Les jeunes du PDCI-RDA auront-ils la chance de prendre la relève ? Ou est-ce que le parti risque de disparaitre avec l'une de ses grandes figures historiques ?
Même à près de 90 ans, Henri Konan Bédié était candidat à sa propre succession pour le congrès du PDCI prévu en octobre prochain.
Lui-même successeur officiel de Félix Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié n'a pas intronisé de dauphin pour lui succéder. Mais ce n'est pas un problème pour Moise Ouattara, membre du bureau politique et président d'un mouvement de soutien au PDCI-RDA. Selon lui, le parti est prêt.
"Houphouët Boigny a préparé un successeur. Mais Bédié a préparé des successeurs que nous sommes. Et nous allons prouver au monde entier et à tous ceux qui pensent que le départ du président Bédié serait une division pour nous qu'ils se sont trompés", estime Moise Ouattara.
Aucune figure aussi emblématique au sein du parti
Juriste et analyste politique, Geoffroy Kouao ne partage pas cet avis. Pour lui, le charisme d'Henri Konan Bédié était essentiel au parti, tout comme ses financements, dont il était devenu le principal bailleur financier.
"Je suis très sceptique quant à l'avenir du PDCI RDA. Parce que lorsque Houphouët Boigny décédait, le PDCI était au pouvoir. Et donc avec l'effet du pouvoir, Henri Konan Bédié a su tenir le gouvernail jusqu'aujourd'hui. Mais Henri Konan aujourd'hui part après plus de 20 ans d'opposition. Et le parti a été fragilisé tout récemment par des grands départs de personnalités qui ont rejoint le parti au pouvoir", rappelle Geoffroy Kouao. "Aujourd'hui, avec le décès d'Henri Konan Bédié, il n'y a pas l'air d'y avoir une véritable figure emblématique pouvant rassembler les uns et les autres."
Un avenir incertain
Quant à la nouvelle garde qu'Henri Konan Bédié avait commencé à positionner à des postes de responsabilité au sein du parti, il n'est pas dit que les anciens soient vraiment disposés à lui faire place, selon Geoffroy Kouao.
"On peut penser peut-être à Monsieur Thiam, au regard de son carnet d'adresses internationales. Mais sur le plan national, il présente beaucoup d'handicaps. Monsieur Thierry Tano, il est encore très jeune. Dns le contexte politique actuel, est-ce qu'il peut faire face à Laurent Gbagbo et à Alassane Ouattara. Ce n'est pas évident. Faut-il regarder du côté des anciens ? Tel Emile Constant Bombet, tels Gaston Ouassenan Koné ? Le contexte ivoirien ne plaide pas en leur faveur. Quand on sait que le bastion du PDCI, c'est le centre du pays. Tout ceci permet de dire que l'avenir politique du PDCI à court, moyen et long terme, reste totalement incertain."
Depuis le décès d'Henri Konan Bédié, c'est Philippe Cowppli Bony, le doyen d'âge des vice-présidents du PDCI-RDA qui assure l'intérim de la présidence, comme le prévoient les statuts.