Tunisie: Quand se donner le beau rôle devient inutile

4 Août 2023

Baisser de rideau. Lundi dernier a eu lieu la clôture de la première session de l'Assemblée élue au suffrage universel direct le 17 décembre 2022, et au second tour le 29 janvier 2023. Premières élections législatives depuis l'adoption de la Constitution entrée en vigueur le 16 août 2022. La session avait été inaugurée le 13 mars 2023 et a pris fin ce 31 juillet.

L'hémicycle avait accueilli les représentants du peuple fraîchement élus. La vie au Palais du Bardo avait repris, accompagnée par les contestations des journalistes écartés de la couverture des travaux parlementaires. L'institution législative s'est mise en branle, mettant en place les instances, bureau et commissions, élaborant le règlement intérieur, non sans quelques remous, et se lance dans l'examen des projets de loi présentés par l'exécutif et des propositions de lois soumises par les députés.

Une vie parlementaire « normale » prend alors place dans le paysage. Si l'on se souvient de l'ambiance des parlements précédents. Nous ne pouvons nous empêcher de savourer ce calme, même s'il nous paraît trop plat. Pas de points d'ordre toutes les 2 minutes, pas de suspension de séance toutes les 5 minutes, pas d'insultes, pas de bagarres et point de sang qui coule. L'hémicycle n'a pas fait office de chambre d'hôtel ni de présentoir pour remède miracle contre le Covid. Des députées femmes n'ont pas été violentées, elles n'ont pas arboré un casque d'astronaute non plus.

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L'institution législative a joué son rôle, peut-être avec un rendement en deçà des attentes, faut-il ajouter. Outre le manque d'expérience politique de la plupart des élus, la Chambre des représentants compte peu d'experts, peu d'économistes ni d'éminents juristes. A cause de cela, peut-être, il semblerait que le pouvoir que doit exercer le législateur n'a pas été bien assimilé par certains. Sinon comment expliquer ces appels incessants lancés pêle-mêle à l'adresse notamment du gouvernement ?

Morceaux choisis : les élus appellent au lancement de projets dans les régions, à l'emploi des jeunes, à arrêter les coupures d'eau, à soutenir les agriculteurs, à approvisionner les marchés de produits alimentaires manquants. Et pendant que nous y sommes, à retrouver l'innocence de l'enfance et la jeunesse perdue.

Les députés sont appelés à être au fait des situations qui prévalent dans leurs circonscriptions, et celle globale du pays. Le cas échéant, il faudra organiser, à la prochaine session, donc, des rencontres régulières avec les experts dans leurs domaines respectifs, afin de prendre connaissance des principaux chiffres et des indicateurs de conjoncture. Avant de lancer des revendications raisonnables. Sinon que valent ces appels ? Se donner bonne conscience ou plutôt jouer le beau rôle, apprivoiser les électeurs, leur montrer qu'on sert bien leur cause, en réalité, par de la parlote sans intérêt ni réels effets.

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