Afrique: Une intervention militaire pour rétablir Bazoum - Au Nigeria et ailleurs des voix s'élèvent contre…

5 Août 2023

Que va - t-il se passer au Niger si la junte militaire ayant renversé Mohamed ne se pliait pas   aux   injonctions de la Cédéao ce 06 Aout 2023 ? En attendant demain donc   des voix s’élèvent au Nigeria, jusqu’au Sénat, pour demander au président Bola Tinubu, à la tête du bloc ouest-africain, de reconsidérer son éventuelle intervention militaire de la Cédéao au Niger contre les putschistes. Rapporte l’Afp.

Selon cette source, le plus peuplé d’Afrique ont fait valoir leurs inquiétudes alors que la fin de l’ultimatum lancé par la Cedeao aux putschistes se rapproche.

Le 30 juillet, peu après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, le bloc ouest-africain avait donné sept jours à la junte, soit jusqu’à ce dimanche soir, pour le rétablir dans ses fonctions. Tout en affirmant privilégier la voie diplomatique, ils avaient indiqué qu’en cas d’échec des négociations, un usage de la force n’était pas à exclure.

La pression s’est encore accentuée vendredi lorsque les chefs d’état-major de la Cédéao réunis depuis trois jours à Abuja ont annoncé avoir « défini les contours » de cette « éventuelle intervention militaire ».

Rien n’a filtré sur ce plan d’action, mais il y a fort à parier que le Nigeria voisin, première économie du continent et fort de ses avec 215 millions d’habitants, en serait le premier contributeur en termes financiers, humains et logistiques. C’est d’ailleurs son président, Bola Tinubu, qui, en sa qualité de président de la Cedeao, est porteur de cet ultimatum.

Samedi après-midi, le Sénat nigérian s’est réuni à huis clos pour discuter de la situation au Niger, puis a appelé le président Tinubu à « encourager les autres dirigeants de la Cedeao à renforcer l’option politique et diplomatique », d’après une déclaration du président du Sénat Godswill Akpabio à la presse.

« Plusieurs médias nigérians, citant des sénateurs, affirment qu’au cours de cette réunion, la majorité des sénateurs ont exprimé leur opposition à une intervention militaire au Niger. », ajoute l’Afp.  Qui   ne manque pas de préciser que selon la Constitution du Nigeria, « les forces de sécurité ne peuvent être déployées pour combattre dans un pays étranger sans l’aval préalable du Sénat. »

Le président peut cependant se passer de l’accord de la chambre haute dans le cas d’un « risque imminent ou danger » pour la sécurité nationale. Il a alors sept jours, après le début des combats, pour demander son autorisation.Vendredi soir, les sénateurs des régions du Nord du Nigeria avait mis en garde Abuja et la Cedeao contre « un recours à la force militaire sans avoir épuisé toutes les voies diplomatiques », qui aurait, selon eux, « de graves implications » pour le pays.

« Les victimes seront des citoyens innocents qui vaquent à leurs occupations quotidiennes », avait déclaré le Forum des sénateurs du nord dans un communiqué signé par son porte-parole, Suleiman Kawu Sumaila.

En cas d’intervention, même le Nigeria, dont sept États au Nord partagent une frontière de 1.500 kilomètres avec le Niger (Sokoto, Kebbi, Katsina, Zamfara, Jigawa, Yobe et Borno), seraient « affectés négativement », ont-ils prévenu. Ces sept États ont des liens commerciaux et sociaux historiques avec le sud du Niger, avec lequel ils partagent des affinités culturelles, religieuses et linguistiques.

Des grosses inquiétudes au Nigeria…

Les sénateurs disaient également s’inquiéter de voir une intervention au Niger déstabiliser davantage ces régions, extrêmement pauvres et déjà sous le joug de groupes armés, et ouvrir un nouveau couloir d’insécurité avec les pays voisins du Niger, à savoir le Mali, le Burkina Faso et la Libye.

Ces inquiétudes sont également partagées par la plus importante coalition des partis d’opposition du Nigeria, pour qui une intervention serait « non seulement inutile » mais « irresponsable », écrit le Coalition of United Political Parties dans un communiqué publié samedi matin.

« Le Nigeria ne peut pas se permettre de gaspiller ses ressources qui s’amenuisent et les vies précieuses de nos soldats dans une guerre inutile », selon ce communiqué signé par l’un de ses porte-parole, Mark Adebayo.

Que va faire Tinubu qui vient à peine d’arriver aux affaires   et qui commence à mettre en œuvre ses promesses de campagne ?  Surtout qu’au Nigeria le pays continent abonné dans un passé récent au coup d’Etat, la situation sécuritaire dans  le  propre pays reste déjà un sérieux défi pour  les  militaires.

Le Nigeria fait également face à une grave crise économique, qui s’est détériorée depuis la suppression fin mai des subventions sur le carburant. Cette décision du président Tinubu, dont l’objectif est de relancer les investissements à long terme, a fait quadrupler le prix de l’essence et ployer encore davantage la population, dont près de la moitié vit déjà dans l’extrême pauvreté. Sur les réseaux sociaux nigérians, la possibilité d’une intervention est aussi largement discutée : certains se soucient par exemple du sort des 200.000 réfugiés nigérians (qui ont fui les violences jihadistes au Nigeria) installés au Niger, d’autres s’inquiètent d’un afflux de réfugiés nigériens vers le nord du Nigeria, déjà plongé dans une très grave crise humanitaire.

En Guinée Conakry, un autre Etat de la Cédéao, sous transition militaire, des voix   s’élèvent également pour décrier   l’option   militaire   décidée par  des   Chefs d’Etats de la Cédéao.

L’ancien premier ministre guinéen Lansana Kouyaté n’approuve pas la démarche de la Cédéao dans la résolution de la crise au Niger, théâtre d’un coup d’Etat survenu le 26 juillet dernier.  Alors que l’ultimatum lancé par Bola Tinubu et ses pairs expire ce dimanche, l’ancien diplomate de cette institution régionale pense que la Cedeao a faussé l’approche. « Pour le leader du parti de l’espoir pour le développement national, il ne fallait pas employer le mot force dès au départ. », nous apprend africaguinee.com.

« En tant qu’ancien de la Cedeao et en tant qu’ancien des organisations de maintien de la paix, je dois vous dire que ce n’est pas du tout facile. Premièrement, quitter le Pouvoir sans le quitter, ça peut créer des problèmes plus graves qu’on le croit. La garde présidentielle qui a fait ce coup d’Etat était celle du précédent président (Mahamadou Issoufou, ndlr). Le Président Bazoum est du même parti que le président Issoufou, c’est une continuation. Le partant a pris des gardes fous (…). Maintenant, il y a eu des anicroches entre la garde présidentielle et le Président Bazoum. A plusieurs reprises, il voulait s’en débarrasser, ça n’a pas marché parce qu’il y avait une sorte d’épée de Damoclès. Ce qui allait sans dire à qui tirerait le premier. Voilà comment le Président a été renversé. Pourquoi diantre, l’armée a rejoint très rapidement le coup d’Etat ? Analysons cela. Lorsqu’on le fait, on verra les profondeurs de cette crise », nuance l’ancien diplomate.

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