Sénégal: Vannières de Ndiakhaté-Ndiassane, un combat pour la dignité

Ndiakhaté-Ndiassane — Ndèye Ngoné Ndiaye, la cinquantaine révolue, est une vannière établie à Ndiakhaté-Ndiassane, sur l'axe reliant la ville de Thiès à la cité religieuse de Tivaouane, considérée comme la capitale de la Tidjania au Sénégal. Elle fait partie du lot de ces femmes laborieuses qui vivent avec beaucoup de dignité la conjoncture devenue omniprésente, tant dans les campagnes que dans les villes sénégalaises.

Les vannières de Ndiakhaté-Ndiassane, tous âges confondus, se battent jour et nuit, pour vendre leurs produits artisanaux sur le bord de la route nationale, dans cette bourgade de la commune de Cherif Lô, une circonscription du département de Tivaouane (Thiès, ouest).

Ndèye Ngoné, qui s'active dans ce métier depuis plus de vingt ans, fabrique de ses propres mains les divers articles ornant son étal.

Tissés à l'aide de feuilles de rônier, sertis de fils plastiques, ces articles vont des petits aux grands paniers, en passant par les vans, avec des prix variant entre 500 et 15.000 FCFA.

« J'ai appris le métier sur le tas et aujourd'hui, Dieu merci, je m'en sors pas mal. Il y a des jours où je n'envie aucun fonctionnaire, comme d'autres jours où la pluie nous chasse sans ménagement », témoigne-t-elle.

« Avec ce travail, je parviens à soutenir mon mari et à subvenir aux besoins de mes enfants, sans oublier mes parents », avance-t-elle, sans manquer de se glorifier de faire partie des Sénégalaises qui se réveillent tôt et se couchent tard pour s'en sortir. Inutile de dire qu'elle ignore jusqu'à l'existence d'un quelconque fonds dédié au financement des femmes.

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À la différence de Ndèye Ngoné qui fabrique elle-même ses produits, sa voisine Fatou Sow, une trentenaire invitant volontiers à visiter sa place, achète et revend ses vans qui rivalisent de beauté et de finesse. Pour la plupart, ce sont les nationaux qui achètent ces articles, même si les touristes viennent nombreux, parfois, lors de leurs visites programmées qui sont très attendues.

Pour cette peule en plein terroir sérère, la vente de ces articles artisanaux n'est pas une mince affaire. Si elle parvient parfois à les écouler facilement, il arrive des jours où elle doit jouer à cache-cache avec ses fournisseurs, faute de pouvoir honorer ses engagements à leur égard, dit-elle.

Sourire aux lèvres, Fatou Sow refuse pour autant de céder à la tentation de l'argent facile et de se joindre au contingent d'arnaqueuses qui peuplent les centres urbains. Ayant décidé de batailler ferme pour tirer son épingle du jeu, elle ne demande qu'un appui des autorités, à travers les nombreux programmes élaborées au profit de personnes dans sa situation.

« Parfois, l'impression que j'ai, c'est que dans notre pays, celles qui se battent pour gagner honnêtement leur vie sont royalement ignorées. Mon sentiment est qu'il est temps que les autorités sachent que nous sommes des acteurs économiques qui méritent appui et protection », plaide-t-elle, absorbée par les demandes de la clientèle.

À côté d'elle, Khady Ndiaye, la mine peu rayonnante, songe aussi aux échéances de paiement des articles qu'elle a pris à crédit auprès de son fournisseur, car elle est revendeuse comme Fatou Sow.

Divorcée, Khady Ndiaye explique : « Je suis ici pour ne pas sombrer dans la vie facile. Je veux changer le cours de ma vie marquée par l'échec de mon mariage ».

La vannière ne se plaint pas trop, disant tirer de son activité des revenus qui lui permettent d'entretenir sa petite famille. Elle demande toutefois aux structures chargées d'aider les femmes vulnérables de penser aux communes rurales où d'autres femmes comme elle sillonnent les champs et vergers pour gagner leur pain.

À défaut de satisfaire tous leurs besoins grâce à ce lassant travail de vannière, Khady Ndiaye et ses camarades arrivent tout de même à entretenir leurs foyers.

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