Tunisie: Saison estivale - Quand l'été ne rime plus avec sérénité

3 Août 2023

Un mois est déjà passé, mais ce mois de juillet a été pénible. Il l'a été à plusieurs titres et bon nombre de personnes, de familles ont avoué l'inquiétude qui les a plongées dans le doute quant à l'avenir de leurs enfants. Le bras de fer, qui s'est illustré par des déclarations aussi angoissantes qu'éprouvantes, a secoué les plus résistants.

La chaleur qui a faussé toutes les données a fait de ce début d'été un calvaire auquel personne ne s'attendait.

Cette chaleur n'est pas une exception dans le monde. C'est en fin de compte la course aux records que l'on s'empresse d'annoncer, tout en faisant état des dégâts qu'elle occasionne. En Europe, par exemple, ce fut l'été le plus chaud jamais enregistré, avec plusieurs canicules. La pire sécheresse depuis cinq cents ans, avec les débits de plus des deux tiers des cours d'eau inférieurs à la moyenne et la deuxième plus grave saison des incendies de l'histoire (5.000 kilomètres carrés partis en fumée).

Infime espoir

Nous enregistrons chez nous tous les jours de nouveaux records et le premier réflexe que nous avons, en ouvrant les yeux, est de consulter la météo. Rien que pour le moral ou avec l'infime espoir de découvrir que l'on pourrait s'attendre à une baisse de la température.

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Les vagues de chaleur sont dangereuses pour la santé humaine. L'été 2022 aurait causé des milliers de morts dans le monde. Elles continueront à être plus fréquentes, plus longues et plus intenses. Selon les spécialistes en la matière, à la fin du siècle, nous connaîtrons entre quatre et cinq mois d'été. Avec tous les dangers que cela représente et la nécessité de s'y préparer et de s'y adapter. Pour échapper à cette canicule, il n'y a pas beaucoup de choix.

Les plages sont envahies, mais pour ceux qui sont incapables d'y aller, faute de moyens de locomotion et avec l'épreuve que l'on est obligé de subir en empruntant train ou bus, on ferait mieux de rester chez soi. De toutes les façons, l'été ne rime plus seulement avec les vacances et les bains de soleil. Le climat devient extrême et les recommandations des services de la Protection civile et des médecins interrogés sont strictes : ils mettent sans cesse en garde contre une longue exposition au soleil, surtout entre midi et seize heures.

Excessivement chers

Faute de plages, que reste-t-il? C'est la location d'un appartement en banlieue ou une pension dans un hôtel. Bien entendu, cela dépend de la cagnotte que l'on a réservée. Avec le renchérissement du coût de la vie, ces cagnottes ne sont pas bien grasses. Il faut composer, car les hôtels (pour les Tunisiens, en dépit de toutes les déclarations et assurances données, on dirait qu'ils n'ont jamais été dans un hôtel en tant que clients), ces hôtels sont hors de prix. Ils ne coûtent rien pour ceux qui viennent de l'extérieur. À croire que les hôteliers récupèrent ce qu'ils consentent aux étrangers sur le dos de la clientèle tunisienne. Pour une personne, c'est peut-être possible, mais pour une famille, il n'y a plus qu'à aller acheter un climatiseur et se vautrer chez soi.

Un problème

Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, que les spéculateurs se sont emparés de presque tous les secteurs et qu'ils tirent sur tout ce qui bouge, les climatiseurs ne sont plus fiables. Du moins un certain nombre de marques mises sur le marché ou vendues par internet, qui calent lorsque la chaleur dépasse les quarante degrés.

Le gérant d'un magasin revendeur de climatiseurs est catégorique : "Nous avons jusque-là vendu plus de climatiseurs que les saisons estivales passées. Ce n'est plus un luxe, mais bien une nécessité. Mais il y a un problème. Certaines marques sont mises sur le marché alors qu'elles ne répondent pas aux critères imposés. Ce sont des appareils qui proviennent du marché parallèle et en cas de réclamation, il n'y a aucun moyen de les dépanner".

La rentrée scolaire

Il n'y a pas que la chaleur qui torpille cette saison estivale. La rentrée scolaire qui avance à grands pas, pose nombre de points d'interrogation. Comment fera-t-on pour qu'elle se déroule dans les meilleures conditions ? Les syndicats qui ont osé braver l'autorité de la tutelle en retenant les notes semblent se préparer pour mettre, encore une fois, le pays sous pression.

Certains sont inquiets. D'autres ne le sont pas : "Heureusement que les autorités ont tenu bon et qu'en fin de compte ces « jusqu'au boutistes » ont fini par comprendre que l'on ne peut impunément tenir en otage tout un pays. Et pour n'importe quelle raison. Nous comprenons qu'il y a de la vérité dans ce qu'ils racontent et réclament, mais la manière est inacceptable. Comment peuvent-ils s'arc-bouter sur des choses qu'ils savent par avance qu'elles conduiront toutes les négociations vers l'impasse ?"

Il faut faire un referendum

Le pays est à genoux et on lui réclame plus d'argent. Incompréhensible. Un client venu acheter dans une librairie des cahiers et quelques livres pour alléger l'ardoise initiale de la rentrée nous a confié : «Nous avons décidé de mettre en vente un petit appartement que nous avons acheté grâce à l'argent qui nous est venu après la liquidation d'un héritage.

Nous mettrons notre fille dans une école privée. Cela n'est pas donné, mais nous ne voulons pas revivre ce que nous avons vécu au terme de cette année scolaire.

Il faut faire un référendum pour interdire les grèves dans le secteur de l'éducation nationale. Que le peuple décide. L'éducation des futures générations est stratégique et il y va de la sécurité de l'État. Ceux qui acceptent embrassent «la mission» d'enseigner. Ceux qui ne sont pas d'accord n'ont qu'à aller faire un autre métier». Ces parents ne sont sans doute pas les seuls à penser de cette manière.

Plus confiance

La directrice d'une école privée nous a confié, quant à elle, qu'elle «refusait du monde». "À croire que personne ne veut plus aller dans un établissement étatique. Les gens n'ont plus confiance et si cela continue, ce sera la mort de l'école étatique. Dire que cela fait l'affaire des établissements privés, cela tient de l'inconscience. Je suis moi-même issue de l'école de la république. Nos enseignants, j'en garde un souvenir inoubliable. Il n'y avait pas autant de grèves, de sit-in et autres occasions d'abandonner les élèves à leur propre sort. Autre temps, autres moeurs, certes, mais il faudrait que cela cesse. Espérons-le".

Vous avez dit «vacances» ? Il y a ceux qui ne savent même pas ce que cela veut dire !

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