme le maïs, le riz, le manioc, le millet, le sorgho, la patate douce ; les aliments riches en protéines animales tels que la viande, les poissons, les oeufs, les chenilles. Il y a également les aliments riches en protéines végétales, notamment les arachides, le soja, les graines de courge, le niébé, le petit pois ; les aliments riches en vitamines et en sels minéraux pour la protection contre les maladies tels que les fruits et les légumes.

Donnant l'exemple d'une recette locale prisée par les mamans qu'on peut améliorer, le nutritionniste Damien Sabuni cite la bouillie préparée avec de la farine de maïs, dans laquelle on ajoute du sucre, un peu d'arachide et du lait. Mais, a-t-il fait observer, il manque dans cette recette les fruits qui contiennent des vitamines. «On peut y ajouter, par exemple, du jus d'orange », a-t-il propose.

Une vaste campagne de sensibilisation des ménages

Grâce au financement de l'Unicef, le Pronanut a mené une vaste campagne de sensibilisation des ménages pour faire la promotion de ces recettes locales améliorées. Pour cette première phase, trois provinces ont été ciblées, à savoir le Kongo central, la Tshopo et Kinshasa. A Kinshasa, des professionnels de santé et relais communautaires ont été ciblés dans deux zones de santé: Bumbu et N'sele. Ceux-ci, après avoir été formés, ont reçu la mission de vulgariser ces recettes auprès de différents ménages. Les familles ont bien accueilli cette sensibilisation sur ces recettes. Des séances de démonstrations culinaires au cours de cette campagne de sensibilisation ont été même organisées pour montrer aux mères et aux femmes enceintes comment bien préparer ces recettes.

Notons que le Pronanut compte étendre cette action dans d'autres provinces du pays pour protéger les enfants contre cette maladie tueuse. « Cette campagne de vulgarisation de vingt et une recettes améliorées va se poursuivre dans un proche avenir dans les provinces du Kwilu, du Kasaï central, du Kasaï et du Sud-Kivu avec l'appui du Programme multisectoriel de nutrition et santé sur le financement de la Banque mondiale », a rassuré Damien Sabuni.

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