Niamey — Une grande manifestation a eu lieu aujourd'hui, 3 août, à Niamey en soutien à la junte militaire putschiste à l'occasion du 63ème anniversaire de l'indépendance du Niger par rapport à la France.
Certains manifestants portaient des T-shirts à l'effigie du général Omar Tchiani, commandant de la garde présidentielle nigérienne et président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, la junte militaire). Des drapeaux russes ont également été aperçus, ainsi que ceux du Mali et du Burkina Faso, les deux pays dirigés par des juntes putschistes qui ont déclaré que toute intervention militaire extérieure contre la junte militaire nigérienne était considérée comme une "déclaration de guerre" à leur égard, notamment par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont membres de la CEDEAO/ECOWAS mais ont été suspendus de la Communauté à la suite des coups d'État militaires.
La manifestation de Niamey a été appelée par le Mouvement 62 (M62). Créé en 2022, son nom fait référence aux 62 ans d'indépendance et à la "lutte contre le néocolonialisme" dans laquelle le Niger s'est toujours engagé", rappelle Rahmane Idrissa, chercheur nigérien à l'université de Leiden. "C'est une forme de populisme : mais à la différence de l'ancien président Tandja, qui promettait des réalisations concrètes, ce groupe baigne dans une utopie "progressiste" (unité de l'Afrique, rupture totale avec l'Occident) et dans la perspective apocalyptique d'une lutte sans fin, ou qui s'achèvera grâce au soutien d'un super-ally (d'où une russophilie qui va de pair chez beaucoup d'entre eux avec l'espoir d'une guerre qui verrait la défaite totale de l'Occident face à la "Grande Russie", seule garante, à leurs yeux quelque peu hallucinés, de la "libération" du "continent")", poursuit le chercheur.
"Si leur posture a donc quelque chose de nihiliste, elle les remplit néanmoins d'une énergie débordante qui trouve à se diffuser sur les réseaux sociaux, un espace où ils peuvent émettre des opinions passionnées et des théories conspirationnistes alarmistes devant les foules, sans aucune éthique de la responsabilité", conclut Idrissa.
Entre-temps, la France a déclaré que les opérations de rapatriement de ses ressortissants souhaitant quitter le Niger étaient désormais terminées. Paris a évacué 1 079 personnes, dont 577 Français et les autres ressortissants d'autres pays.
