Madagascar: Liste électorale - La CENI regrette les conséquences de la désinformation

Le président de la CENI a donné une interview diffusée sur trois télévisions, hier. Répliquant aux batteries de questions de trois journalistes, il a mis à l'index la désinformation et ses conséquences sur le processus électoral.

Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Une expression qui résume la défense mise en avant par Retaf Arsène Dama Andrianarisedo, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), durant une interview diffusée, hier. Quelques jours après la clôture définitive de la refonte de la liste électorale, le patron de la CENI s'est prêté à l'exercice de l'interview télévisée. Face à lui, trois journalistes. Contrairement au tempérament placide qu'on lui prête habituellement, Retaf Arsène Dama Andrianarisedo, également magistrat, était particulièrement combatif, hier. Visiblement, il s'est préparé à riposter aux multiples attaques dont lui et la CENI sont les cibles depuis le début de son mandat à la tête de cette entité. Le magistrat a, notamment, pointé les conséquences néfastes de la désinfor- mation sur le processus électoral. à l'entendre, cela est particulièrement palpable sur le résultat de la refonte de la liste des électeurs. Les échanges au sujet de la fiabilité de la liste électorale a, en effet, été au rendez-vous d'hier.

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Il s'agit d'un des arguments prisés par les détracteurs du processus électoral, la fiabilité du registre des électeurs a été le sujet qui a dominé le rendez-vous. Les résultats de la refonte donnent du grain à moudre aux détracteurs de la CENI. Il y a, par exemple, le nombre d'électeurs inscrits à Antananarivo qui compte quarante mille de moins que dans la précédente version de la liste. Avec un peu plus de onze millions d' inscrits, l'objectif d'inscrire treize millions cinq cent mille électeurs n'est pas atteint.

"C'est le résultat de la désinformation à laquelle nous nous sommes employées", réplique Retaf Arsène Dama Andrianarisedo . Le magisrtrat déplore que, dès le coup d'envoi, une frange de la classe politique se soit employée à décrédibiliser le processus. Marc Ravalomanana, président national du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM), avait, par exemple, appelé ses partisans à boycotter le processus, avant de se raviser. D'autres personnalités ou entités politiques sont allées jusqu'à marteler l'idée que s'inscrire dans la liste des électeurs ne servait à rien, puisque la joute électorale serait déjà jouée d'avance.

Inscription volontaire

Rares sont les acteurs ou entités politiques à s'être engagées concrètement et de bonne foi, dans la mobilisation citoyenne, pour s'inscrire dans la liste électorale. Comme, par exemple, prendre part à la mobilisation citoyenne. Les opérations de torpillage ont fait effet dans la capitale, de prime abord. à Antananarivo, en effet, il y a eu des scènes où des citoyens ont claqué la porte au nez des agents recenseurs. Par ailleurs, les textes électoraux établissent le principe de "l'inscription volontaire", dans la liste électorale, explique Retaf Arsène Dama Andrianarisedo. "Nous n'avons pas le droit d'obliger les citoyens à s'inscrire dans la liste", regrette-t-il alors. Dans son élan, le magistrat a aussi fustigé l'attitude de la société civile. "Il y a, par exemple, une entité de la société civile qui a obtenu un financement d'un million d'euros pour effectuer une mobilisation électorale. Après, elle rejette la seule responsabilité des faits à la CENI après avoir fait une soi-disant évaluation. Que chacun assume ses responsabilités.

Vous avez obtenu une subvention d'un million d'euros. Pourquoi ne pas commencer par une auto-évaluation de ce que vous avez fait pour amener les citoyens à s'inscrire?", assène-t-il. La messe est dite pour l'inscription dans la liste électorale, note Retaf Arsène Dama Andrianarisedo. Pour la présidentielle, il demande alors aux acteurs politiques et civils, de participer activement à la mobilisation des électeurs pour aller massivement aux urnes, de cesser "la désinformation", et s'employer plutôt à la mobilisation citoyenne pour amener chaque citoyen à s'assurer du bon déroulement du vote. "Et qu'au final, il n'y ait plus de contestation. Pour que cessent les accusations mutuelles. Pour que celui qui sera élu, soit élu. Ou que, si jamais le taux de participation est faible, la seule responsabilité ne soit pas mise sur le dos de la CENI", déclare le magistrat.

"LE NI...NI imposé en 2018"

Membre de la Haute cour constitutionnelle (HCC), durant l'élection présidentielle de 2018, le président de la CENI a fait une révélation durant son interview d'hier. Selon ses dires, "on nous a demandé d'invalider les candidatures de deux candidats, à savoir Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, en 2018. Le débat a été ouvert, mais nous avions refusé de le faire. Ce n'était pas facile de résister à la pression que cela impliquait. Mais pouvons-nous imaginer ce qui se serait passé si nous avions accepté le retrait de la candidature de Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina?", soutient-il.

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