Gabon: 'Paulette Missambo est la révélation de 2023 - Prenons date ! '

Dans un libre-propos, François Ondo Edou, membre et cadre de l'Union Nationale (UN) a affirmé que Paulette Missambo a créé la surprise. Aussi, affirme t-il que cette candidate à l'élection présidentielle 2023 est la révélation de 2023.

L'élection présidentielle, depuis la mort d'Omar Bongo a ceci de particulier que chacune introduit sa singularité, voire un gagnant totalement imprévu. En 2009, André Mba Obame, rénovateur parmi les rénovateurs, crée la surprise.

Cet ancien ministre de l'Intérieur que Jean Eyeghe Ndong, Premier ministre et Rose Francine Rogombe, présidente par intérim refusent de reconduire à son poste de ministre de l'Intérieur pendant la période intérimaire, aura ces quelques mots, lors de la passation des charges avec son successeur, Jean François Ndongou :"vous entendrez parler de moi !".

Pour mettre à l'écart ce jeune et fringuant ministre, reconnu fin stratège, les securocrates du système ont cette idée géniale : organiser une prestation de serment du président de la République intérimaire non prévue par la Constitution, et pouvoir ainsi rendre applicable une disposition de la loi fondamentale qui stipule qu'au lendemain de la prestation de serment du président de la République, le Premier ministre remet la démission du gouvernement.

Sans être tenu de poser cet acte, le président de la République par intérim prête serment et reçoit la démission du dernier gouvernement nommé par Omar Bongo.

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Quand Rose Francine Rogombe reconduit Jean Eyeghe Ndong comme Premier ministre, chef du gouvernement, la seule modification observée dans la composition du nouveau gouvernement est le remplacement du ministre de l'intérieur, André Mba Obame par Jean François Ndongou, un proche du Premier ministre.

C'est un coup d'État ! Un jour, les historiens vont certainement s'appesantir sur les fondements politiques et stratégiques de ce tout premier coup d'État constitutionnel de l'après Omar Bongo. Quelques semaines seulement après sa sortie du gouvernement, l'ancien ministre de l'Intérieur fait parler de lui, en déjouant tous les pronostics.

Il va annoncer sa candidature à l'élection présidentielle à... Barcelone et précisément dans la chambre d'hôpital dans laquelle le président Omar Bongo a rendu l'âme. C'est le départ d'une campagne électorale au cours de laquelle sa côte d'amour monte tous les jours. Ce sera la révélation de ce scrutin. Il gagnera la présidentielle de 2009 dans les urnes, mais Ali Bongo sera déclaré vainqueur.

L'élection de 2016 amène, elle aussi sa propre révélation qui est aussi une surprise de taille. Jean Ping, ancien barron du PDG ayant soutenu Ali Bongo en 2009, entre en scène et décide d'affronter Ali Bongo. Jusque là, rien n'inquiète le pouvoir en place. Il est persuadé que l'opposition gabonaise ne peut pas choisir un candidat unique pour faire face à son propre candidat du PDG. Pourtant, coup de théâtre à 10 jours du scrutin, deux poids lourds de l'opposition, Casimir Oye Mba et Guy Nzouba Ndama retirent leurs candidatures au profit de celle de Jean Ping proclamé candidat unique de l'opposition. Il battra, lui aussi, Ali Bongo dans les urnes. Mais, encore une fois, c'est Ali Bongo qui sera déclaré vainqueur.

Arrive 2023.

"Il n'y a jamais deux sans trois", dit l'adage. Il y a une très forte probabilité que la tradition se répète. Les premiers indices sont déjà perceptibles avec, eux-aussi, une évidente singularité. Pour cette élection, l'Union Nationale, le parti de feu André Mba Obame, Pierre Claver Zeng Ebome et Casimir Oye Mba, eux aussi passés dans l'au-delà, a mis en course une dame, Paulette Missambo.

Cette femme qui a connu un parcours politique exceptionnel n'est certainement pas arrivée au bout de chemin. Paulette Missambo est la première femme proviseur. Elle commence par le Lycée d'État de Port Gentil, puis au Lycée National Léon Mba. Nommée au gouvernement en 1990, après la Conférence Nationale, elle sera la toute première femme à occuper le rang et la qualité de ministre d'État au Gabon.

Au cours de sa longue carrière gouvernementale, Paulette Missambo passera par la Fonction Publique, l'Education Nationale où son passage a laissé des marques indélébiles, la Santé avec la construction de très nombreuses structures sanitaires disséminées à travers le pays et dotées de plateaux techniques. Là aussi, les réalisations de l'ancienne ministre de la Santé sont encore visibles même si la totalité de ces oeuvres tombent en ruines aujourd'hui, à l'instar des nombreuses maternités qu'elle a construit à Libreville et partout ailleurs.

On notera aussi son passage au ministère des Transports où elle a procédé à la remise en état des infrastructures aéroportuaires du pays actuellement en état de désuétude. 2023 n'est certes pas 2016, mais à quelques semaines de l'élection présidentielle, le portrait robot du futur vainqueur commence à prendre forme et les éléments pour l'accompagner existent déjà.

Une plateforme politique appelée Alternance 2023, créée à l'initiative de Paulette Missambo. C'est en son sein que sera choisi, sous peu, le candidat consensuel de l'opposition. Dans sa litanie des premiers, on peut encore noter que Paulette Missambo est la première femme à être présidente d'un parti politique ayant pignon sur rue au Gabon. Elle et Mme Victoire Lasseny Duboze, sont les seules femmes à competir à la présidentielle du 26 août 2023.

Est-ce un hasard si un millier de femmes, par delà les chapelles politiques, ont tenu à la retrouver dans le cadre d'une rencontre citoyenne ce dimanche 17 juillet 2023 ? Entre femmes, les échanges ont été fructueux. En tout cas, ils ont permis à la gente féminine de prendre conscience qu'elle représente 52% de la population gabonaise et que pour cette course pour la conquête du palais du bord de mer, elles peuvent miser sur cette dame qui est dans une courbe très ascendante.

Candidate issue du groupe Nzebi, le deuxième du pays en termes de population, la mise à l'écart de Guy Nzouba Ndama, un autre poids lourd Nzebi, pourrait lui profiter. On vient de le constater par l'accueil exceptionnel réservé à cette Nzebi, gabonaise à 100% aux étapes de Mbigou, Lebamba Ndende et même Mouila. Comme on le dit en football, elle jouait à domicile.

Quand on ajoute à ce soutien inconditionnel la pratique gabonaise qui veut qu'à l'élection présidentielle, hormis le cas de 2016, les Gabonais se rangent généralement derrière l'homme ou la femme de leur ethnie, on comprend bien pourquoi Paulette Missambo est la favorite. S'il faut ajouter à cette donne sociologique, le bilan jugé positif de son passage dans les départements ministériels qu'elle a dirigés, on réalise vraiment qu'elle a les meilleurs atouts.

Elle le sait ! Raison pour laquelle elle distille déjà le message qui sied à sa future fonction, à savoir restaurer la République. Restaurer la République c'est remettre les gabonais au travail, dans un même élan. C'est redéfinir ensemble les règles du jeu démocratique, comme en 1990. C'est apporter à tous les Gabonais la dignité déjà perdue. Sans forfanterie, Paulette Missambo est la révélation de 2023. Prenons date !

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