Sénégal: Quartier « Samba 15 ans » de Vélingara - Un îlot accueillant entouré de problèmes

2 Août 2023

Quartier planté au coeur de Vélingara (région de Kolda), « Samba 15 ans » est un endroit où il fait bon-vivre. Mais ce coin très célèbre de la commune connaît quelques problèmes.

L'appellation fait tilt. Le nom est évocateur. Révélateur. « Samba 15 ans », c'est le patronyme donné à l'un des anciens quartiers de Vélingara (région de Kolda). D'année en année, « Samba 15 ans » s'est élargi, sa population a augmenté, mais « Samba » refuse de grandir. Il ne dépasse jamais ses 15 piges. Mais d'où vient cette dénomination qui attire les attentions. « Avec le peuplement progressif, le quartier a été découpé en plusieurs autres entités, notamment Thianka 1, Thianka 2 et Vélingara Ouest. À l'heure du découpage administratif du quartier, le délégué s'appelait Samba Baldé et avait fait 15 ans dans l'Armée.

C'est ainsi que les autorités administratives ont attribué son nom au quartier », explique Souleymane Baldé, le délégué de quartier. Et depuis, ce coin de Vélingara porte le qualificatif de « Samba 15 ans ». Planté au coeur de la ville, le quartier est réputé pour son hospitalité et l'humanité de ses habitants. La localité accueille, à bras ouverts, les visiteurs. Elle offre à manger et à boire. « À Samba 15 ans », il fait bon-vivre. « L'hospitalité, c'est la devise de notre secteur. Tout le monde est le bienvenu chez nous, sans exception », justifie le chef de quartier, le sourire en coin.

Éclairage public, inondations, émigration clandestine...

Ce jour-là, « Samba 15 ans » s'est réveillé sous un soleil de plomb qui irradie les nuages pourpres et flamboyants. La canicule hivernale submerge toutes les concessions. Les habitants sont terrés chez eux. Les quelques personnes dehors se prélassent sous l'ombre bienfaiteur des arbres. Seul le jacassement joyeux des oiseaux déchire le calme qui règne dans le secteur, sous l'éternelle caresse du vent. Ça, c'est le côté pile. Le versant face de « Samba 15 ans » est ponctué de petites misères. Pour Souleymane Baldé, le quartier est logé dans un bas-fond.

En saison des pluies, il devient le réceptacle des eaux pluviales. Les rues et ruelles sont toutes inondées et les eaux stagnantes se mélangent aux ordures ménagères jetées par les populations. La mairie a fait des efforts pour l'éclairage public, mais il reste encore beaucoup à faire. À « Samba 15 ans », les problèmes foisonnent. Malgré la solidarité agissante de ses habitants, le quartier reste confronté à des difficultés structurelles et conjecturelles. Plus connu sous le sobriquet de « Khoulio», Mouhamadou Sabaly porte la voix des jeunes du secteur. Accroché au domicile du délégué de quartier, il conseille à ses camarades d'infortune de ne pas croire aux mirages de l'émigration clandestine, source de morts et de maux. « Beaucoup de jeunes du quartier ont terminé leurs études et obtenu leur diplôme mais chôment toujours.

Ce qui pousse certains à prendre la pirogue et tenter la périlleuse aventure. Mais la meilleure solution, c'est de rester ici et travailler la terre », invite-t-il. Et « Khoulio » de fustiger aussi le comportement indésirable de certains jeunes de son quartier, qui prennent la mauvaise pente, en se droguant ou devenant des adeptes de Bacchus. Mouhamadou Sabaly est triste pour eux et s'offusquent « des Navétanes (activités de vacances), durant lesquelles les jeunes du même quartier en viennent aux mains et parfois les familles s'en mêlent. Cela crée davantage un fossé entre des membres d'un même foyer ».

Actrices de développement, les femmes du quartier ont aussi leur trop-plein de doléances dont le noeud du problème est l'accès au financement. « Nous nous cotisons tout le temps pour financer nos propres projets de développement. La fois dernière, nous avons pu obtenir 500 000 FCfa. C'est grâce à cet argent que nous finançons nos membres », déclare Adja Tounka Baldé, Présidente du Groupement d'intérêt économique (Gie) des femmes de « Samba 15 ans « . À en croire cette « Bandiènou gokh», les populations font fréquemment des dons de sang au district sanitaire de Vélingara, mais elles ne bénéficient guère des poches, en cas de besoin. Adja Tounka Baldé rappelle aussi que le district sanitaire de Vélingara a une maternité, mais pour la césarienne, « nous sommes obligées d'aller à Tambacounda ou à Kolda. Les femmes enceintes souffrent énormément de ce problème-là ».

Le quartier « Samba 15 ans » abrite le premier établissement élémentaire de Vélingara-commune dite École Moulaye Siranding Baldé, le Centre de formation professionnelle de Vélingara, une case de santé ainsi que le marché central et l'agence de la Sen'Eau. Des services sociaux à portée de main, qui enjolivent le quartier et facilitent le déplacement aux populations.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.