Sénégal: Saint-Louis - Le centre d'état civil principal saccagé

3 Août 2023

La ville de Saint-Louis n'est pas épargnée par les manifestations qui secouent le pays depuis l'annonce de l'emprisonnement du leader de Pastef, Ousmane Sonko. Depuis lundi, des mouvements sont notés dans quelques zones de la vieille ville. Le centre principal d'état civil a été complètement saccagé.

(SAINT-LOUIS) - Pas de travail au Centre principal d'état civil de Saint-Louis, ce mercredi matin. Les stigmates des manifestations sur la façade, renseignent déjà sur la cause de cet arrêt de travail. L'endroit, situé au quartier Hlm, dans le nord de la ville, a été mis en sac. Ce mercredi matin, les agents sont présents, mais se tournent les pouces. Pas de travail ! Pour passer le temps, ils se sont regroupés dans le hall à l'entrée et discutent de l'actualité du moment. La politique et les émeutes y ont une bonne place. Dans ce centre, tout a été saccagé, le spectacle est consternant, des débris sont partout, ils jonchent le sol. Les fragments de verre et les cailloux entassés à l'entrée donnent une idée de l'ampleur des dégâts. Un des agents nous fait une visite guidée.

Dans les bureaux, tout est sens dessus dessous. Portes défoncées, fenêtres cassées, tables renversées, chaises fracassées. Le spectacle n'est pas beau à voir. Plus grave, aucun bureau n'a été épargné. Le matériel informatique a été détruit. Des manifestants en colère contre l'emprisonnement du leader de Pastef Ousmane Sonko, ont tout détruit sur leur passage, tel un ouragan tropical. Hamidou Ba, ancien chef du centre, n'en revient pas. Il a déjà de la peine pour ces personnes devant déposer des demandes de documents ou qui doivent en retirer. Il indique que c'est vers 15h, le lundi, quand tous les agents étaient partis, que des personnes encagoulées ont débarqué pour tout détruire. « Ils ont même failli brûler les locaux. La venue rapide de la police a permis d'éviter le pire », a expliqué M. Ba. Une situation qui a complètement paralysé le fonctionnement du service, portant ainsi préjudice à la population de la ville de Saint Louis.

%

Un coup dur pour les populations

De l'avis de l'ancien responsable des lieux, ce centre est le seul habilité à délivrer des actes naissance antérieurs à l'année en cours. Les autres structures secondaires n'en ont pas le droit. « Les registres se trouvent ici, le matériel informatique aussi. Là, on ne peut plus faire la vérification » se désole-t-il. Il faudra donc que les autorités fassent le nécessaire, au plus vite, pour que le service soit à nouveau fonctionnel.

Pour la responsable du Centre principal d'état civil de Saint-Louis, les dommages sont importants. Elle assure qu'ils ont saisi la police car « de tels actes ne doivent pas rester impunis ». Ndeye Anta Cissé pense qu'il y a lieu de sensibiliser les jeunes sur les saccages des centres d'état civil qui constituent un bien commun. Pour l'instant, elle est en train de faire l'état des lieux avec son équipe, pour estimer le coût du matériel perdu. Hamidou Ba revient à la charge pour renseigner un peu sur les pertes. « On avait au rez-de-chaussée 5 machines avec des disques durs et imprimantes. Toutes les données informatiques sont perdues. En haut, tout a été vandalisé ». Les agents sur place s'occupent eux même de la sécurisation des documents, ce qui n'est pas de leur ressort, affirme M. Ba. Ce qui permet de conserver les registres. Pour l'heure le centre n'a pas reçu la visite des autorités de la ville.

Hamidou Ba espère qu'elles viendront s'enquérir de la situation, et aider à redémarrer le travail pour le grand bonheur des populations. Celles- ci constatent d'ailleurs avec tristesse la situation. Elles sont obligées de rebrousser chemin, sans avoir le document qu'elles sont venues chercher. Ce jeune, la trentaine, arrivé en moto, est resté sur place quelques minutes. La mine triste, il est déçu de ne pouvoir récupérer son acte d'état civil. En nous éloignant, un autre jeune nous interpelle : « Madame est-ce qu'ils ont travaillé aujourd'hui à la mairie ? ». Il avait un papier important à récupérer, difficile pour lui d'avoir fait tout ce chemin pour rien. Pourtant, à l'horizon, aucun dispositif sécuritaire, pas de force de l'ordre. M. Ba explique qu'ils ont laissé un numéro au vigile. Mais la responsable du centre, Ndeye Anta Cissé assure qu'une enquête a été ouverte pour mettre la main sur les auteurs du saccage.

Le siège du Pôle Emploi et Entrepreneuriat, situé à quelques mètres du Centre principal d'état civil, n'a pas échappé à la furie des manifestations. Mais ses occupants sont plus chanceux, seule la façade et le poste du vigile ont été touchés. Le travail continue donc sur place. Et pourtant, l'état civil occupe une place stratégique dans le développement de toutes les nations et surtout, dans nos pays, qui n'ont pas maîtrisé intégralement nos données quant aux mariages, décès et naissance.

L'état civil, c'est d'abord une mission régalienne de l'État. Elle a ensuite la particularité d'être l'unique institution qui accompagne le citoyen de sa naissance jusqu'à son décès. C'est dire l'ampleur désagréments notés avec ce saccage.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.