Tunisie: Dr Hayet Ketat Guermazi, ministre des Affaires culturelles, cible de campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux - Les mots aussi sont des balles

3 Août 2023

Plusieurs voix se sont élevées sur les réseaux sociaux pour revendiquer la libération d'un « poète » qui a été interpellé suite à un post sur sa page Facebook dans lequel il a insulté et bafoué l'honneur de la ministre des Affaires culturelles.

En effet, avec des propos exécrables et d'une bassesse indigne d'un homme qui prétend être un intellectuel, il a commis un délit et un forfait punissable par la loi. On demande pourtant à la ministre d'abandonner les poursuites à son encontre et d'annuler l'exécution des décisions du conseil de discipline émises contre des fonctionnaires de son département qui ont dérapé et commis des fautes graves. Ils oublient dans ce sillage qu'ils plaident en faveur de l'impunité et qu'ils normalisent avec la médiocrité ambiante.

Ce « poète » connaît l'importance des mots et sait qu'il peut en faire usage comme des balles pour tirer sur la ministre. Il n'est pas le premier à ouvrir le feu sur la ministre des Affaires culturelles et de recourir à des moyens grotesques pour dénigrer son action ou pour l'intimider en vue de la faire dévier de sa mission.

Le tort de la ministre, c'est d'être une antithèse de ses prédécesseurs. En effet, on lui reproche d'avoir procédé à un changement de style radical au ministère des Affaires culturelles.

Mais ces personnes qui sont en majorité des fonctionnaires de son propre département ont buté sur une ministre qui aime jouer ses partitions plus discrètement sans toutefois être en retrait des lignes de feu.

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C'est pourquoi elle fait l'objet de plusieurs attaques en coupe réglée car elle essaye tout simplement de redéfinir la relation d'engagement réciproque et de responsabilité entre l'État et ses partenaires culturels, et aussi de donner un contenu à la défense du pluralisme culturel.

Pour y parvenir, une lutte sans merci doit être menée pour combattre la corruption et la mauvaise gestion dans le secteur. D'où ces interminables changements de responsables à la tête de plusieurs départements.

C'est dans ce climat électrique que Dr Hayet Ketat Guermazi a essayé d'aller au charbon en provoquant de nouvelles synergies à même de rallumer les moteurs d'une culture en panne et de rebomber le torse à un secteur que les investisseurs fuient comme le diable l'eau bénite.

Pour parvenir à ses objectifs, elle a puisé dans son mental d'universitaire pour proposer les réformes les plus audacieuses et tenter des mesures jugées impopulaires.

En effet, malgré le caractère ingrat d'un portefeuille ministériel qui fait grincer des dents des plus petits imprésarios aux plus grandes vedettes, ses décisions de ministre ne plaisent pas.

Car même si avec elle le ton a changé, les discussions qu'elle mène n'en seront pas moins difficiles et l'emploi des phrases chocs figure forcément à l'ordre du jour. Il n'empêche, son pragmatisme et son habileté à trouver, à attirer et à utiliser les compétences sa maîtrise des dossiers et son aptitude à contrôler l'évolution de ses projets constituent quelques-uns des atouts qui forcent l'estime.

Elle a ainsi souhaité abattre de nombreuses barrières, quand d'autres aujourd'hui veulent élever de nouvelles frontières, en donnant place aux cultures émergentes comme les musiques et danses urbaines et en répondant à cet objectif de repérage de nouveaux courants esthétiques, de nouveaux artistes et aussi de nouveaux modes d'être dans la société. Elle ouvre aussi les espaces et les rencontres possibles avec la diversité. Ce qui déplaît aux caciques.

Sa vision ? Elle s'adresse principalement aux acteurs et opérateurs culturels publics et privés en vue d'instaurer de nouveaux modes de gouvernance, indispensables au renforcement du secteur et à sa réforme. Ella a pour objectif d'identifier les recoupements, les enjeux communs et de mettre en perspective les possibilités de collaboration entre les différents projets identifiés par le ministère des Affaires culturelles comme prioritaires et structurants.

En effet, le ministère des Affaires culturelles connaît un tournant historique pour ses politiques culturelles publiques qui s'inscrivent dans une stratégie de réforme du ministère où les projets sont implémentés dans une dynamique qui reflète une volonté de changement. L'objectif étant de trouver les connexions entre les différentes missions, de partager les compétences et les savoirs et d'engager un échange de connaissances.

A cet effet, une vision de long terme est élaborée dotée d'un plan de suivi et d'une évaluation permanente des indicateurs à moyen et long terme pour s'assurer que l'impact du travail mené aboutira aux objectifs escomptés. C'est cette vision qui ne plaît pas à ses détracteurs et qui trouve dans les réseaux sociaux un vil moyen pour l'attaquer grotesquement en faisant usage d'un vocabulaire qui porte atteinte à la dignité humaine, à sa personne et au prestige de l'Etat. Dans ce combat, elle peut pardonner mais elle ne pourra jamais oublier car elle portera les blessures dans sa mémoire pour avoir servi l'Etat.

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