Le terme « personal shopper » est un anglicisme qui désigne une acheteuse personnelle. Cette professionnelle de la mode accompagne le/la client (e) dans sa séance de shopping et lui prodigue des conseils pour trouver des vêtements et des accessoires qui correspondent à la fois à sa personnalité, son style, ses goûts et son budget moyennant une commission. Un métier qui gagne en notoriété grâce aux réseaux sociaux.
L'achat de robes, sacs ou encore vêtements consiste souvent à faire un petit tour au marché Sandaga, Petersen...afin de trouver son bonheur ou se tourner vers le e-commerce. Mais il est bien possible d'avoir ses articles sans passer par tout cela grâce à une acheteuse professionnelle ou « personal shopper » en anglais. Ayant des journées très prenantes entre les cours, le boulot, la maison et ses enfants, Nafissatou Diop confie avoir très peu de temps pour faire du shopping aussi bien en ligne que physiquement. « Faire appel à une "personal shopper" m'aide donc à gagner du temps », admet cette responsable évènementielle dans une Organisation non-gouvernementale. La « personnal shopper » permet à cette dakaroise d'avoir des sacs et chaussures de marque en Europe. Un service avantageux, selon cette cliente.
Le « personal shopper », encore peu connu au Sénégal, tend à se développer grâce à des Sénégalaises basées à l'étranger et au numérique. Mariama Mbow n'a pas eu du mal à trouver sa clientèle au moment de se lancer dans le métier. Très présente sur les réseaux sociaux, cette autodidacte vivant en France s'est déjà fait un nom. Depuis cinq ans, l'ancienne vendeuse en magasin partage sa passion sur les plateformes numériques. La férue de mode se décrit comme une « fashion victime » et une « acheteuse compulsive ». « À chaque fois que je poste un look, il y a mes abonnés qui me disent qu'ils sont intéressés et comment ils peuvent faire pour avoir ces articles », raconte-t-elle. C'est ainsi que la jeune femme décide d'être « personal shopper » en 2021 afin d'être sa propre patronne.
Les centres commerciaux n'ont plus de secret pour la « personal shopper ». À chaque prestation, Mariama Mbow épluche les sites des grandes marques et n'hésite pas à descendre sur le terrain. Portable à la main, la mère de trois enfants prend des photos et vidéos pour ses clients. « Je travaille avec ma soeur basée à Dakar et c'est elle qui se charge de la distribution et la livraison », explique-t-elle. Son rôle est d'orienter le client vers le produit qui convient à son style, ses goûts et son budget en échange d'une commission. Des revenus qui varient selon la période et la cliente du moment.
Gain de temps, articles de qualité et authentiques
Le « personal shopper » est un métier d'avenir au Sénégal. C'est ce qu'estime Mariama Mbow. Cette dernière relève que les Sénégalais sont des personnes qui adorent la mode, le bien-être et sont prêts à tout pour avoir le dernier sac, la nouvelle collection en Europe etc. La majorité de ses clients sont des Sénégalais qui vivaient en France et qui sont rentrés définitivement au Sénégal, soit plus de 90%.
Mariama Mbow mise donc sur l'authenticité. Un atout considérable, selon sa cliente Astou Gawane Cissé. La femme de 28 ans affirme que grâce à Mariama, elle s'habille stylée, classe, authentique sans prendre un billet d'avion ni sortir de chez elle. « Ma "personal shopper" a un système de livraison qui m'évite d'aller chercher mes commandes dans les embouteillages de Dakar. Elle me fait gagner de l'argent et surtout du temps », reconnait-elle, guillerette.
Astou Gawane Cissé n'est pas la seule à faire appel à une « personnal shopper » pour gagner du temps. Soucieux de sa mise, Alexandre Camara n'hésite pas à se payer les services d'un « personal shopper » car « trop pris par le travail ». Un choix qu'il n'a pas regretté. « Je suis trop dans le souci du détail en matière d'habillement. Mais j'ai été agréablement surpris quand j'ai reçu ma commande », admet l'acteur.
« Le fait de savoir que ma "personal shopper" ne fait que dans l'authentique me rassure », renchérit Nafissatou Diop, satisfaite des services proposés. Cette passionnée de mode juge que le plus important est d'avoir de la qualité. Ce qui lui permet de gagner du temps tout en ayant des produits de qualité à un prix raisonnable sans faire son shopping elle-même.
Shopping rime avec relooking
Le métier de « personal shopper » ne consiste pas seulement à faire les boutiques pour une personne en échange d'une commission. Il inclut aussi du relooking. Ndèye Fatou Ndiaye est « personal shopper » et propose également ce service. « Je relooke, je redonne confiance, je coache et je change les mentalités », explique la « personal shopper ». Si la cliente n'est pas sûre de ses goûts, elle fait tout à sa place et l'aide dans ses choix.
Ndèye Fatou Ndiaye garde toujours de très beaux souvenirs de ses séances de relooking. Il y en a une qui reste encore dans son esprit. Un jour, après s'être chargée de l'habillement et de la coiffure d'une cliente, la consultante en mode a été émue par la réaction de la dame devant le miroir. « Elle a fondu en larmes disant qu'elle ne savait pas qu'elle pouvait être si jolie et bien habillée. Elle avait perdu confiance en elle et s'était mise en tête de rallumer la flamme qui s'était éteinte dans son mariage », se souvient la trentenaire. Un moment triste et beau à la fois.
La séance shopping est un terrain que maitrise Ndèye Fatou Ndiaye. Avant la séance, elle rencontre d'abord le/la cliente en ligne ou de manière physique, cerne ses attentes, demande son budget, étudie sa morphologie. « Il m'arrive même de visiter son dressing pour me faire une idée de son style », explique-t-elle. Elle poursuit en cherchant des pièces sur internet, contacte les marques et vendeuses, se rend sur place et choisit les pièces en appel vidéo. « Je consulte la cliente, je prends des photos, je négocie les prix, je compose les tenues et lui montre jusqu'à ce qu'on se mette d'accord », a-t-elle fait savoir. Un service que la trentenaire prend plaisir à effectuer au quotidien grâce aux réseaux sociaux.
Les plateformes numériques, ces alliées incontournables
La « personal shopper » peut accompagner ses clients aussi bien physiquement qu'en ligne. Cette profession est plus développée dans des pays comme la France ou aux États-Unis. En effet, le métier vient en réalité des États-Unis et était, à la base, réservé aux stars ou aux femmes riches et élégantes. Il s'est par la suite démocratisé pour être destiné à toute personne souhaitant parfaire sa garde-robe ou tout simplement trouver des vêtements adaptés à sa morphologie. Une profession qui tend à s'imposer au Sénégal grâce aux réseaux sociaux en dépit de l'absence d'écoles spécialisées en la matière. En effet, le contact avec le client n'est pas nécessaire. « Je pratique le métier au Sénégal depuis l'Europe car j'y ai mes clients et grâce à internet », a souligné Ndèye Fatou Ndiaye. Elle collabore aussi avec les vendeuses en ligne. La « personal shopper » espère que ce sera un métier structuré et reconnu au Sénégal.
« Le métier commence à gagner en notoriété avec les réseaux sociaux », reconnait Ndèye Aminata Mbodj. La « personal shopper » réside en France et chope des articles pour ses clientes moyennant un pourcentage soit 10% du montant de la facture. Le client paie ses frais de transport soit par fret, conteneur ou Gp. La femme de 37 ans utilise ses plateformes numériques pour mener à bien ses activités. Des outils incontournables pour faire connaitre ce métier qui en est encore à ses balbutiements.
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FATOU DIENG, « PERSONAL SHOPPER »
Une pionnière au service des designers africains
C'est l'une des premières Sénégalaises à se lancer dans ce domaine en 2017. La jeune femme a flairé le filon très vite et a créé « Your Personal Shopper » (Yps). Une entreprise spécialisée dans l'achat et la logistique et qui propose une plateforme interactive de shopping-live reliant l'Afrique au reste du monde.
La création de Yps est une réponse à un besoin familial pour cette entrepreneure qui vit entre la France et le Sénégal. « Mes soeurs sont rentrées au pays après leurs études mais ont continué de faire leurs achats en ligne à l'extérieur. Elles avaient tout de même gardé certaines habitudes et continuaient à faire leurs achats en ligne ou voulaient aussi que j'aille en boutique leur montrer les articles », se remémore Fatou Dieng. C'est de là qu'est né Yps. Il se veut être au service des designers africains. « Aujourd'hui, nos designers et artisans font un travail remarquable et j'avais envie de pouvoir les proposer sur le marché international et surtout de les rendre accessibles », explique la fondatrice.
« Nous proposons à quelqu'un qui est en France de faire son shopping dans une boutique d'un désigner sénégalais par exemple sans bouger de chez lui », renseigne la « personal shopper ». Une véritable innovation selon la jeune femme. Yps permet ainsi aux personnes qui résident en Afrique d'acheter à l'étranger et aux occidentaux d'acheter des produits made in Africa. « Nous avons débuté en faisant le shopping pour les personnes vivant en Afrique, ensuite nous avons proposé ce service aux personnes vivant en Occident », a souligné Fatou Dieng.
L'entreprise est composée de 8 collaborateurs et organise pour les designers africains des ventes privées en France afin de leur permettre de s'exporter et de les faire découvrir à l'international depuis deux ans. « Nous avons également développé la première plateforme de vente de seconde main de luxe en Afrique », affirme la « personal shopper ».
Yps travaille avec les grandes marques européennes, les designers africains. « Notre prochain défi est d'étendre notre présence sur de nouveaux marchés notamment le marché anglophone », a annoncé Fatou Dieng.