Retourner en Ukraine et risquer sa vie pour passer un diplôme. Cette histoire incroyable, c'est celle de l'Ivoirien Ben Ahmar Koné, qui faisait partie d'un groupe d'étudiants africains ayant fui il y a plus d'un an ce pays sous les bombes. Étudiant en 5e année de médecine à l'université de Lviv, il s'est retrouvé au Mans, dans l'ouest de la France, où il n'a pas pu poursuivre son cursus dans la même filière en France. Il a donc suivi des cours en ligne en Ukraine, et il y a un mois, il a pris la décision d'y retourner pour valider son diplôme.
Il a parfois eu des moments de doute, voire de découragement, mais Ben Ahmar Koné n'a pas reculé. Ce n'était pas évident, car son départ d'Ukraine, il y a un an et demi, avait été un véritable traumatisme.
Avec d'autres étudiants africains, il était parti quelques jours après le début des bombardements russes. « C'était très difficile et pénible, se souvient-il. Nous avons d'abord pris un taxi et après ça, ce n'était plus possible de continuer. Alors, nous avons dû marcher des kilomètres et des kilomètres. Une fois arrivés à la frontière polonaise, les douaniers ne voulaient pas nous laisser passer à cause de la couleur de notre peau, donc on a dû attendre encore trois jours avant de pouvoir passer la frontière et arriver en France. »
Trois jours dans le froid, sans équipement, sans boire ni manger. Ben Ahmar Koné et ses camarades n'étaient pas sûrs de s'en sortir.
Sur le sol français, impossible de s'inscrire en faculté de médecine
Ben Ahmar Koné voudrait poursuivre ses études. Or, l'Ukraine ne fait pas partie de l'Union européenne. Il n'y a pas d'équivalence universitaire. Il est obligé de changer de filière et va donc tout recommencer à zéro. Il est en 1ᣴe année de biologie.
Dans le même temps, il continue ses cours de médecine en ligne : « Tous les matins, je me réveille pour suivre les cours à distance avec mon université à Lviv en Ukraine. » Et cela dure un an et demi, jusqu'au jour où il prend la décision d'y retourner. C'est le seul moyen pour lui de valider son diplôme.
Il a quitté l'Ukraine sous les bombes et il la retrouve sous les bombes
L'étudiant part en juillet, juste pour quelques jours. Au total, cela va durer deux semaines, le temps qu'il passe ses examens. « Il y a eu une nuit où, vers 3 heures du matin, tous les étudiants de la résidence universitaire ont dû se mettre à l'abri en raison des bombardements. J'ai eu peur, mais je n'avais en tête qu'un seul objectif », confie-t-il.
Cela en valait la peine, car Ben Ahmar Koné a finalement réussi ses examens. « Je suis fier, dit-il, d'avoir rendu fiers mes parents. J'ai quitté la Côte d'Ivoire avec un rêve et je viens de le réaliser, je suis diplômé. » Même s'il a encore du mal à réaliser ce qu'il a fait.
Quel est l'avenir pour le jeune docteur Ben Ahmar Koné ?
En France, son diplôme ukrainien ne lui permet pas d'exercer. Ben Ahmar Koné ne s'en formalise pas. Il voudrait se spécialiser en cardiologie. Exercer dans un autre pays... Mais pour l'instant, il travaille dans un magasin de vêtements près du Mans.
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