L'allaitement est toujours important, mais dans des environnements fragiles comme à Rhino Camp, un camp de réfugiés, dans le nord-ouest de l'Ouganda, c'est une bouée de sauvetage.
Christine a 31 ans. Une jeune femme du Soudan du Sud, elle berce son petit garçon Alvin et l'allaite sur le perron de sa maison, avant qu'ils ne commencent leur journée. « Je me sens comme la mère la plus fière du monde lorsque je l'allaite. Je sais qu'en l'allaitant, il deviendra un garçon fort, sain et intelligent. Il est mon avenir », déclare-t-elle.
Chaque matin, dans sa petite maison au toit de chaume, elle se prépare avec son jeune fils pour la journée. Avec Alvin, 12 mois, attaché sur son dos, elle se rend au centre de santé local, à quelques minutes de marche de sa maison. Là, elle est accueillie par un petit groupe de femmes, dont la plupart ont de minuscules bébés dans les bras et sur le dos.
Christine vient ici tous les jours, où elle gagne un peu d'argent en tant que travailleuse communautaire, encadrant d'autres mères qui allaitent. Elle est ici pour donner à son fils le meilleur départ possible dans la vie - et pour aider d'autres femmes à faire de même.
Bouée de sauvetage
Christine, ainsi que son bébé Alvin et sa mère, vivent à Rhino Camp, un camp de réfugiés, dans le nord-ouest de l'Ouganda. L'Ouganda accueille plus de réfugiés que n'importe quel autre pays d'Afrique, y compris de nombreuses personnes ayant fui le Soudan du Sud, comme Christine. Plus de 100 000 personnes vivent dans le camp, principalement des femmes et des enfants.
En 2016, alors que Christine avait 25 ans, qu'elle était étudiante à l'université et qu'elle aspirait à devenir enseignante, des rebelles ont attaqué sa ville natale de Yeyi, au Soudan du Sud. Elle et sa famille ont fui dans la brousse, mais peu de temps après, son père a été tué alors qu'il était parti chercher des médicaments pour un membre de sa famille malade. Craignant pour leur vie, Christine et sa famille ont fui vers l'Ouganda et se sont finalement installés dans le camp de Rhino.
Depuis, son mari est retourné au Soudan du Sud, mais Christine est restée. Au Soudan du Sud, les deux tiers de la population sont confrontés à des niveaux de faim critiques, le chiffre le plus élevé jamais atteint, et rien n'indique que la situation va bientôt s'améliorer.
Briser le cercle vicieux de pauvreté
Elle a trouvé une certaine stabilité en Ouganda, pour elle et son fils. Elle s'est déclarée heureuse de la vie qu'elle construit là-bas.
L'année dernière, alors qu'elle était enceinte, Christine est devenue l'une des 13 000 femmes enceintes ou allaitantes (issues des communautés de réfugiés et d'accueil) à recevoir Nutricash. Le projet fournit 48.000 shillings (soit 13.25 dollars) pour répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels et 14.000 shillings (près de 4 dollars) pour l'épargne.
Christine a utilisé une partie de ses économies pour planter des avocatiers et du manioc. Elle envisage de retourner à l'école un jour et de devenir enseignante. Elle espère que ses économies lui permettront de réaliser ce projet. D'autres femmes utilisent l'argent pour acheter des chèvres et payer les frais de scolarité.
« En soutenant les mères qui allaitent, grâce à une aide financière et nutritionnelle et à des conseils, nous brisons un cercle vicieux de pauvreté et donnons à ces mères la possibilité d'envoyer leurs enfants à l'école, d'investir dans leur petite entreprise et, dans un avenir proche, de devenir totalement autonomes », a déclaré Abdirahman Meygag, directeur de pays du PAM en Ouganda.
Aider les femmes à allaiter
Après avoir reçu une formation en nutrition du partenaire du PAM, Save the Children, Christine a commencé à aider les femmes à allaiter.
« Certaines femmes, en particulier les jeunes mères, ont souvent peur d'allaiter. Souvent, elles ne savent pas comment placer leur bébé et veulent abandonner parce que c'est trop douloureux », explique Christine. « Elles ont beaucoup de tâches à accomplir, ce qui les stresse, et elles ne produisent pas assez de lait maternel ».
L'allaitement est l'un des moyens les plus simples, les plus intelligents et les plus rentables de garantir la survie et le développement des enfants. L'allaitement présente de nombreux avantages et peut contribuer à prévenir la mortalité infantile et les maladies de l'enfance.
Chaque semaine, Christine et les membres du Joy Care Group se réunissent dans un esprit d'amitié, pour partager des informations sur l'allaitement et pour se soutenir et se réconforter mutuellement. Les femmes se réunissent à l'ombre d'un arbre, tenant leurs bébés sur leurs genoux, et partagent leurs luttes, leurs inquiétudes et leurs peurs. De temps en temps, les femmes allaitent leurs jeunes bébés.
« Je sais que mon enfant ira bien, et pas seulement le mien, mais celui de tous les membres du groupe. Parce que nous avons des connaissances et que nous nous réunissons, chaque semaine nous en apprenons davantage », ajoute Jemma, membre du groupe.
Nutricash fait partie du programme de protection sociale adapté aux besoins des enfants, financé par la Suède, dans le cadre duquel le PAM collabore avec l'UNICEF et le gouvernement ougandais.
Ce reportage a été réalisé par Deborah Nguyen and Patience Akumu du Programme alimentaire mondial (PAM)