Il y a dix ans, en janvier 2013, «Research in Motion» s'assumait Blackberry. Mais, le feuilleton des déboires de BlackBerry avait déjà commencé pour finalement s'achever par la vente des derniers brevets de téléphonie mobile (530 millions d'euros) en février 2022.
Je conserve des pans entiers d'archaïsme de comportement : j'ai besoin d'une frappe nerveuse sur un clavier physique AZERTY plutôt que de simplement effleurer un clavier virtuel sur écran «capacitif» tactile. J'avais pu rêver d'un mi-smartphone mi-PDA, avec un grand écran couleur (diagonale de 12 cm), au dessus d'un clavier complet, dans un format «imposant» de carnet de poche (9x14 cm)... Un rêve prémonitoire que réalisera le Blackberry Passport.
J'ai commencé l'informatique avec le Mac Classic et sa disquette 3,5 pouces de 1,44 Mb, capacité suffisante cependant pour mes textes sous Word 5.1 ou ClarisWork. Son RAM famélique ne souffrait pas trop à gérer son écran monochrome. Mais surtout, quelle extraordinaire portabilité pour l'ancêtre des «Tout en Un». Plus tard, le Psion 5 m'avait fait hésiter avant de finalement me décider pour le PowerBook «WallStreet» d'Apple : un véritable ordinateur de poche contre un engin de 3,5 kilos !
Et une cohérence naturelle m'a fait privilégier le côté pratique, vraiment pratique, du clavier Blackberry. En 2023, pour épuiser la logique de la mobilité, il m'arrive de délaisser le MacBook Air (à peine 1 kilo) pour composer mes Chroniques sur un Blackberry Passport (9x12 cm) : rien ne manque, ni la cédille, ni les accents graves, aigus ou circonflexes. Les vingt-six lettres sur trois rangées suffisent à me donner le sourire. Un bel objet qu'on prend plaisir aussi bien à contempler qu'à utiliser.
Dans la bataille de la masse critique commerciale contre la démarche de niche, le particularisme concède régulièrement du terrain, mais continuera de compter des irréductibles.